Un film de Sam Raimi, avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Thomas Haden Church, Bryce Dallas Howard, James Cromwell, Topher Grace.

Tout va pour le mieux dans la vie de Peter Parker : il n'a plus à cacher sa double-identité à Mary Jane, il se rend disponible pour elle, et est aimé de tous. Mais l'arrivée de trois vilains va tout bouleverser : un symbiote va parasiter son costume, exacerbant son agressivité, le véritable assassin de son oncle est devenu l'homme de sable, et son vieil ami Harry Osborne a juré de le détruire...

L'énorme déception de ce troisième opus provient de l'abondance de personnages destinés à faire vendre un maximum de jouets. Trop d'intrigues parallèles nuisent au développement des protagonistes. Quand le bouffon vert et Dr. Octopus ralliaient tous les suffrages par leur complexité, l'homme de sable est vraiment de trop. Quant à Venom, on sent bien qu'il s'agit d'un méchant de dernière minute arrivant tant bien que mal à convaincre. En effet, la principale qualité de la trilogie réside dans le développement de la vie de Peter Parker, quand celle de Spider-Man apparaît distinctement comme une métaphore et amplifie ses problèmes. Le choix de Sam Raimi de s'attacher en priorité au triangle amoureux Peter/MJ/Harry a toujours fait mouche, et ce sont logiquement ces scènes-là qui fonctionnent le mieux ici.

Tandis que Peter devient de plus en plus agressif et sûr de lui, influencé par son costume noir, Harry redevient le jeune homme attachant que l'on connaissait avant la mort de son père. Peter devient en quelque sorte ce qu'Harry n'est plus, et les rapports humains entre les trois personnages s'en trouvent inversés. Pour Peter, l'homme de sable tient le rôle qu'Harry donne à Spider-Man, alors que le photographe concurrent Eddie constitue l'anti-thèse totale de Peter. Ces méchants cristalisent encore une fois les problèmes de Peter, mais l'homme de sable se révèle bien moins intéressant que Dr. Octopus, ancien professeur adulé par Peter, et Venom n'apparaît que dans une dernière partie franchement ratée : l'apparition de Spider-man sous les applaudissements de la foule, volant au ralenti devant le drapeau américain atteint un ridicule frôlé de justesse par les précédents opus.

Sam Raimi choisit des partis pris assez risqués, comme celle de décrire le changement de caractère de Peter par un passage hilarant en comédie dansée, en écho à celles des deux premiers films, mais cette fois-ci beaucoup plus long. Le jeu de Tobey Maguire est encore une fois irréprochable, même si l'idée de lui descendre la mèche sur les yeux pour faire méchant, puis lui retirer pour signifier qu'il est redevenu gentil, simplifie artificiellement son personnage et le rapproche dangereusement d'une caricature. Certains choix douteux plongent ainsi le film dans une dimension parodique parfois de mauvais goût.

Techniquement, rien à redire. L'affrontement entre Octopus et Spider-man du deuxième volet est balayé en terme de rendu des coups et de dynamisme des bastons. Un combat avec l'homme de sable, où l'agilité affronte la lourdeur écrasante, n'a rien à voir en terme de mise en scène et de rythme avec celui avec Venom, plus aérien, même si dans ce dernier cas les scènes en question sont plutôt expédiées, faute de temps et d'idée pertinente (la baston avec le nouveau Bouffon est autrement plus marquante). Les effets 3D du symbiote sont irréprochables, particulièrement dans la scène où Peter essaie d'enlever son costume qui résiste de toutes ses forces.

Encore une fois, les meilleures scènes sont celles avec le triangle amoureux, alors que les trois films n'ont jamais cessé de parler de Peter, et non de Spider-man. Une trilogie à un niveau rarement atteint par les autres adaptations de comics, par sa profondeur, sa direction d'acteur, et ses partis pris.

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