Un film d'Alexandre Aja, avec Aaron Stanford, Ted Levine.

Une famille d'Américains moyens quitte l'autoroute pour approcher de plus près le désert. Mauvaise idée, surtout que la première station service est la seule dans un rayon de 300 km, et que son pompiste approvisionne en chair fraîche la famille de mutants cannibales du coin. Bon appétit !

Remake du film de Wes Craven, le film d'Aja place sa famille de dégénérés sous le signe du nucléaire. Le générique, atroce, fait défiler sur une musique des années 50, des vidéos de champignons nucléaires, abîmées et traitées graphiquement, entrecoupées de photos de foetus humains malformés, gros plans sur des pieds anormaux, ou de mains aux doigts difformes. Le décor est planté.

Vient ensuite le portrait de la famille préposée au massacre. Les personnages sont bruts de décoffrage, le choc de générations et les chamailleries rythment les discussions entre parents, frères et soeurs, gendre et beau-père. La mise en scène s'attarde sur l'intérieur de la caravane, fixe les objets et lance le processus d'identification sur des personnages crédibles. Aiguillée vers un faux raccourci par le pompiste, la famille se précipite dans un guet-apens orchestré par les cannibales. On est loin ici du film d'horreur contemporain. Le film est sec, sanglant (à la mode des années 70). Sans effet numérique, ni éclairage sophistiqué. On ressent la fatigue des personnages, on étouffe quand ils respirent la poussière, on est gêné par les coulures de sang dans les yeux. Le film est sale. Les filles ne crient pas comme chez Hitchcock, ce ne sont pas des stars de magazine. Non, leurs cris sont étouffés sous l'effet des chocs émotionnels, de la surprise et de la peur. Et c'est aussi ça qui est frustrant. A part le déchaînement physique à la hache du final, et l'explosion salvatrice, toutes les scènes sont vécues en dedans, les protagonistes subissent, sont choqués, et ne peuvent réagir comme on l'attendrait d'eux dans un film plus granguignolesque.

Rythmé par des riffs de guitare secs, répétitifs et sans fioriture, la tension est maintenue grâce au caractère inattendu des agresseurs, à la fois humains et prédateurs, réfléchis et bestiaux. Certes, si la mise en scène n'évite les effets faciles de passages soudains devant la caméra, elle a le mérite de se faire oublier sans tomber dans la mollesse. « La colline a des yeux » fait également la part belle aux acteurs, tous excellents, notamment Ted Levine en policier à la retraite, et surtout Aaron Stanford (« X men 2 et 3 »), méconnaissable en commercial de portables, barbu, cynique, et papa gaga de sa petite fille.

Le film d'Alexandre Aja joue sur le credo de l'horreur liée à la frustration, présentant des personnages plus passifs que d'habitude. Pas d'héroïsme de dernière minute, pas d'ado enragé proférant la sempiternelle blague du meurtre du boss, ou d'affreux psychopathe empalé dans une ultime image expiatoire surcadrée. C'est brut, et c'en est d'autant plus effrayant. A déconseiller aux âmes sensibles !!