That's how we sell gizmos in California, USA

Nous nous étions préparés, solidement documentés, chauds comme la braise ce soir-là chez Epitech.
L'événement Google I/O à destination de sa communauté de développeurs s'ouvrait sur une gigantesque machine infernale. L'horloge à boules donnait le décompte avant d'envoyer dans le décor une grosse de bowling.

Note : 18 minutes de mire, et pas de son avant 3 minutes après le début. On a eu pareil.

Mais en soit, rien de franchement phénoménal ne devait y être annoncé pour le Grand Public : On était là pour parler surtout technique et gizmos qui vont avec. Si vous ne comprenez rien de rien à HTML5, que vous n'êtes pas prêts à apprendre à coder une appli Android (avec Androsium), vous risquez d'être perdus à la lecture de ce compte-rendu.

Moi, je m'en fous, j'étais là pour troll twitter, goûter aux pizzas et démontrer KDE Connect :

D'abord un nouveau style d'interface pour la prochaine version d'Android. Désormais, les boutons du bas seront   .
Oui, moi aussi, ça m'a choqué : il manque × pour que Sony soit heureux de leur faire un procès.

Google continue dans son optique connectée avec sa gamme Google Wear. Après les Google Glass, les Google Watch, et notamment une montre avec un écran rond, preuve des avancées de Sharp dans la production de dalles non carrées.
Cela reste un gadget coûteux, très coûteux. Les applications proposées comme la biométrie n'en valent pas forcément le prix, et pouvoir consulter la recette de cuisine avec sa montre ne passera pas le test pratique quand vous aurez les doigts plein de farine. Et il faut toujours recharger toutes les 24 heures, n'en parlez pas à Jack Bauer.

Trouble-fêtes

Deux interruptions dans le public par des “anti google”, ou plutôt des personnes qui posent la question du rôle social de Google et de son slogan Don't do evil. n'ont pas apprécié l'acquisition de Boston Dynamics. Je dirais qu'ils ont raison : on parle du rachat d'une entreprise qui construit des dispositifs militaires, des engins de guerre. Faute d'une communication claire sur son avenir moral, Google fait peur.

La privatisation des API système continue

Et je me demande de plus en plus ce qu'il va rester dans l'Android Open Source Platform. Apple aussi avait ouvert l'iOS et MacOSX, mais maintenant, vous ne trouverez pratiquement plus grand chose concernant les versions modernes.

Pour me faire l'Avocat du Diable (but he doesn't do evil), je plaiderais que ce mouvement est logique. Il est dû aux péchés originaux de la plateforme Android : impossible de pouvoir facilement faire migrer la majorité l'écosystème à la dernière release de l'OS, contrairement à Apple. Les appareils sont souvent encombrés de surcouches constructeurs (Samsung en tête), opérateurs (hein Orange et SFR), et maintenant applicatives (Facebook).

Donc une partie des API importantes ne sont plus dans les parties open-source d'Android, mais dans des applications Google, le framework Google Play Services, actuellement déployé sur 93% des terminaux. Couplage fort en vue, moins d'expérimentations intéressantes ? Là où une app comme Focal fait bien mieux que la plupart des applications d'appareil photo par défaut, ben ce choix alternatif risque de disparaître. Résultat, si vous installez une ROM alternative comme CyanogenMod pour libérer votre gizmo, il est plus que probable que vous installerez rapidement Google Play et les applications Google de base.

Fail.

La conquête du prochain milliard de devices

Un milliard d'appareils tournant sous Android actuellement en fonction (je ne compte pas les tablettes no-name qui calent vos commodes).

Le prochain milliard, tout le secteur le sait, il sera dans les pays en voie de développement.
Google l'a donc clairement annoncé hier qu'il y lancera un smartphone à 100 $. Par là-même, il tente donc de chasser sur les terres promises à Firefox OS et Tizen. Non, sans rire, Microsoft ne peut proposer de Windows Phone décent dans ce prix-là, et l'activité feature phone de Nokia va donc péricliter.

Des pays où les téléphones à double carte SIM y sont très populaires. Forcément, Google va donc proposer le double compte Google sur les appareils, ce qui amène enfin la possibilité de différencier sa vie privée de son activité professionnelle. Effet de bord très bienvenu.

Le retour de la Google TV

4ème lancement.
Va-t-il enfin voler ?
A-t-il une chance de commencer sérieusement en France ?
Ce segment de la conférence avance, un panneau annonce une vingtaine de partenaires industriels, et dans le lot on notera 2 FAI Français !
Bouygues Télécom et SFR
trouveront là le moyen de sortir rapidement une box triple-play puissante, puisque les actuelles avaient été ridiculisées par la Freebox Revolution, et ceci malgré un investissement conséquent. BouygTel encombré d'une interface flash très vieillissante, SFR d'un manque d'applications tierces. C'est encore plus drôle quand on sait que la Freebox Revolution était annoncée officiellement quelques mois après les premières Google TV, et, selon certaines rumeurs parisiennes, devaient même embarquer la Google TV.

Oui, mais la première Google TV était très mal conçue : Basé sur le navigateur Chrome en plein écran, il accusait déjà deux ans de retard par rapport au navigateur qu'on pouvait installer sur son PC. Y développer une belle interface était si pénible qu'on arrivait à un résultat bien plus probant en Flash.

SFR/Numéricable et Bouygues Tel se préparent une très belle nique à Free (ils n'attendaient que ça), faisant valoir de plus leur meilleure connectivité vers les services de Google.
Et Google lui-même va enfin pouvoir s'installer ans le pays qui a inventé le triple-play ADSL et où ni Google TV, ni AppleTV n'ont jamais pu s'implanter, s'assurant un parc d'abonnés plus que conséquent.

Coding in the cloud

La démonstration de l'offre d'hébergement de services par Google avait du mal à démarrer, effet Bolnadi oblige, mais elle valait l'attente.

Écrire du code dans n'importe quel langage à partir de son navigateur ? Oui on peut, on a des IDE complètes, souvent basées sur l'excellent éditeur Ace de Cloud9 , comme par exemple chez GitHub.

Éditer, compiler, déployer ? plus rarement.

Éditer, compiler, texter, déployer mais aussi faire du débug dans une console, toujours dans votre navigateur web, en posant des breakpoint ? Et ben là, ils ont fait hier la démonstration et nous étions bluffés.

Mais pas pour tout le monde car à Toulouse, la tireuse à biaires venait d'ouvrir. Ou le foot ?

Le HTML5 en force

Et à un point qui est surprenant : Android suit la voie inverse d'iOS. Au sens qu'au lancement d'iOS, aucune application n'était installable donc tout devait être fait en HTML5. Android lui, était prévu pour installer des applications d'entrée, mais en concevoir les vues, l'aspect de l'interface, tourne au cauchemar car il faut prévoir un code spécifique pour pratiquement chaque dimension d'écran existante. Mais, par les joies du Responsive Web Design, en intégrant une page html directement dans votre application, ce que l'on appelle une WebView.
Dans les annonces d'hier, Android pousse de plus en plus vers HTML5 et pas que dans WebView.

Énormément d'API montent dans le navigateur web, mais aussi l'arrivée en force des web-components. En résumé : Polymer va ainsi proposer les éléments d'interface du système Android transposés en HTML5 et en web-components. Ce sujet mérite un article complet, donc je le traiterai de manière approfondie la semaine prochaine.

Depuis 6 ans, des gens très futés tentaient de faire des interface à la iPhone en HTML. La raison est que l'interface utilisateur a été énormément travaillée par des graphistes et des ergonomes et qu'elle possède sa propre logique. Mais jamais Apple n'avait proposé d'implémentation officielle de ses guidelines UI, et bien souvent, ces implémentations sont complètement foireuses, je pense notamment aux extensions “mobile” Wordpress pénibles et peu lisibles au final.

Google va donc proposer son interface Android en web-components standards, et en plus via Polymer, donc non limité à Chrome, mais compatible Firefox, Opera, Safari et même MSIE9.
C'est très important car cela sonne enfin le glas des frameworks css monolithiques à la Foundation et surtout (kooff koooffff) Bootstrap. Nous allons donc très sérieusement y gagner en professionnalisme et en qualité d'interface pour nos applications web. Et Google offre aussi par là-même un moyen efficace de faire tester son univers mobile à tous les utilisateurs du web. C'est aussi une ouverture publique d'une partie du code-source.

Petit bémol pointé par Steve Faulkner dans son twit : il y a encore des efforts à faire en terme d'accessibilité, ce qui est plutôt primordial dans le web.

Et sur place

Outre la retransmission de foot qui n'a intéressé qu'une demi-douzaine de masos, les boissons, pizzas, charcuteries et fromages fins, une douzaine de startups ont pu présenter leurs activités comme Unitag, Androsium (de circonstance) et le très prometteur Jukast.

On a eu droit à de belles démos technologiques, mais c'est une fois de plus le bac-à-sable interactif de Science Animation qui a attiré ces grands enfant de devs hardcores. Internet des Objets, mais bien sûr ;)

La blague de la soirée

Les participants de la soirée IO Extended à Epitech Toulouse pouvaient gagner des goodies sur un concours de bits. Euh pardon de retweets.

J'ai stratégiquement axé mon sujet sur le chiffre des 93 millions de selfies par jour dans le monde fait avec un gizmo android.

Que j'ai gagné… d'une courte tête face à Lisbé, sur une immonde faute d'anglais. J'étais mortifié quand je m'en suis rendu compte 30mn trop tard.

Et pas peu fier en brandissant mon Galaxy Tab 3 tout bô qui d'ailleurs, n'est pas vraiment le mien, c'est un outil de développement HTML5 fourni par Intel. Avantage : j'ai un numéro de helpdesk aux US. Hello IT ?
N'empêche… une prise électrique américaine ^^, mes toilettes Toto vont se sentir moins seules sur mon transfo 110V/60Hz de salle de bain.

Milles mercis à tous !

À Intel et BeMyApp France pour le superbe cadeau, au Toulouse Android UG, as usual à l'Epitech Toulouse pour leur accueil et surtout à Julien Del Rio qui était dans la salle de conférence à San Francisco et qui visiblement n'arrêtait pas de pouffer de mes blagues twittées sous les regards intrigués de ses voisins américains.