Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 7 Octobre 2006.
Pour arriver à déjouer à temps les plans terroristes d'une dangereuse activiste, Nävis va tenter de se faire incorporer à son commando. Son identité est donc falsifiée, et son apparence physique totalement changée. On suit le recrutement de Nävis, sa mise à l'épreuve de ses talents, de son courage, mais aussi son manque de loyauté envers les autorités. Bref, un travail d'infiltration, de longue haleine. Et combien il est difficile de monter une fausse identité crédible, que n'importe quel geste peut mettre en péril sa couverture et donc sa propre vie.
Alors quand Nävis apprend que sa mission est annulée, elle passe outre, une fois de plus. Après tout, pourquoi un travail aussi patient et minutieux serait-il ainsi enterré ? Y'a poiscaille sous astéroïde, c'est sûr. Et elle va vite découvrir que ce commando terroriste dispose de moyens plutôt étonnants. Quelle peut être la main (ou le pédoncule) qui agit derrière eux ?
La seule humaine du Sillage, agent très spéciale de la Constituante va n'en fait une fois de plus qu'à sa tête, pourvu que cela ne se retourne pas contre elle... Une tête brûlée qui se crame à cause de son tempérament chaud bouillant, plutôt périlleux en mission d'infiltration.
Rien n'est gratuit en ce bas-monde.
La construction scénaristique de l'album est assez intéressante, on a ainsi trois plans différents de mise en abîme, il y a aussi l'évolution de l'intrigue. En lisant l'album trois fois de suite, on découvre d'autres détails dans l'histoire et l'univers très complexe de « Sillage » imaginé par le très prolifique scénariste Morvan (le même que celui du « Spirou » chroniqué la semaine dernière). Et il y a évidemment le dessin de Buchet, très créatif pour les vaisseaux spatiaux, les aliens de toutes races et de toutes espèces, les objets, armes, robots, combinaisons qui sont de vrais bonheurs à regarder (on sent qu'ils sont vraiment fonctionnels, quelque chose de difficile à rendre dans le space opera). Et il a un talent fou à mettre en image les scénarii impliquant Nävis avec des cases faussement statiques, pas mal de perspective, et et une large gamme d'expression des mouvements. On y trouve les codes graphiques d'expressions de la bd européenne et de la manga. Je suis fan de la série, et son constant renouvellement, sa remise en question permanente en font un univers incroyablement riche et construit.
L'album est proprement gigantesque, retourne complètement la série et l'univers... mais j'aurais un énorme regret : ils ont changé la maquette et le logo de la série. C'est dommage, j'aime plutôt le premier. Tant pis si nous n'avez pas acheté les précédents albums à temps.
En tout cas, l'extrême inventivité de Morvan et la créativité du graphisme de Buchet en font une valeur sûre de la science-fiction actuelle, totalement fascinante et inépuisable, mais à des milliards d'années-lumière de toute naïveté. Attendez-vous à une belle claque.