Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-end » du Samedi 11 mars 2006

D'après le jeu « Metal Gear Solid » de Konami (sorti sur Playstation).

Le légendaire Solid Snake est envoyé en mission en Alaska pour neutraliser un groupe de terroristes s'étant emparé du tank nucléaire Metal Gear.

Le jeu de Konami était une mission d'infiltration. Méthodiquement, Snake devait éliminer un par un les membres du groupe terroriste ; il y avait Revolver Ocelot, le pistolero russe, Psycho Mantis le télépathe, le chaman géant Vulcan Raven, la tireuse d'élite sexy Sniper Wolf, et enfin, Liquid Snake, le super vilain partageant étrangement son patronyme avec le héros (hommage au passage au personnage emblématique campé par Kurt Russell dans « Escape from NY » de Carpenter).

Reprenant le graphisme officiel des packagings accompagnant le jeu (pochettes de CD, illustrations, guides stratégiques), la bande dessinée tire sa force de son visuel singulier. Des traces épaisses formées par des brosses, des traits extrêmement expressifs, et des couches de beige, gris et bruns formant des strates ne laissant pas de place au vide, donnent des scènes très stylisées, à la limite parfois de la compréhension. De la BD camouflée en quelque sorte.

Cependant, le lecteur n'ayant pas goûté au jeu sera perdu, au mieux ignorera-t-il les rebondissements et astuces scénaristiques communs à l'univers vidéo-ludique, mais totalement impromptus dans une BD. En effet, il est communément accepté que le personnage incarné par le joueur puisse tomber sur une salle remplie de munitions, mines, ou fusils d'assaut à ramasser, seulement visibles pour le joueur, et servant uniquement à l'aider dans sa partie. Dans la BD, cela ne passe pas, et tombe comme un cheveu sur la soupe.

De plus, le jeu fut pensé par un auteur, Hideo Kojima, qui n'a cessé de remettre en question les notions d'immersion, d'implication, et d'avatar. Le déroulement de son jeu faisait alterner les longues périodes de cinématiques (passages contemplatifs où le joueur est passif) et des séquences en intéractivité totale (les personnages contrôlés par la console ne s'adressent pas à l'avatar, mais au joueur tenant sa manette). Une narration très intéressante à côté de laquelle les auteurs de la BD sont passé complètement à côté. L'intéractivité est par définition réduite, mais un lecteur n'est pas passif non plus !

Pour conclure, une série d'ouvrages qui brillent par leur graphisme étonnant, mais s'adressent avant tout aux joueurs voulant retrouver Snake dans des situations dont ils l'ont déjà dépatouillé auparavant sur Playstation.