Ben non, pas du tout. Je préfère le vrai cd. Parce que c'est mon principal support pour faire mes émissions radios. Mais il n'y a pas que ça.
La vrai raison pourquoi jamais j'achèterai de la musique en ligne ? Parce que l'on y achète pas réellement une musique, mais qu'on la loue. Cela peut surprendre, mais en fait, à bien lire de près des conditions de “vente”, c'est ça.

Je considère que le support a encore une importance capitale. Sa matérialité certifie un fait : À un moment précis, la chanson était, et elle existait en cette forme.

Qui ne pourrait s'empêcher de ré-écrire des paroles. Suivant les modes, l'humeur ou une évolution politique ? Déjà que des fois cela arrive largement avant la gravure du master... Qui peut se targuer d'avoir l'enregistrement original du « Le déserteur » (de Boris Vian) ? Celui qui finit par

« Prévenez vos gendarmes
Que je serai en arme
Et que je sais tirer.
»
La plupart des retirages actuels de "classiques" d'avant 1980 sont des masters modifiés, le mixage original étant prévu pour le vinyl, il fallait redonner de la dynamique, mais aussi amplifier les basses, ... Quel intérêt ? Avec les mp3, bien souvent de piètre qualité, les lecteurs cd bas de gamme, le grand public n'a pas profité (ou su profiter) du potentiel gain de confort d'écoute. Alors si on se permet de faire ça sur un arrangement et un mixage, pourquoi pas, disons au hasard, remplacer toutes les « Marseillaises » du monde par des textes moins guerriers ?

Soyons paranos et prenons un "classique" de la littérature politique horrifique : « 1984 » de George Orwell. Quel est le métier de son personnage principal ? Il corrige a posteriori des articles de presse, il ré-écrit la mémoire collective pour le compte du Ministère de l'Information. Imaginez ce qu'Orwell aurait imaginé à l'heure du DRM.

Et les serveurs centraux, vous les croyez à l'abri ? Même géré par des multinationales, par des agences pan-nationales ou des gouvernements, ils ne sont pas à l'abri d'une catastrophe naturelle, d'un informaticien incompétent ou d'une coupe budgétaire. Dans le film « Rollerball » (l'original de Norman Jewinson, 1975), Jonathan dans sa quête d'informations, va visiter la bibliothèque centrale de la Terre. Hélas, le cerveau électronique a eu des “vapeurs”. Tout le XVIIème Siècle a disparu de ses banques de données, et donc de la mémoire des Hommes, puisque les œuvres numérisées ont été détruites.

Supposons que j'ai néanmoins succombé, et que j'ai acheté en ligne des chansons. Si je change d'ordinateur, les chansons que j'ai acquises (pardon, dont j'ai acquis les droits pour un usage personnel) sont-elles perdues ? Qui a pris le droit de m'empêcher de copier ces chansons ? Dans quel cadre légal ? Par quels moyens ?

Pour cette dernière question, c'est ce qu'apporte les fameux DRM. En décodé : Un ordinateur qui ne vous accorde pas confiance, puisqu'à tout moment, vous êtes susceptible de faire une action soit illégale, soit nuisant à l'intérêt de ses concepteurs/constructeurs/développeurs/actionnaires/... Déjà que l'usage quotidien de Windows n'offre pas une confiance absolue dans son informatique, je vous laisse imaginer ce que ce concept apporte à la paix dans les ménages !

Je suis un gros consommateur culturel, au sens où j'achète de la musique, et va parfois à des concerts. C'est aussi dans mon secteur d'activité professionnel. Et JAMAIS on ne me fera avaler que les 5 majors sont mals. Il n'y a rien de plus faux : Les chiffres de vente sont continuellement à la hausse, le prix des cd est au même niveau qu'à la date de leur création, et par la même ne se justifie pas.
La meilleure preuve, c'est que les labels indépendants, qui ont relativement plus de frais de production, ont des prix largement inférieurs. Cherchez l'erreur ! Non, la véritable raison de ces majors, c'est qu'elles produisent un produit de masse, que pour ce renouveler, elles sont rien trouvé de plus “créatif” que la télé-réalité, qu'elles aimeraient fortement réduire le nombre d'artistes pour un nombre sans cesse croissant d'albums vendus... et que forcément, un public sans cesse croissant en a marre et se tourne vers les alternatives. Face à une programmation des radios (et des télés musicales) commerciales sans cesse restreinte, les radios associatives ou ultra-thématiques ont une place à se faire. D'où les tentatives des majors pour bloquer leur diffusion sur le net par des droits astronomiques. Heureusement, pour les radios américaines comme Soma FM, ils sont passés de justesse...

Non, la véritable raison de la mauvaise santé relative des majors est tout autre : Comme toute très grosses compagnies, elles ont massivement investi jusqu'en 2001, et se sont toutes ramassées violemment au moment de l'éclatement de la bulle spéculative IT. Elles sont justes pressées par leurs actionnaires à vite refaire des dividendes.