Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 8 Novembre 2008.
Il aura fallu 11 tomes, 11 univers tous différents les uns des autres pour que Jean-David Morvan envoie enfin son héroïne dans sa vision du Japon, du pays qu'il admire tant avec Philippe Buchet, au point de désormais y habiter tous les deux là-bas.
Leur vision commune qu'ils nous offre dans ce tome est celui du Japon féodal. Plus exactement de la fin de l'ère d'Edo, des incidents de la baie de Tōkyō de 1865 qui allait mener le Japon vers le retour de l'impérialisme et la fin du Shogunat tout puissant et sa politique autarcique. La restauration Meiji, ce fut aussi l'ouverture vers l'extérieur, et la fin des samouraïs pour celui de la grande armée japonaise qui allait plus tard s'étendre sur l'Asie.
Sauf que les auteurs vont en donner une vision critique. Science-fiction bien sûr puisqu'on est pas sur Terre et à une époque complètement différente, space-opera surtout parce que « Sillage » est une série purement extra-terrestre, la seule exception étant Nävis. Ils avaient déjà fortement ébranlé Nävis dans le tome 10 en en faisant la vraie vilaine de l'histoire, du moins selon la propre morale de l'héroïne. Là, c'est une Nävis à la dérive, déboussolée, en plein chaos, ayant perdu amis, attaches, revenus et raison d'être. Et pour subsister, elle va se retrouver à accepter de basses-œuvres d'intérêts privés, de devenir une mercenaire du futur et qui... tiens ! Encore une…
Bref, Nävis ayant tous ses comptes gelés et ne pouvant tirer de revenus de ce qu'elle sait faire, se retrouve comme agent de terrain d'un avocat célèbre, mais surtout un peu marron. C'est contre sa morale, mais elle n'a pas trop le choix. Et surtout, elle sait que c'est sur cette planète médiévale qu'est actuellement Bobo, son dernier ami, et dans de sales draps. Pardon. Kimonos.
L'évolution du personnage est franchement intéressante, Nävis devient adulte, désabusée, beaucoup moins rentre-dedans. Morvan et Buchet jouent d'ailleurs sur le perçu des premiers tomes avec leurs lecteurs avertis, ce qui crée une complicité qui font garder son souffle à la série. La découverte d'un nouvel univers par les deux auteurs très prolifiques reste un plaisir. Mais si vous n'avez pas aimé la série jusque là, il n'y a aucune chance que vous accrochiez à cet album.