Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 17 Juin 2006.
On le croyait rangé de chaumières, la selle au placard, maqué pour la vie, assagi de la gâchette, Durango. Mais voilà qu'il revient, qu'il fait couler le sang et parler la poudre dans les bleds de l'Ouest profond. Il piste Lance Harlan qu'il remonte au pistolet, un “respectable” homme d'affaire qui s'entiche à racheter pour un prix presque honnête des mines archi-rentables. Le truc du self-made-man dans la négociation : l'envoi de vilains-pas-beaux, histoire de bouger un peu les intérieurs raffinés des pieds-tendres récalcitrants. Et c'est justement en remontant le fil des hommes de mains que Durango se rapproche de plus en plus de l'homme qui orchestre ces chantages organisés. Le genre dont justement est victime Mr Gainsworth. Et que sa femme souhaiterait qu'il cède pour retourner vivre à l'Est dans des terres nettement plus civilisées, histoire de donner une éducation normale à son chérubin.
Oui mais là, y'a Durango qui arrive avec son cigarillo aussi étincelant que son regard, et pour piéger son gibier, il va forcément jouer de l'appât avec la veuve et l'orphelin. Dommage pour ces oies blanches.
Et blanches ne sont pas les lois de l'Ouest... Non, pied-tendre, ce sont de sales putains qui se font baiser par tous les coyotes de la plaine.
Durango, c'est la chaleur du soleil qui écrase les couleurs des pages, les crépis craquelés attaqués par les intempéries en tout genres (vent, chaleur, pluie, feu et balles). Des personnages rarement rasés, bardés de cicatrices, aux dents cariées et aux vêtements rapiécés et boueux. L'hygiène de leur écuelle ne vaudra jamais celle du soin à garder les cigarillos propres. Quant aux chevaux, ce sont plus des cibles pour les gunfights que d'inséparables compagnons équidés. La crasse morale des personnages, la noirceur des héros, un monde sans réels bons, qu'avec des brutes et encore plus de truands.
Un vrai western spaghetti en BD. Quand j'ai lu l'un des premiers Durango, c'est là que j'ai apprécié l'apport du cinéma italien et espagnol sur les productions hollywoodiennes.
Durango, c'est aussi un style, des accessoires assez particuliers du personnage principal : la mitaine à la main gauche, avec laquelle il fait chanter son petit automatique allemand, lui donnant un sérieux avantage sur les autres outlaws préférant les barillets américains. Un solitaire écumant l'Ouest Sauvage, n'hésitant pas à s'allier avec des desperados Mexicains comme Amos, à briser cœurs et idéaux.
Durango, tout le monde le pensait à la retraite depuis que Yves Swolfs versait dans les histoires de vampires... Mais il a décidé de remettre le couvert, uniquement au scénario. Heureusement que Thierry Girod (déjà aperçu dans la série « Wanted »), celui qui a repris sa succession au dessin se montre aussi pointilleux que lui.
Réussite : d'un coup, je suis revenu quinze ans en arrière, quand je lisais le tome 5, « La Sierra Sauvage ».