Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 10 Novembre 2007.

Vos légers découverts vous ont mis rouge avec votre banquier ? Vous avez un petit peu tiré sur toutes les cartes de crédits ? La cofinograve, la médialis, la auroro, la cétélaide ? La tante a beaucoup de vous au clou  Vos parents et vos amis tapent à votre porte comme des huissiers de justice ? Bref vous savez plus où encore emprunter de l'argent ?
Pourtant, c'est encore possible ! Au Japon, il suffit d'aller chez un yamikin.

Comme Ushijima, le protagoniste de cette série. Il a un bureau, avec une charmante hôtesse et vient de recruter son troisième assistant Takada. Une petite officine qui paie pas de mine, et qui peut instantanément vous prêter des petites sommes. Ooooh pas beaucoup, environ 50000¥ (300€). À un taux légèrement prohibitif : 50% sur dix jours. Ah ben oui, mais c'est de l'argent qu'on peut toujours emprunter, ce qui n'a pas de prix quand on est surendetté.

Un personnage qu'on commence par nous montrer froid mais finalement sympa... puis cynique mais sincère, mais en fait, un gros un très gros salaud.
Parce qu'un yamikin a beau avoir un bureau, il n'a rien d'officiel. Les fonds de Ushijima lui ont été prêtés par une riche astrologue, via les yakusa. Donc il fait parti du crime organisé, institutionnalisé, mais jamais inquiété par les autorités.
Et ça, Takada le découvre dès son premier jour quand il voit un des emprunteur séquestré à poil dans le bureau, et l'arrivée des femmes au foyer en manque de fric qu'Ushijima appelle ses “esclaves”.

Mais finalement qui sont les victimes des yamikin ? Chaque histoire raconte le destin d'un de ces surendettés. Mais aussi de leur contradictions financières. Et là, on découvre la faillite d'une société basé sur la réussite sociale, sur les apparences et un respect irrationnel d'une hiérarchie castaire. De gens qui jouent jouent et jouent encore aux pachinko (des machines à sous, sortes de flippers verticaux), alors qu'ils savent pertinemment qu'ils y sont perdants. Des femmes ordinaires qui préfèrent noyer leurs soucis dans l'achat compulsif de vêtements de luxe, dilapidant le salaire de leur mari qui ne fait jamais ses comptes. D'autres qui vivent largement au-dessus de leur moyens par frime ou pour garder un rang social supposé. Bref, un situation financière qui n'aurait jamais dû basculer s'ils avaient été soutenus, conseillés, aidés, écoutés. Au lieu de cela, ils sont tombés dans l'irresponsabilité financière et l'exclusion de la société de consommation.

Ces esclaves de leurs dettes sont les jouets des yamikin, qui trouveront toujours un moyen de se payer sur leur tête, d'avancer encore le remboursement de leurs intérêts, ce qui en fait de très juteux investissements, corvéables à merci. Le glauque est là quand on commence à tomber dans le trafic bancaire, la prostitution, la revente de drogue,...

Visiblement, le business est juteux car Ushijima est loin d'être le seul à exercer cette profession de l'ombre. La seule différence avec le métier de banquier, c'est qu'il faut montrer les crocs. La criminalité de rue est très faible au Japon, mais la criminalité organisée est parfaitement intégrée dans la société.

Une manga qui vous mettra aussi mal à l'aise que les agios de vos découverts. Une claque.