Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 14 Octobre 2006.

C'était le 10 Octobre 1981 que la peine de mort était enfin abolie en France. Et 25 ans après jour pour jour m'arrive dans les mains cette fiction japonaise, où dans cette fiction ce pays très conservateur mettrait fin lui aussi à cette pratique barbare. Amnesty International reproche régulièrement d'ailleurs le sort absolument inhumain dans lequel sont détenus les prisonniers japonais condamnés à mort. Quand dans les premières pages, on parle de l'état de quasi-animalité, la réalité en est très probablement proche. Le prisonnier est déshumanisé en n'ayant le droit de ne répondre qu'à son matricule, un numéro plutôt que son nom, là aussi on est probablement dans la réalité.

Le protagoniste principal n'est pas maître de son corps, de son identité et encore moins de ses pensées, puisque le programme pilote consisterai à lui donner une liberté relative, mais vénéneuse : « À la moindre pensée violente, on le tue ». En voilà un raisonnement simpliste, radicale, dangereuse et inapplicable par la singularité du sujet d'expérience.

Car le détenu matricule 0-4-2 (prononcé en Japonais cela donne un autre sens) est un meurtrier, un homme qui en a tué 7 autres, lors de combats clandestins. Mais il a été en fait victime de l'engrenage de la mafia.
L'incroyable froideur avec laquelle il a tué font de lui le sujet idéal pour cette expérience pilote qui pourrait enfin mettre fin à la peine de mort. Une puce implantée dans le cerveau, capable de déceler des pensées morbides, et de les corriger en explosant. Et pour pouvoir juger de la validité du système, on fait travailler le détenu 042 dans un lycée, en homme-a-tout-faire, et surtout en tant que jardinier. Évidemment, la présence d'un tel homme provoque des rumeurs, des suspicions voire de la haine. C'est le risque, et c'est pour voir s'il est capable de se réinsérer dans une société en tant que lobotomisé. A vraie dire, dans sa vie passée il a tellement souffert, qu'en jardinant, il découvre enfin la paix intérieur. Et que le sort d'une lycéenne aveugle, la seule qui ne le fuit pas, ne le laisse pas indifférent.
Mais en tant que sujet d'expérience, il est continuellement surveillé, suspecté, observé. La seule émotion réellement sincère qu'il éprouve enfin pourrait lui être fatale.

Cette histoire reste une fiction, une anticipation et appartient par la même à la science-fiction. Celle où l'on pourrait analyser électroniquement la pensée d'une personne, en lui ayant implanté une puce dans le cerveau.

C'est parce qu'il ne peut être qu'une fiction qu'il ne peut avoir la même force que la série « Say hello to Black Jack » qui avait à l'époque provoqué un immense tollé sur les conditions des étudiants en médecine. Vous imaginez, une manga qui a fait plier le gouvernement et a conduit à des lois... « Détenu 042 » n'aura pas ce destin, mais il véhicule une émotion forte, jusque dans sa jaquette, embossée en braille.