Un vrai défi d'écrire ce billet, n'ayant ni l'oreille, ni l'œil absolus. Et pour le coup je le propose à la communauté. Choisissez un terme où vous baignez depuis très longtemps (j'ai choisi l'informatique), pensez à une couleur et à ce qu'elle vous rappelle.

D'où le nom que j'ai choisi : La palette de Proust. Et hop ! nuancier :

                                     

Blanc crème

 

L'Amiga, surtout les séries 1000 et 500. Mais avant ça, les Apple ][e de camarades de classes qui m'ont violemment contaminés en Sixième. Les séquelles sont toujours là.

Marron

 

Le design “Allemand” de France Télécom, très late seventies, la couleur la plus populaire pour les coques de Minitel. Un souvenir ému que celui de l'Alcatel 1b chez mes parents.

Beige

 

La couleur des fiches gigognes PTT, celles du Minitel (complémentaire claire du Marron dans le design “Allemand”) et des modems Agréés DCT. Aussi celle de l'imprimante matricielle Citizen Swift 24. Dans les deux cas, le bruit était littéralement insupportable.

Blanc mat

 

Ou “Français” dans la nomenclature PTT, pour différencier du marron “Allemand”. À l'époque réservé aux superbes Minitel 2 et 12. Puis des Thomson MO6, TO8, TO9+. Puis a remplacé le beige qui faisait trop “poussiéreux” et est devenu très banal. Couleur de mon clavier.

Gris OCP

 

La coque des Atari ST, dans le design futuriste et impersonnel des années 1980s tel qu'on le retrouvait dans le film « Robocop », d'où son surnom. C'était celui aussi des coques de la première Playstation de Sony, et la complémentaire sombre du blanc mat dans le design “Français”.

Alu brossé au sable

 

C'est pas vraiment de l'informatique, mais c'était la couleur des étages Hi-Fi Japonais. Une finition luxueuse. Et comme j'ai eu régulièrement à côté de mon Amiga des lecteurs cassettes (ou des amplis) pour préparer mes émissions radios...

Noir graphite

 

“Anthracite” pour les plus vieux, [fibre] “carbone” pour les plus récents, l'évolution du terme annonce bien qu'avoir cette couleur n'était pas assez disco à la fin des 1970s, mais terriblement tendance vingt ans plus tard. Faut dire que les NeXT étaient terriblement classes. C'est aussi la couleur des pistes magnétiques des disquettes de qualité (celles au bioxyde de chrome, pas au ferrite des cassettes audios type I), des coques des puces, de mon fidèle ghetto-blaster qui m'accompagne depuis 15 ans, de mon PC de bureau le plus récent et àmha la meilleure bordure possible pour un écran.
Le café à l'AÉUPS, la buvette étudiante en fac de Bio, même dosage que celui d'Hervé du Bikini. Quand je dis “noir”, c'est qu'il était rare de voir la cuillère plus de 5mm. Dosage équivalent aux pilules de caféine au tableau C. 4cl et tu étais parti pour la nuit. Code ou club, au choix.

Noir infini

 

Zéro volt dans la broche vidéo. Le fond du terminal sur plein d'OS comme les Unices, Linux, OS² et bien sûr MS-DOS. Couleur “universelle” entre les moniteurs monochromes verts, ocre et couleurs. La couleur des disquettes 5"¼ et 8". Et bien sûr le K&R C qui datait de bien avant les Spinal Tap : « Initiation au Langage C ». La bible du développeur était en noir pour l'édition française, l'édition originale étant le white book.

Vert pomme primaire

 

L'affichage des moniteurs monochromes, qu'ils soient en résolution Hercules ou en PAL, car c'est la couleur primaire RVB la plus lumineuse. La sérigraphie des circuits imprimés et le fond d'écran par défaut du TOS, le bureau des Atari ST.
C'était aussi les LED vertes carrégulaires qui surplantaient les rouges rondes au milieu des années 1980s dans le milieu branchouille du design technique. En 1999 ce fut les bleues (miniatures) et en 2002 les blanches.

Ocre

 

Plus rare que les monochromes verts, et trouvable uniquement pour les terminaux (comme mon terminal Wyse) et les moniteurs de PC Hercules. Donc plus professionnels, et nettement plus agréables, malgré une rémanence largement plus lente que les “verts”. Mais n'égaleront jamais les monochromes gris... heeeu “argent”.

Blanc pur

 

Tel quel, sorti du tube, aveuglant. Particulièrement pénible sous MS-Windows 2 et 3 à cause du manque de stabilité des moniteurs de l'époque. Le Macintosh avait au moins un écran qui rafraîchissait à 71 Hz, c'était plus stable. Mais toujours aussi aveuglant à la longue.

Bleu vidéo primaire

 

La plus sombre des trois composantes primaires RVB. Homophone de l'attribut soulignement dans les écrans mono, on reconnaissait un programme DOS prévu pour Hercules à certaines textes incroyablement sombre sans raison sur moniteur CGA.
Utilisée abondamment en fond en mode texte sur les PC en couleurs, synonyme de professionnalisme, de calme et de relaxation. Puis de BSOD et d'angoisse, puis ré-utilisé comme fond d'écran par défaut (Microsoft Windows 95). Matériellement, celui des condensateurs, des disquettes 3"½ Sony à la fin des années 1980s que consommaient les Mac, Amiga et ST et pas encore les PC. Et des diodes d'appareils high-tech sooooooo 2000.

Jaune clair

 

L'édition des programmes dans Turbo Pascal 3, avec la frise élégante des textes indentés. Et la couleur de bordure des fenêtres actives dans BeOS. Le grand écart entre l'inconfort d'un environnement à peine plus facile que vi et le système d'exploitation fenêtré le plus performant à ce jour.

Gris pâle #CCC

 

Le fond des premières pages web que j'ai vu. Sur Netscape 2, qui tournait sur un terminal X de chez HP. L'université nous faisait payer la consommation CPU, la mémoire, la bande-passante et l'espace disque, je te dis pas la facture à l'usage du bousin. Jusqu'à ce qu'on eu découvert que ces terminaux embarquaient en ROM l'ancêtre Mosaic, qu'on pouvait lancer sans être loggué et donc sans payer. Ça marchait tant que la RAM du terminal X n'était pas saturée.

Rouge LED

 

Les premières diodes électroluminescentes, rondes. Que je montais en série avec une pile 9V et une résistance 470Ω dans mon kit d'électronique amusante. Devenues has-been au milieu des années 1980s.
Le curseur de la souris dans le Workbench de l'Amiga et l'inquiétant Guru Meditation qui poussait les écrans virtuels vers le bas, avec son code d'erreur pour initiés suivi de l'adressage mémoire. Ça fait toujours plus sérieux qu'un “Syntax error line 30”.
La couleur des diodes lasers les plus courantes, celle des lecteurs CD, et la couleur du Rainbow Book qui décrit le format CD Audio, le Red Book. La couleur des sites TheInquirer et The Register. On devine qu'ils eurent la même équipe fondatrice.

Cyan

 

Le fond des écrans sur les Thomsons MO5, les caractères étaient bleu vidéo. Ça passait par la prise péritel, mais certains téléviseurs n'avaient qu'une prise antenne. Je te dis pas l'horreur en passant par un modulateur SÉCAM.

Gris LCD

 

Le fond des jeux portables double-écrans de Nintendo, comme Donkey-Kong. Puis celui des téléphones comme les Siemens et celui des Nokia (tirant légèrement vers le vert pour les mythiques 3210 et 3310).

Indigo

 

L'un des couleurs de base de l'environnement CDE des terminaux HP de la Fac. Et proche des couleurs des légendaires stations Silicon Graphics (avant la déchéance SGI), celles qui semblaient avoir coupées au katana dans la hauteur. Toucher une de ces machines était un signe des dieux, et ceci avant que ne sorte au cinéma « Jurassic Park ». On trépignait d'aller au SITEF où les exposants montraient leurs coûteuses divas dont la robe changeait de nuance suivant l'angle de la lumière. De série, on a jamais fait des boîtiers aussi beaux.

Gris vert /.

 

(Prononcez Slashdot). Le site de geek par excellence, d'appeau à trolls, de discussions ésotériques et où des neuneus h4x0rs cotoient sans savoir des tronches monstrueuses. Le premier blog collaboratif, capable d'exploser un site par DDoS en cas d'éloges.
C'est aussi la couleur du thème Absolute E de l'environnement le plus graphique (mais absolument pas pour les débutants) sous Linux en 2000 : Enlightenment (version 0.16 aka DR16). Clair, efficace, alliant design, contraste et légèreté. Le nombre de bordures de fenêtres est très complet. Très peu de e-thèmes DR16 rivalisent.


Ah ben oui, c'est plus drôle d'en faire une chaîne de blog alors je passe le relais à Thomas, Nono, Vric, Ennairam et Gia (qui m'a fait photographier mon frigo). Thèmes et couleurs de palette à la convenance de chacun. On peut consulter le code du billet.