Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 19 Septembre 2009.

Imaginez une boîte de conserve. Une ridicule boîte de conserve, dans laquelle on a entassé des dizaines d'hommes pour traverser les océans et surtout pour faire la guerre. Cette invention, c'est le sous-marin, imaginée lors de la Guerre de Sécession, mis en pratique lors de la Grande Guerre. Et c'est dans un de ces engins que nous allons embarquer. Dans l'exigüité, la promiscuité, le boucan, l'atmosphère viciée et l'ambiance lourde. Car mettez 19 hommes dans un espace ridicule sans pouvoir en sortir pendant des mois, et il n'y aura pas que le pain qui sera pourri.

C'est le principe de la série « Immergés » de Nicolas Juncker : Prendre un sous-marin de la marine Allemande en 1939, et raconter dans chaque album le destin d'un des sous-mariniers.

Dans ce premier tome, c'est l'histoire de Günther Pulst qui nous est conté. Il a navigué pendant la Grande Guerre justement, a travaillé dans la marchande, puis a rejoint la marine du Reich en 1928. À terre, il vit avec sa mère acariâtre, n'a qu'un seul ami, marin lui aussi qu'il ne croise presque jamais. Bref, il est pas sûr de préférer la terre ferme à son poste de maître diéseliste. Car c'est un spécialiste de la maintenance mécanique. Il connaît la moindre soupape à son bruit et fera tout pour maintenir en ordre de marche ces moteurs gigantesques.

Et finalement, discuter avec ses mécaniques, c'est nettement plus intéressant que les ragots de 19 mecs dans une machine infernale. Aaaah, le prestige de l'uniforme, de la marine impériale... Que des bobards quand on se jauge en fonction de son origine familiale, de sa ville, de sa religion et de ses opinions pro-nazies ou non. La hiérarchie en prend souvent pour son grade. Günther est un gars bourru, pour qui tous ces bruits de chiottes ont tendance à taper sur le système.

Heureusement son contrat avec la marine Allemande se termine en Octobre. Sauf si une guerre se déclare...

Graphiquement, la patte de Nicolas Juncker s'est noircie pour mieux rendre l'obscurité et la crasse de ce navire militaire. Et à bien lire l'album, on imagine qu'il s'est longuement documenté pour construire son ambiance, ces personnages et les contextes.