Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 20 Mai 2006.

11 Septembre... 1973... cette date ne vous dit rien. C'est pourtant celui de la chute du président chilien Salvador Allende par un quarteron de colonels, dont Pinochet qui deviendra Général. Le premier tome racontait l'histoire d'un Français, François Guillard, établi au Chili et qui va se retrouver persécuter par la junte militaire.

Deux ans plus tard, à Paris, un couple d'artistes chiliens donnent un spectacle pour tenter de sensibiliser l'opinion Française aux crimes de la dictature chilienne. Leur assassinat semble commis par les services secrets chiliens. Un commissaire antipathique est sur l'affaire, et fait appel à Amédée, un policier Français qui a eu le malheur de passer au Chili pour aider son ami François Guillard. Ce dernier est d'ailleurs activement recherché par les militaires chiliens qui manipulent son ancienne amante Ingrid, qu'ils envoient à Paris. Celle-ci n'a pas vraiment le choix car son enfant est otage d'un des camps militaires.

Bon, alors comme ça, ça semble assez compliqué. En fait, c'est pas vraiment ça que je reprocherais au bouquin. C'est pas non plus son ton assez manichéen, un peu complaisant d'un côté et accusateur de l'autre... de quoi ? Je vous laisserez le découvrir car sinon je dévoilerai l'intrigue. Non, de ce côté-là, je trouve plutôt que l'histoire reprend vraiment très bien les recettes du roman noir de l'époque... mais surtout le contexte.

Le lecteur d'aujourd'hui peut trouver peu vraisemblable que des services secrets de dictatures sud-américaines aient pu assassiner en France, sans que les autorités réagissent. Et pourtant, l'opération Condor...
On parle d'une époque où le communisme représentait aux yeux de l'Europe de l'Ouest un vrai danger, la crainte de tomber et devenir une petite province inféodée au Politburo de Moscou. Et à l'époque, l'extrême gauche n'avait rien de pathétique comme une ancienne banquière qui croit encore aux lendemains qui chantent pour 2007, ni d'aussi romantique qu'un facteur à la bouille prépubère faisant sa tournée en vélo dans les quartiers hautement défavorisés et insalubres de Neuilly-Sur-Seine.
Non.
À cette époque, l'extrême gauche, c'est surtout les Brigades Rouges en Italie, les Cellules Communistes Combattantes en Belgique, la Fraction Armée Rouge en Allemagne de l'Ouest, l'Armée Rouge Japonaise... j'en oublie plein, et faut ajouter que Waddie Haddad et Action Directe n'avaient pas encore fait parler d'eux.
Bref, des terroristes qui croyaient sincèrement qu'à coups d'attentats meurtriers et aveugles, on puisse « convaincre le prolétariat de se rebeller contre le patronat ». En clair, l'extrême-gauche était à l'époque réellement vu comme un danger par les autorités et les polices des pays occidentaux. Pas comme politiques, mais comme assassins.
C'est pas une justification ou une excuse que je cherche... mais il est important en lisant cette bd de donner les clés d'une période noire, où l'idéologie politique croyait pouvoir justifier l'assassinat. Des deux des côtés des extrêmes.

Le très gros regret de l'album, c'est son dessin. Un trait assez haché et nerveux qui rend la lecture pas agréable.
Dommage.