Je vous parlais hier de la puissance des autocollants sur les capots d'ordinateurs portables.
Reprenez cet article, remplacez sticker par badge et ordinateur par vêtement. Vous verrez, ça marche presque pareil ! La différence, c'est que vous pouvez ne pas les arborer en permanence, et donc correspondre plus à un contexte. Eh ben au dernier Paris Web, j'ai voulu aller plus loin : à la fois support de conférence, performance scénique et expression de compétences et de valeurs.
Et comme j'ai toujours été attiré par le concept de vêtement intelligent.

Aujourd'hui, je vous explique pourquoi j'assisterai à ce Sud Web en veste militaire “arrangée”.

Internet est en guerre

Contre des super-puissances militaires, contre des groupes terroristes, contre de très grandes entreprises, contre des partis politiques, contre des corporatismes inquiétants, contre des organisations mafieuses.

Je dois rappeler à mes confrères que nous sommes des victimes collatérales. Pourtant, nous avons la puissance de nous défendre. C'était l'idée que je voulais passer dans ma conférence au dernier Paris Web.

Or, je me disais que présenter une tête de zapatiste comme Jérémie Zimmermann ou des cravates de vendeur de caravane comme Benjamin Bayart soit raccord avec l'image que je souhaitais laisser, Je me voyais encore plus mal dans un cosplay mash-up des deux. En fait, je voulais plus répondre au concept de cyber warfare (guerre numérique), à CE genre de photo :

L'Amiral Michael S. Rogers, directeur de la NSA.
Source : la NSA elle-même, image libre de droit

J'ai donc eu l'idée de confectionner ce support de conférence bien particulier.
J'en avais fait le buzz, mais je n'étais pas très sûr de son impact, à savoir s'il allait bouffer mon discours, ou le ridiculiser. Mais il fallait le faire pour la France
Si j'étais encore intimidé de le porter dans le Très Saint Palais Brongniart, mes doutes se sont dissipés quand j'ai enfin croisé IRL Daniel Glazman : « Ah Xavier ! Enfin je te… Oh woah, tu claques ! »

Touché ! *

* en Français dans le texte

Les pistes

Un t-shirt, c'est bien beau, mais la place est limitée.

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Anonyme arborant un t-shirt fortement revendicatif. À Paris Web, le fou.

En pratique, on ne voit qu'un seul t-shirt à la fois. On peut évidemment jouer sur la durée et le changement régulier de t-shirts, mais les personnes qui ne vous voient que rarement, et en général en hiver, auront moins d'informations sur vous par ce biais.

Le très élégant Thomas Parisot a une solution intelligente, mais dont je n'ai pas pensé à immortaliser : Notre très swinging londonien met ses badges sur la lanière de ses sacs. Ici, une photo issue du premier Sud Web où il arborait déjà sa bretelle à épinglettes.

J'ai un blouson Celio Sport en nylon, très léger qui avait la propriété de bien isoler de la pluie, de laisser passer la transpiration. Il se plie très bien dans un sac et se déplie sans être froissé . Il a un très chouette design et de faire encore plus cosmonaute quand j'ai collé un magnifique patch Firefox. Mais à force de le porter, il s'est usé. Je l'ai donc “retiré de la circulation”. Et le tissu (polyamide pour l'extérieur, coton pour la doublure) se marque très vite en portant des badges et des pin's. Malheureusement, il n'a jamais été ré-édité.

D'ailleurs, si quelqu'un a ce genre de patch Firefox ou autre, je suis preneur, sinon, il faudra que je le ^+X , ^+V en découpant et recousant. Pas génial.

Mes inspirations

Les romans cyberpunks de William Gibson, les médailles de vétéran de jeux vidéos, les uniformes des cyber-militaires du Pentagone et bien évidemment celles des haut-gradés de n'importe quelle dictature fascistes ou/et communistes.

Les palmes académiques revenant à ces hiérarques de la République Démocratique de Corée, dont les batailles gagnées vont jusqu'aux genoux.

À ce sujet, savez-vous ce qui peut vous coûter de ne pas porter un badge en Corée du Nord ?

Ingrédients

Pour ce qui est des matières premières, ce fut facile : j'avais depuis un bail ce treillis urban/hiver acheté dans un surplus militaire à vil prix. Costaud, épais, en coton, il est aussi juste assez rigide pour porter le poids des badges, et un peu chaud. Je le mets surtout pour rappeler à cette immonde radio de gauchos que je suis leur caution de droite.

Ici, avec le Präesident Diktator Generalovitch de Radio FMR, son Fondatorissime Philippe Frézières en 2006.

J'ai démonté deux claviers après les avoir violemment psychanalysés. Je comptais utiliser les touches comme médailles amovibles et mettre des messages rigolos. Mais vu le travail pour tout monter, j'ai préférer abandonner.

En farfouillant dans mon fourbi de pièces détachées à gauche après la caisse du chat, j'ai trouvé de la nappe IDE et de la barrette de RAM.
Une barrette de RAM par épaule risquait de faire trop long, et surtout, je n'avais qu'une seule barrette. On l'a coupé à la sauvage au Tetalab. Une barrette standard est composée de 8 puces. 8÷2 = 4, cela donne le grade de Commandant. Je les ai monté sur des nappes IDE, dont je montre le connecteur, la partie coupée est caché sous le col de la veste et ça tombe bien car la nappe a tendance à rester courbé si on l'a plié.

La plaque nominative est en fait une bête plaque de portier sérigraphiée chez le cordonnier. C'est propre, exactement aux dimensions de celles des généraux américains et le verso est autocollant.

Évidemment, les magnifiques skull-badges conçus par Snootlab pour l'édition 2012 du THSF devaient avoir une place de choix : la place des écussons sur les avant-bras. À mon grand malheur, j'ai malencontreusement grillé la programmation des puces, ce qui fait qu'il n'y a aucun effet dessus, ni le zombie tag-game, ni le mode démo. C'est vraiment dommage.

La plaque, les épaulettes et les écussons d'épaules sont montés sur scratch pour pouvoir passer la veste en machine sans bougner les décors, ou pour faire plus “discret” dans les transports en commun.
D'ailleurs, le fait d'avoir monter en scratch les épaulettes et écussons d'épaules permet d'envisager de les interchanger. Le fait de mettre aussi la plaque d'identité me permet de le louer à des comparses psychopathes.

Je souhaitais mettre en fourragère des nappes SATA, ou sinon en surcouture, mais elles vraiment trop peu souples. Un défaut de conception du standard : l'usage vestimentaire n'a pas été expressément prévu par leurs constructeurs et l'organisme de standardisation. Quel manque de clairvoyance…

Les badges en détails

J'ai dû, et je le fait encore, choisir très soigneusement dans ma collec' les badges qui me serviront de décoration. Là aussi, j'en avais un énorme stock, donc je privilégie ceux à double sens.

Description des badges actuellement arborés, de gauche à droite, de haut en bas :

  • « I'm a Firefox test pilot » : Je surfe souvent Firefox en Nightly, ainsi que d'autres applications. Et le renardeau en tenue d'aviateur très mignon est susceptible de faire craquer les filles ;
  • Watchmen : Parce que la BD d'Alan Moore et de Dave Gibbons est un monument de la littérature moderne, que je ne peux que saluer en tant que critique BD, et aussi parce que la question de Juvénal, « mais qui gardera ces gardiens ? » est malheureusement dans nos démocraties d'une actualité brûlante ;
  • Dotclear est un CMS open-source de très grande qualité de code et de sécurité. Et il se trouve que sa communauté et ses développeurs sont des amis très chers depuis 10 ans ;
  • Radio <FMR> est une radio associative indépendante d'esprit et de ton, ce qui est malheureusement devenu très rare. Et comme j'y officie depuis 20 ans, mon soutient est normal ;
  • « Git poule » car le jeu de mots me fait toujours rire, et qu'il est difficile de trouver un outil plus utile et léger, par opposition aux gros IDE/CVS monolithiques ;
  • Homo webus car c'est ma réelle condition dans une imaginaire classification de Linné ;
  • Neko ou plus exactement Nekomix qui est un fanzine délirant avec une équipe très vivace et qui vient de sortir son 9ème numéro, parce que j'aime la bd indépendante qui n'est pas bloqué dans une chapelle de genre. Hélas, c'est le marchand de fripes que la plupart des gens connaissent :( ;
  • Sud Web, mon premier grand frisson dans la communauté du web. Que du bonheur ;
  • Firefox car pour la première fois, un logiciel open-source est devenu utilisable par n'importe qui, avec un bon esprit, et sans concessions après être revenu de très très loin.

Petit bristol et remerciements

Treillis de Netrunner.
Par Xavier Mouton-Dubosc (2013)

Treillis militaire allemand à motif urbain, composants informatiques et électroniques, badges, plaque de porte, scratch, colle néoprène, fil de couture, scotch.
Photographie d'exemple par Enflammée.

Réalisé en Septembre dernier afin d'être porté sur la scène de Paris Web 2013.
Inspiré et dédié à Costume Player, la seule émission de couture à la Télévision Française.
Jérémie Nicolle m'a conseillé sur la colle néoprène, Dusport m'a fourni la plaque sérigraphiée et Megami Yume a designé l'ensemble, dans un but archi intéressé : Porter ledit costume de pirate informatique à son mariage.

Dont acte.

Alors, chers amis et surtout ceux que je verrais ce week-end à Sud Web, montrez vos couleurs !