Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 30 Juillet 2011.

Il faudrait peut-être que je commence par un mea culpa. Lors de la chronique de « Mille Miglia », le premier tome en Juin dernier, j'étais persuadé qu'il s'agissait un premier tirage. Il faut dire que je me refuse en général à lire la notice commerciale, le petit document qu'on adresse aux libraires et aux journalistes pour vendre l'album. Ceci pour garder une fraîcheur et une spontanéité dans ma chronique, plutôt que de parler d'exactement les mêmes influences que certains autres journalistes, lesquels se contentent de faire du copié-collé et de la recherche de synonyme. De même j'avais pas vu 4 petites lignes dans une page de garde, en-dessous du catalogue de la collection.

Et du coup, je me suis fait avoir : Je n'avais pas vu qu'en fait, la série « Mauro Caldi » est déjà publiée depuis un temps. C'est une série publiée entre 1987 et 1993, d'abord aux éditions du Miroir, puis reprise par Alpen. Mais les éditions Paquet sont allées au-delà de la simple reprise : un petit dossier dans le premier tome, les couvertures dessinées spécialement pour cette édition, un rescan des planches, qui ont été nettoyées et recolorisées.

Ce deuxième album s'ouvre en 1957 dans les prestigieux studios de la Cinecittá, où les films qui y sont produits sont à la fois ambitieux et qualitatifs. Nous retrouvons donc l'intrépide Mauro, se faisant recruter comme doublure et cascadeur de l'acteur Gino. Car si Gino est beau comme un cœur, on ne peut pas dire qu'il aie vraiment les compétences requises pour son rôle de pilote de course.

Mauro aime la vitesse, mais il ne pensait pas qu'il emballerait aussi vite avec Cindy, l'actrice star. Pourtant, elle, elle voit plus loin vers l'Ouest, vers les Amériques, vers Hollywood. Vite, très vite, avant que ne se fane sa beauté. Elle qui a peut-être les honneurs des affiches, mais plus dans les films comme « Maciste » que dans un film digne d'une Palme d'Or. Mais pour Gigi Villarosa, le patron de Mauro Caldi, tout n'est pas aussi rose : une vieille connaissance lui envoie ses gros bras, et le menace plus ou moins ouvertement. Le “Dottore”, l'un des maîtres de la pègre locale, est prêt à lui offrir un pont en or, s'il lui retrouve sa fille, Julietta. Une fille qu'il n'a jamais connu. Mais pour Gigi, il est hors de question de se remettre au service du “Dottore”.

L'album tourne plus vers le polar noir, avec un Mauro fougueux et inconscient, prompt à se mettre dans des situations intenables, tandis que son patron Gigi Villarosa, toujours méfiant, se voit rattrapé par un passé que nous sentons trouble, avec des accointances dans le Milieu. Le premier tome était prometteur, ce deuxième change de braquet : il est plus profond, et l'innocence du héros désamorce un peu la tragédie mais ne l'en affaiblit pas.

Graphiquement, rien à redire, avec un trait certes rond, mais précis sur les détails. L'Italie insouciante de la dolce vita d'après-guerre, les filles bien carrosées, les moteurs bien vrombissants et surtout les feux de la rampe, on plonge dedans, tête baissée. Oui, cette série méritait une belle ré-édition.