Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 10 Février 2007.
Innocemment, dans son format de BD 48 pages format A4 cartonné, avec des couleurs saturées et un dessin stylisé, on ne croirait pas que cet album est une œuvre subversive, capable de faire d'immondes ravages auprès des ados, massacrant leur philosophie de vie uniquement basé sur la mode, le paraître et la popularité entre élèves. Oui, les « Nombrils » s'attaque à la lutte des classes.
Jenny et Vicky sont deux adolescentes, de purs produits de la société de consommation, de consentantes victimes de la mode dont la seule lecture politique est celle du salon de coiffure, des garces terribles, qui se croient belles à coup de vêtements hors de prix... Deux lycéennes sans un seul once de réflexion, d'intelligence, ou même d'humanité. Ces « Nombrils » ne vivent que pour être vues par les garçons à la condition expresse qu'ils soient, beau, riches, beaux... riches... et disponibles rien que pour elles. (Plus exactement, l'une d'elles)
Dans vingt ans, ce seront des épaves ruinées par des sociétés de crédit revolving. Mais pour l'immédiat, elles sont au lycée.
En attendant, l'essentiel de leur vie, outre de draguer John John parce qu'il a une moto, se consacre uniquement à pourrir la vie d'une fille qui croyait être leur amie. La pauvre Karine est trop grande pour trouver des vêtements de mode qui lui va, elle est moche, manque de seins, et un poil naïve... Et Jenny et Vicky sont suffisamment vaches pour lui faire croire qu'elles sont ses meilleures amies. Allant jusqu'à tout faire pour lui saboter sa vie amoureuse, sa réputation, son moral. Et les mots peuvent faire très mal, surtout à l'adolescence, tranche d'âge très propice aux idées de suicide.
Heureusement pour Karine, les deux cruches sont plus connes que franchement dangereuses. Futiles, ne voyant pas plus loin que l'étiquette des fringues, leur propre bêtise les ferrent dans d'ubuesques drames, des catastrophes propres à ruiner leur réputation et leur amour-propre. Sauf qu'au lieu de les retenir pour se préparer à leur vie d'adulte, ces leçons ne rentrent jamais dans leur petite têtes, toujours préoccupées par leur réputation plutôt que par exemple, le bac. Comme en plus, il arrive fréquemment que Jenny et Vicky se font des crasses entres elles, Karine a quand même du répit pour se montrer plus matures qu'elles.
C'est absolument ignoble, infect, sans pitié. Mais alors, qu'est-ce que c'est marrant.