Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 27 Octobre 2007.

Y'a de drôles de coïncidences... celles qui font qu'on parle d'un pays très fermé sur lui-même et qu'au même moment, une bd justement parle comment on vit dans ce pays quand on est membre d'une ONG occidentale.

Bon. On va commencer par un point de détail, mais celui-ci a son importance. Depuis 1989, le nom officiel du pays est le Myanmar. Du moins, ce nom est reconnu par l'ONU, et c'est celui qui est utilisé par ceux qui reconnaissent le régime militaire actuellement en place. D'autres pays (notamment les États-Unis et la France) parlent officiellement de la Birmanie, car ils ne considèrent par la dictature en place comme légitime.
Car en 1990 fut organisé les premières élections libres et multipartites afin de faire une rupture avec le dictateur Ne Win. Ces élections furent remportées à plus de 80% par la Ligue Nationale de la Démocratie, un parti mené par Aung San Suu Kyi (fille de l'artisan de la Birmanie indépendante). Celle-ci ne put jamais exercer son pouvoir, fut assignée à résidence par la Junte, et n'a jamais quitté sa maison, même quand elle reçu le Prix Nobel de la Paix en 1991.
Si vous êtes de passage, inutile de tenter de passer devant le 54 avenue de l'Université.

Précédemment, Guy Delisle travaillait comme superviseur de studio d'animation. Une expérience personnelle qu'il avait raconté dans « Shenzhen » (l'Association) sur un ton humoristique. Il remit ça plus tard avec « Pyongyang » (l'Association) où, toujours en tant que superviseur d'animation, il travaillait avec un studio Nord-Coréen, dans des conditions absolument ubuesques. Cet ouvrage a fait date parce que justement c'est un témoignage précieux sur la dictature communiste la plus fermée au monde.

La femme de Guy Delisle est administratrice pour Médecins Sans Frontières, gérant 6 autres expat' et 60 locaux. C'est en qualité d'époux au foyer que donc il l'accompagne dans l'un des pays les plus dangereux au monde, pour élever leur enfant, et après tout pourquoi pas, aussi faire son métier : dessinateur de bande-dessinées.
On apprend (relativement tard dans l'histoire) les difficiles conditions de travail pour les ONG face à un gouvernement qui fait tout pour les bloquer administrativement. Mais aussi la violence de la lutte du pouvoir au sein même du gouvernement. N'importe quel Ministre peut se faire fusiller pour complot supposé ou mauvais horoscope avéré.

Les occidentaux ont leurs clubs privés, vivent dans des quartiers suffisamment privilégiés pour profiter plus longtemps du courant que les autres quartiers de la même ville. J'ai déjà expérimenté personnellement le fait que les administrations Françaises à l'étranger sont vraiment coupés du pays où elles sont. N'ayant pas de travail ni de réelle nécessité, l'auteur lui-même ne fait pas vraiment d'efforts pour apprendre la langue des habitants de ce pays ou des éléments de culture locale. Ce qui donne parfois des gaffes qui ne porteraient pas vraiment à conséquences... si le pays n'était pas une des dictatures les plus violentes actuellement en exercice.

Ainsi, la criminalité est plutôt rare, justement à cause de la présence policière... mais il y a très régulièrement des attentats meurtriers dans la capitale, résultat des combats avec des ethnies minorées par le régime.
Un régime policier, brutal, dictatorial... parfois à l'absurde, puisque Guy Delisle nous raconte l'ubuesque déménagement de la capitale en 2005. Tous les Ministères et services administratifs importants déménagés du jour au lendemain de Rangoon à NawPyiDaw. Tous les fonctionnaires ont été priés de prendre leurs affaires et d'aller vivre dès le lendemain à plusieurs centaines de kilomètres... dans une ville sans eau ni électricité.
Là où l'on passe du pathétique au drôle, c'est que le États-Unis étaient en train de construire une nouvelle et grande ambassade... dans l'ancienne capitale. (Note, elle a sûrement dû coûter moins cher que l'ambassade littéralement gigantesque de Bagdad).

Ce qui rapproche aussi des évènements de Septembre dernier, c'est la place que laisse entrevoir l'auteur qu'a la religion dans la vie quotidienne, l'importance des bonzes, des moines dans la vie des habitants. Mais aussi que s'il n'était pas père d'un charmant bambin, il aurait eu beaucoup de mal d'approcher les habitants.
Des Birmans qui vivent de façon résignée la dictature de leur pays, et dont les anciens ne manquent pas de s'excuser auprès de l'auteur pour l'état dans lequel est leur pays.
Des témoignages rares et touchants... sur l'un des pays les plus fermés de la planète.