Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 10 Décembre 2011.

Quand Jacques Martin a créé « Alix » en 1948, le premier tome des aventures du Gaulois à travers l'Empire Romain naissant sont bourrées d'erreurs. Très vite, Martin y fait attention et dès le IVème tome, les historiens louent la qualité des reconstitutions de ce dessinateur méticuleux. Méticuleux et aussi extrêmement exigeant quand il a eu besoin de déléguer une partie de son travail, puis l'entièreté de son dessin.

Dans les années 1980s, est créé une série dérivée innovante : « Les voyages d'Alix », sorte de guide de voyage dans les hauts-lieux touristiques de l'Antiquité Romaine. Servi par un dessin d'une reconstitution archi-précise, relu par des historiens, chaque album est une réelle découverte.
Cet album a été ré-écrit, complété de nouvelles illustrations et mis à jour à l'occasion du XXXème album des aventures d'Alix, « La conjuration de Baal ». Alix et Enak étaient déjà passés à Pompéi dans « La griffe noire », mais on se doute qu'il y a à l'a fois une opportunité commerciale pour l'éditeur mais aussi une très bonne occasion de découvrir l'une des villes les mieux conservées de l'Empire Romain.

Pompéi, détruite en 79 après JC (ou 123 selon l'autre JC) n'est pour l'instant connue qu'aux trois-quarts. Il faut dire qu'elle a été entièrement ensevelie sous les cendres, ses habitants tués par les nuées volcaniques. Et pour l'instant, les fouilles resteront en l'état car si la ville antique est devenue une attraction touristique, elle manque actuellement cruellement de fonds pour maintenir en état les bâtiments restaurés. Pompéi est de plus très proche de Naples, et bien évidemment du Vésuve, qui reste encore un volcan susceptible d'entrer brutalement en éruption. Et hop ! comme en 79 !

Ce qui surprend à lire ce livre, c'est d'apprendre qu'elle avait plus une influence Grecque et Égyptienne avant d'être Romaine. Ce sont aussi les fresques photographiées et reconstituées par Marc Henniquiau, et on se rend compte que leurs peintres n'avaient que très peu à envier à la Renaissance. En lisant ce guide, on apprend aussi que cette ville avaient des Jeux du Cirque bien avant Rome. Ou encore, puisqu'on est en période électorale, qu'à l'époque les murs étaient couverts de graffitis politiques, et les partisans étaient payés par les candidats pour faire leur propagande.

On apprend vraiment plein de choses, le texte est parfois très dense, les illustrations sont… ben c'est de la BD Ligne Claire réaliste franchement irréprochable. C'est jute amusant parce que dans la plupart des reconstitutions de vie quotidienne sont mis en scène Alix et Enak…
Et le guide va au-delà de ces renseignements, c'est un vrai guide touristique qui vous indique les tarifs, heures d'ouvertures, numéros de téléphone et moyens de transports pour aller visiter Pompéi, Herculanum et le musée des fouilles à Naples.

Page 44, une illustration en double page, entre crayonnée et encrage : la destruction de Pompéi vue par ses habitants qui crurent trouver refuge dans le cimetière de la Rue des Tombeaux. Pas de mise en couleurs. On imagine que cette planche est la dernière que Marc Henniquiau a réalisée, avant sa tragique disparition l'an dernier à 52 ans. Finalement, ce disciple de Jacques Martin nous a quitté la même année que son maître.