Paris c'est gris, Paris c'est triste, Paris les gens font la gueule, Paris est malpolie, « Paris Pourri » comme le chante Sandrine Alexi. Ouais bon, pas tant que ça, mais ma principale critique, c'est le métro, le plus mal indiqué que j'ai eu à faire. Toulouse n'a qu'une ligne, mais le plan de la ligne est sur chaque porte du quai, et une annonce vocale annonce la station suivante. Londres a depuis le début des années 1990s des afficheurs LED dans les wagons, Tōkyō fait des efforts mêmes pour les anakanjites, et à D.F., les employés font l'effort de vous accompagner à la bonne voie quitte à faire appel à un collègue. Paris, non, que dalle, pas de plan, pas d'annonce, des panneaux cryptiques, des employés emprisonnés derrière les guichets qui feignent ignorer les resquilleurs, des gens qui refusent de s'arrêter et Georges Marchais qui ignorait jusqu'au prix du ticket. En plus, les Provinciaux sont vraiment considérés comme des bouseux, des ignorants, des abrutis. T'as beau le savoir, l'avoir déjà fait, c'est toujours aussi pitoyable. Je préfère en rire de cette impolitesse parigote, cela fait partie de mes prochaines cibles.

Faut dire que j'ai réussi à grouper les trois comédiens pour qui j'écris dans ma boîte sur trois jours consécutifs. Et que j'ai pu monter pour pouvoir bosser avec eux de visu. Autant prendre ce genre de petites vexeries comme partie instructive du voyage. Au zoo, même les macaques vous ignorent. Alors quand on rencontre enfin les voix des Guignols de l'Info...

Prises de tête Sandrine Alexi est l'une des rares imitatrices. Les femmes sont peu nombreuses, non seulement par la misogynie de l'écran, mais aussi des difficultés propres à la voix féminine. Mais elle va avec talent du plus grave (“Jâââââcques”) au plus aigu (Mylène Farmer). Certaines séances sont particulièrement redoutées des techniciens, comme Christine Bravo et encore merci. Elle est condamnée tout les soirs à une psychanalyse par Mireille Dumas. Largement mieux qu'un one woman show, une hilarante mise à nue, étonnante, mise en scène par Smaïn. A la fin de son spectacle, un ange passe. Bien vu.

Yves Lecoq est le plus connu, le routard que tu files une feuille, ça roule, avec des annotations de tons pour la seconde prise. Avec son PPD, Chirac et Sylvestre, c'est la voix indispensable. Ma carrière d'imitateur “ Crac ! Crac ! héhé... ” s'est arrêtée à l'âge de 12 ans par sa faute. Ma revanche est de lui en faire, des craques craques. Manque de pot sur cette séance, il râlait devant mes textes. Faut dire que je lui avait prévu du marronnier, pas le plus rigolo à faire mais dans les demandes de ma direction. Au moins, on rigole sur les Dipardiou. Sa gestuelle est hypnotique.

Daniel Herzog est celui qui mériterait d'être découvert pour toutes ses prestations de comiques. Envie d'un dialogue d'Audiard sur une mise en scène de Gérard Oury ? Ou de Coluche qui ironise sur Raffarin ? Il est littéralement stupéfiant, à en mystifier tout le monde. C'est toujours mieux que ce coincé de Jospin ou Ben Laden, car si vous le connaissez surtout pour ces personnages, vous passez littéralement à côté de ses meilleures prestations. Mais je me suis amusé à discuter face à Joey Starr (plus vif que le vrai) et Doc Gynéco.

Mon regret : Ne pas avoir rencontré les vrais auteurs des Guignols. J'admire leur travail et leur qualité de création. Ce sera pour une prochaine...