Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 23 Janvier 2010.
Leur destin commençait comme une histoire d'amour, une histoire simple d'un jeune couple modeste, mais qui se contente des petites joies quotidiennes. Et puis au fur et à mesure l'histoire virait au sordide. Dans le Japon de 1970, les conventions ont encore la vie dure, et un jeune couple ne peut exister en dehors du mariage. Mais surtout le Japon est gangrené par ses vicieux, par les vieux qui achètent les jeunes filles, par les enfants qui couchent avec leurs parents, par les patrons qui n'hésitent pas à harceler leur assistantes.
Jirō et Kyōko s'aiment, mais leur amour les condamnent à la folie, ou du moins, les conventions de la société japonaise feront chavirer leurs esprits et leur confiance mutuelle. Animé par des pulsions autodestructrices, après un avortement, Kyōko passera un hiver dans un hôpital psychiatrique loin de tout. Jirō qui a du mal à faire sa place en tant qu'illustrateur, éprouvera de plus en plus de distance envers celle qu'il a aimé, et fréquente parfois les quartiers où les filles vendent leurs charmes...
Comment va se terminer cette relation entre détestation et amour ? Le final fait vraiment mal au cœur, et la série incroyablement poignante vous retournera.
La série est d'une expressivité graphique époustouflante pour l'époque. Il y a des idées de mises en scène à la pelle, on est littéralement happé par le destin sordide des deux protagonistes, mais aussi par le génie du dessin qu'a été Kazuo Kamimura. D'un rien éclaté d'une tache d'encre, il était capable de faire naître une émotion. Durant sa trop courte carrière, il a mis en scène des destins brisés et désespérés comme « Le fleuve Shinano » ou « Lady Snowblood ». Cette trilogie est un roman incroyablement poignant, et en même temps une démonstration magistrale du Neuvième Art.