Hier, j'ai été entraîné par un ami à la Mêlée Numérique. C'est une association qui compte regrouper des professionnels de la région Midi-Pyrénées dans les NTIC. Et ça fait dix ans qu'ils existent. Je me suis dit qu'il était peut être temps de voir ce qu'il en est.
Malheureusement, le premier contact m'a déçu.
Soyons honnêtes : nous avions des à-prioris
Dans une multinationale que j'ai modestement aidé à faire grandir, nous avions un spécialiste de la communication. Je précise : pour communiquer sur lui-même. Nous recevions quotidiennement des coupures de presse où il était question de notre société. Mais, hasard surprenant, dans les mots, nous comptions plus de fois le nom de notre directeur de la communication que celui de notre employeur commun et du PDG cumulés.
Alors quand cette personne nous abreuvait quotidiennement de revue de presse sur la formation de la Mêlée Numérique, inutile de vous dire que nous prenions ça avec un sourire carnassier, celui qui allait précéder la dégringolade de son ego.
Oui, mais entretemps, j'ai monté mon activité, je me suis spécialisé dans internet, je commence à me faire connaître pour certains, et je me suis que ce serait triste de ne pas partager mon expérience avec d'autres. D'où ma réponse affirmative à venir à un « petit déjeuner d'intégration ».
Savoir dégainer
Ce contact matutinal était présidé par le président de l'association justement, Édouard Forzy et de deux de ses salariés. Gros hic, je doute que cela soit par le montant autorisé de défraiement d'un président d'association qu'il vit (légalement, un peu moins d'un SMIC, FYI). Ce monsieur doit donc être soit un chef d'entreprise, soit un indépendant, soit un cadre directeur.
Ben il n'a même pas indiqué son activité professionnelle. Est-il président salarié ? Haut-Fonctionnaire ? Délégué par CCI ? Aucune information, premier hic.
Deuxième hic, et là, ceux qui me connaissent vont bien se marrer. Car ils savent que j'ai une manie : Dégainer mes cartes de visites. Je sais même les donner à la Japonaise (on ne se refait pas). Seulement, j'avais été vicieux ce matin-là : À chaque poignée de main, je n'ai donné que mon prénom. Pas d'indication de poste, de nom d'entreprise ou mon nom de famille. Ça, je l'ai donné que lors de l'obligatoire tour de table plus tard, et vous verrez qu'il y avait un autre piège soigneusement tendu.
Donc des gens qui accueillent d'autres personnes pour leur proposer de les rejoindre à leur association professionnelle n'ont même pas eu la curiosité de vraiment discuter avec moi. Le seul moyen de me connaître est donc de prendre ma carte de visite.
À la fin pressentie de la réunion, je sors mes cartes. Et là, aucun des représentants de l'association ne la demande. Un seul a le réflexe de me la demander pour l'échanger avec la sienne.
C'est pourtant un test basique pour voir si la personne en face de vous présente un intérêt à votre présence.
Continuons à casser le déroulé chronologique en résumant un échange de mails plus tard :
L'abonnement me fait aussi un peu tiquer
Je suis un individu, mais je suis aussi un développeur indépendant donc une entreprise à moi-même. Hélas, si les 60€ (inscription annuelle comme personne physique) eussent été envisageable, 230€ (pour une entreprise fournissant des NTIC et “salariant” entre 1 et 5 personnes) l'est un peu moins (ne parlons pas des 330€). J'ai déjà soutenu avec fierté le remboursement de l'amende de Jacques Chirac, je viens de contracter un emprunt pour aider mon pote Kierviel, bref, budgétairement, je passe à d'autres priorités.
Bon, ok , le prétexte c'était juste pour tâter le terrain marketing après un contact e-mail. Mais vous verrez que ce n'est pas anodin [EDIT: dans les commentaires].
Une cantine, mais... où est la cuisine ?
Dans ce petit-déjeuner de présentation, lors du passage des diapositives Powerpoint par le président, celui-ci demande qui quelqu'un connaît la Cantine à Paris. Ben oui, je connais, j'ai été invité au Silicon Sentier, j'y ai rencontré Grand-Panda-Bienveillant et Queue-De-Renard-intrépide pour une longue « réunion avec des rockstars du Web ». C'est à cette occasion que j'ai enfin rencontré le Grand Sage du code-barre à damier et plein de professionnels passionnants.
Gros problème : j'avais posé la question de la relation avec les élus politiques. Cette question est totalement absente de la présentation, et semble écartée. Dommage car à parler à ses représentants européens, nationaux ou avoir des contacts privilégiés avec des collectivités locales sont de réels plus pour des entreprises. Pas au sens où vous croyez, personnes de peu de foi
Je pose aussi la question des associations, le président les réduit au monde du libre. Or, ça ne fait que plus de 5 ans que je parle des très difficiles implications pour TOUS les professionnels d'internet des lois HADOPI, LOPPSI et du danger que représente l'ACTA pour les entreprises Européennes. Le désintérêt des professionnels locaux mérite ces épées de Damoclès suspendues au-dessus de toutes entreprises.
La question n'a rien d'anecdotique. Tous les professionnels de la sécurité informatique savent que la loi LCEN posent d'énormes soucis juridique pour tous ceux qui travaillent sur la sûreté des intranets, la protection des données sensibles et des sites d'e-commerce. En France. Donc gros problème de distorsion de compétitivité faces aux concurrents étrangers.
Or, qu'est-ce qui fait vivre la Cantine à Paris ? Principalement les associations, et la possibilité pour les entrepreneurs de faire toucher les réalités de l'entreprise et de la technique. Un endroit où s'improvisent des présentation à échelle humaine sur la sécurité informatique, la e-citoyenneté, la présentation de nouvelles technos comme le HTML5, la géoloc, la consommation électrique intelligente, la vie privée, la communication, la hackabilité...
Si la réunion des développeurs X Window avait eu lieu non pas à Toulouse, mais à Paris, y'aurait eu un passage obligé à La Cantine.
J'ai bien peur que la Cantine façon Mêlée Numérique Toulousaine ne soit qu'un lieu aseptisé, qui ne réponde nullement aux questionnements actuelles : un lieu froid, plat et sans initiative, avec des posters de cassoulets encadrés.
Alors, déçu ?
Par le manque d'enthousiasme lors de ce petit-déjeuner de présentation, le manque de spontanéité, d'approche vers les autres, j'avais une présentation trop cadrée, peu imaginative et qui me donnait une image froide, crispée, coincée. Impression confirmée car pendant le tour de table des participants a été fait, aucun des deux salariés, ni M. Forzy n'a relancé, posé des questions, intéressé aux activités de ses aspirants-inscrits. Or les NTIC c'est pas ça : c'est de la spontanéité, du rebond, de la communication, et de l'ouverture. Être dynamique.
Ça bouge sévère dans les NTIC, ça bouge incroyablement dans les capitales du web,... Et à Toulouse, j'ai une parfaite démonstration des termes “provincialisme” ou “régional” tel qu'il est jeté à l'égard du Paris extra-muros... Cette caricature, je la déteste, je la combat et... je veux en sortir.
Si c'est pour que mes propositions soient sympathiquement ignorées, mais confraternellement comptabilisées dans un Powerpoint (présenté sur Mac, c'est à dire avec plantages), c'est autant d'énergie gaspillée. Au prix du kW/h, c'est rageant.
Ce n'est pas uniquement un carnet d'adresse qui me fera rêver. Ça, c'est « communiquer pour communiquer », du temps passé sur autre chose que l'essentiel.
Et des contacts ?
De cette mâtinée qui a été mieux employée à être embouteillée dans un cortège de lycéens scandant des slogans qu'ils ne comprendront que plus tard, je ne retiendrais que le seul qui a pensé à dégainer sa carte de visite : Jacques Gascuel de FreeMindTronic qui m'a l'air d'être un inventeur dynamique, quelqu'un qui se tient informé et qui ferraille plus que d'autres.
OUI ce billet a un ton polémique et provocateur. C'est fait exprès. Je veux voir quelle est la réactivité réelle des personnes qui sont dans la Mêlée Numérique. Je veux qu'ils me donnent envie de les rejoindre. Ou de les fuir.
8 réactions
1 De Solarus - 13/10/2010, 15:30
A vrai dire je ne connais pas très bien pour l'instant ces associations d'acteurs TIC.
Je compte aller faire un tour à la Cantine lors de mon voyage à Paris à la fin du mois, et voir par moi même l'intérêt qu'il peut y avoir à fréquenter un tel lieu.
Pour la Mélée Numérique, ici à Toulouse on en entend souvent parler et on les voit bien peu agir, à tel point que je les vois plus comme des mécènes ou des supporters que comme des vrais acteurs de TIC dans la région.
A eux de faire connaitre leurs actions et leurs buts, de communiquer plus ouvertement et largement.
Et comme tu dis, à l'ère des réseaux sociaux instantanés, qui dit TIC dit réactivité. ;)
2 De padawan - 13/10/2010, 15:43
Se rapprocher des gens qui partagent leur savoir-faire, ce sont des sources de connaissances. Fuir les gens qui sont dans le faire-savoir, ils sucent la moelle des autres pour leur seul profit personnel.
3 De Da Scritch - 13/10/2010, 21:11
Je ne trollerais pas (encore).
En attendant : Queue-de-renard-intrépide interviewé par Grand-Panda-Bienveillant : http://standblog.org/blog/post/2010...
4 De EF - 15/10/2010, 01:30
Salut,
ce jugement est complètement hatif négatif et réducteur
Je suis donc le fameux Edouard Forzy ( personnellement je n'ai pas peur de donner mon nom) dont tu parles avec tant d'aisance ci dessus, et concernant mon salaire et mon activité tu n'avais qu'à me poser la question quand tu étais là. Mais tu ne l'as pas fait ! Dommage. De toute façon ça ne te concerne pas, cette réunion était une présentation de la Mêlée, et apparemment tu n'as rien compris ou tu n'étais pas venu là pour cela si je lis bien ton post ( et apparemment tu as du temps à tuer).
Je suis très fier de l'association que tu critiques si aisément et qui fait énormément de choses depus 10 ans, avec peu de moyens et qui est une vrai association d'entrepreneurs et de passionnés des TIC, ouverte et coopérative, indépendante et plus que dynamique, mais tu n'as pas du écouter la présentation, tout occupé que tu étais à préparer tes pièges.
Si cette association que tu ne connais pas ne te convient pas, on te force pas.
Donc sur ta dernière phrase qui indique " me donner envie de les rejoindre ou de les fuir", ben en fait on veut pas de toi.
Tu es bien trop intelligent.
A +
Ps: j'espère que tu publieras et sans rancunes !
5 De Da Scritch - 15/10/2010, 06:29
Mon nom ne se cache pas, il est aisément visible avec mon cv, et y'a même un lien sur mes profils viadeo et linkedin.
De cette réunion de présentation (où d'ailleurs j'étais le seul à prendre des notes car j'étais sincèrement intéressé), je regrette certaines maladresses de communication. Elles auraient pu être minimes, mais les témoignages tiers recueillis suite à ce billet démontrent mon propos. Votre salaire ne m'intéresse pas (à vraie dire, je m'en contrefous) mais plutôt l'activité “civile” de l'actuel président et cofondateur de la Mêlée car il permet de savoir si vous êtes aussi un entrepreneur. Ou non.
Ensuite, oui, j'ai perdu du temps à rédiger ce billet (une petite heure) parce que j'attendais énormément de votre association en tant que créateur d'une toute petite entreprise, mais actif depuis plus de 20 ans dans le domaine des NTIC. Sincèrement, j'en attendais beaucoup de la Mêlée Numérique. Peut être trop, beaucoup trop. Mais j'aurais espérer montrer ce que je peux vous apporter.
Vous avez une initiative louable concernant La Cantine, mais ce que vous avez montré lors de cette présentation montrait que quelque chose n'était pas raccord avec ce modèle.
Mais dans l'immédiat, l'erreur de communication la plus importante, c'est cette défensive : « ben en fait on veut pas de toi. ». J'espère que ce n'est pas le vrai Édouard Forzy qui a écrit ça, car cette expression est quand même digne d'une école primaire et vous dessert complètement. Ou alors, si vous êtes le vrai, la prochaine fois, n'évoquez pas un déménagement d'ici un mois sans même pouvoir donner l'adresse de vos nouveaux locaux : pour une association professionnelle établie, ce n'est pas très fiable.
Ah oui, plus haut dans mon billet, j'avais mis en suspend un point sur mon échange d'e-mail à propos de l'inscription, et j'avais dit que ce point était révélateur...
Pardonnez-moi cet effet de manche, mais je me demande si la maquette de la première page de votre dossier de “recrutement” a été copié d'un quelconque dépliant commercial sans en comprendre le sens : On y trouve dans le tiers inférieur le traditionnel graphe en forme de flèche croissante avec des points... Je cite vos points dans l'ordre de la croissance :
« ⋅Bulletin d'adhésion complété ⋅charte éthique connue ⋅parrainage par un membre de la Mêlée ⋅Validation ⋅Règlement de la cotisation ⋅Petit déjeuner d'adhésion et dîner mensuel »
En général, quand on utilise une flèche avec des points dans une présentation professionnelle, c'est qu'il est question d'un profit ou de coûts financiers... Or si votre association présente l'objectif d'être un facteur de croissance de dépense...
Oui bon, effectivement, vous me l'avez dit « sans rancunes » : « ben en fait on veut pas de toi. »
Vous n'étiez peut-être pas en forme ce matin-là, mais cette nuit, vous m'avez déçu : la seule chose que vous attendiez de moi, c'est 330 € maintenant, un couvert payé de plus par mois et au moins une entrée en plus dans un carnet d'adresse. Pas mon expertise. Et ça, c'est marrant, mais c'est cette impression que vous aviez laissé à bien de mes clients, partenaires, concurrents...
6 De Microogle - 15/10/2010, 09:28
pas de grossièreté tout est dit :)
7 De Solarus - 15/10/2010, 12:35
"ben en fait on veut pas de toi."
Hum, cette phrase est la partie émergée d'une grosse erreur de communication.
Une association qui se veut fédératrice des acteurs de NTIC, et qui prend des airs de club select à la première remarque construite et constructive, ça n'est pas cohérent.
De surcroît, même en prenant votre point de vue selon lequel Dascritch vous a "piégé" (ce que je pense plutôt qu'il vous a "testé"), cela dénote de sa part surtout d'un degré d'attente et d'exigence nécessaire pour pouvoir faire le lien avec son activité professionnelle.
Dénigrer un tel degré d'attente, agit une fois de plus en défaveur de votre image et du sérieux de vos actions.
J'en suis désolé, mais vous devriez revoir votre communication. Afficher une liste de sponsors longue comme le bras ne suffit pas à garantir une crédibilité suffisante, encore moins une telle suffisance de votre part. (vous me pardonnerez ce jeu de mots j'espère).
Il ne suffit pas de monter des salons et des remises de prix pour être pris au sérieux. Quelle est votre action au jour le jour ? Dans quelle mesure prétendez agir dans le quotidien des entreprises NTIC ?
Autant de questions qui mériteraient une communication un peu mieux construite.
8 De da scritch net works - 03/01/2012, 09:32
Et 2012 on the go !
Parce que 2011, j'en ferais pas une statue de bronze. Eh ben voilà. J'ai été muet, j'ai pas fait de billet bilan, donc je le fais en même temps que mes vœux. 2011 a été une année bien triste...