Radio <FMR>, radio associative tendance underground et agitateur Toulousaine, fête cet automne ses 30 ans. C'est là que j'ai fais mes premières armes en mass-media en 1993, et c'est de là que nous produisons en direct tous les Samedis au moins 1h30 de Supplément Week-End.

Notre studio principal a été rénové cet été par Audiotec et de joyeux animateurs bénévoles, et encore une fois je n'était pas dispo. Ahem...
Thomas Berthelon, complice du Supplément Week-End a profité qu'on soit la première émission à inaugurer la nouvelle régie finale pour faire quelques photos avec son smartphone « tant qu'il n'est pas abîmé, autant s'en souvenir ». C'était le 3 Septembre et il ne croyait pas si bien dire : La semaine d'après, les services de la voirie ont sablé la façade de l'immeuble pour retirer les graffitis. Évidemment sans prévenir. Et évidemment, alors que les fenêtres étaient ouvertes pour aérer les odeurs de peinture. Du matériel d'un petit média associatif déjà abîmé grâce à l'incroyable efficacité des agents de terrain de la Mairie de Toulouse, qui n'aime pas les voix discordantes.
Ils se sont jamais excusés. On voit qu'on dérange ! La radio de punks à chiens va voter à droite faute d'excuses...

Attendez, je crois que le principe d'un attentat est de ne jamais s'excuser, non ?

Bon, revenons à ce samedi-là... Un studio radio est normalement partégé en deux secteurs : Le côté régie et le côté animateurs. Thomas est un animateur. Voici son point de vue :

Il apprécie énormément de parler dans des bonnettes propres. La sienne a désormais le parfum euuhh... bleu. Dusport s'assied usuellement en face de lui, et porte désormais la couleur verte. Un plan général de la table animateurs :

Deux énormes changements pour nous : plus de tablette surélevée au milieu, et derrière chaque pied de micro, une prise casque avec son bouton de volume. Avant, on utilisait un rack, avec les casques branchés derrière, ce qui était très pénible pour régler les casques invités en cours d'émission. Puisque je suis en train de comprendre comment marche la nouvelle régie, passons à l'autre côté :

Il y a douze ans, Frédéric “Doc Livingstone” Alstadt et moi-même avions jeté notre dévolu sur la table de marque Airlab. Plus solide et plus facile à entretenir que la vieille Power Broadcast de 1984 (!) dont j'avais rédigé un manuel. La table AirLab est la référence actuelle en radio, elle est aussi utilisée par Libération et le Podcast d'Écrans.fr, avec la même config et les mêmes traitements que notre nouveau studio. Les deux “faders” avec le capuchon rouge en bas sont la grande nouveauté de notre nouvelle config : deux lignes téléphoniques insérables dans le direct. Peut-être la fin des galères à utiliser le smartphone pour avoir un son correct.
Vous ne voyez pas deux petites régies asservies pour les configurations musicales, ainsi que tout un dispatch vers le studio de pré-production (celui où nous avions tourné notre parodie), vers le feed musical (le programme dit “nocturne”) et les studios de Radio Booster.
Vous noterez au fond mon jouet ultraportable, un Asus EEE PC 701, 4Go de “disque dur” (yeah, quatre !), mais c'est lui qui tient quasiment l'intégralité des habillages, virgules, fonds sonores routiniers du Supplément Week-End. Au prix auquel je l'ai payé, un investissement que je ne regrette pas. Nous comptons passer néanmoins la flotille PC gérant le son de la station sous Rivendell. Si y'a des gens qui veulent bien nous aider à le déployer et à le repackager (les paquets Ubuntu sont très vieux, hélas), parce que le pauvre Olivier Hag de l'Onde Miroir s'y casse les dents...

L'autre nouveauté n'est pas normalement accessible aux animateurs bénévoles :

... mais tout le monde en profite, puisque ce sont des traitements de sons sur chaque micro (compresseur/expandeur). Ce qui me simplifie largement la tâche pour gérer les voix de chacun : Quand ça crie, ça ne sature plus, et les voix timides sont remontées. C'est très impressionnant d'ailleurs, car le réglage adopté est assez généreux et repêche tout son ténu devant les micros. Avoir du monde qui ne participe pas à l'émission dans le studio est donc encore moins envisageable.
Personnellement, je l'aurais rendu moins sensible pour avoir plus de dynamique et mieux jouer mes ambiances.

Allez hop, on prend du retard, il est midi, passons au direct.

C'est la première fois en 30 ans que nous avons enfin un vrai “rouge antenne”. Jusqu'ici, c'était un bricolage maison avec un relais sur la table de mixage, et une lampe-tempête avec une ampoule de guirlande de foire. Le truc foireux, quoi.
Là, c'est un (bel) objet pensé en tant que tel, et c'est clairement écrit dessus : Quand il est allumé, ceux qui n'ont rien à dire doivent la boucler.
Pour l'horloge Gorgy, on va rester à la bonne vieille montre à aiguille, hein...

1h45 d'antenne plus tard. Philippe “Kinou” Pitet, Grand Ancien qui supervisait la reconstruction du studio, en profite pour demander mes impressions. Outre qu'évidemment, le son diffusé était un peu écrasé car je n'étais pas encore habitué aux nouveaux réglages (j'ai fait un effort énorme Samedi dernier, vous vous en rendez compte à la 3ème minute). On a aussi eu droit à une erreur de cablage. Là :

Une petite erreur de logique de câblage, ce qui faisait que quand je travaille en cue, c'est-à-dire que je vérifie mes disques en pré-écoute, cale un jingle, étalonne ma sortie par rapport à la réception en FM, ben ça allait plus loin que mon casque, ça allait directement côté invité, d'où les silences interloqués de Thomas qui ne comprenait absolument pas ce qu'était la bouillie sonore qu'il entendait.
Kinou négocie un moratoire sur le chantier :
« Xavier, tu le rebranche comme c'était, y'a Audiotec qui repasse Mercredi pour corriger ces pétouilles... »

Changeant de plateau, Dusport apprend donc toutes les petites nouveautés en express, le temps du générique, et qui enchaîne sur 1h30 d'émission. Et mine de rien, il a du courage... parce qu'après une émission, je suis littéralement vidé. Écrire, produire, réaliser, présenter, ça demande une énergie monstre, surtout après une très grosse semaine dans les pattes...
Sur le pied de guerre depuis 7h du matin, j'ai qu'une envie, une grosse sieste.
Il est 14h.

Toutes les photos © Thomas Berthelon pour Radio <FMR>