Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 8 Janvier 2011.
C'est l'histoire de la réussite éclatante d'un immigré : Roumain Juif ayant échappé aux pogroms de la Russie tsariste, Joseph Joanovici débarque en France dans les années 1920s, devient ferrailleur, fourni à la fois l'armée Française mais aussi l'armée Allemande, prend une place importante dans le crime organisé, puis lors de l'Occupation, il sera à la fois collabo et résistant.
Vous pourriez croire que l'histoire de cet individu n'est que pure fiction, mais non, il a effectivement existé. Et il fut après-guerre celui qui alimentait la rancœur des antisémites, des réseaux d'extrêmes-droites, des tenants nationalistes. Traqué par les magazines, régulièrement conspué dans une presse très à droite comme le Crapouillot, cet individu très peu recommandable s'en est étonnement sorti après-guerre. Oui, mais pourquoi ? Comment ?
Dans le quatrième tome, on est en 1944. Les Alliés ont débarqué, les forces occupantes ne semblent pas capable dans l'immédiat de les renvoyer à la mer. Joanovici joue donc à un double-jeu particulièrement dangereux : nanti de sa carte officielle de la Gestapo, il alimente aussi en arme et en moyens le réseau de résistance “Honneur et Police”. Mais pour lui, il est temps d'éliminer les témoins gênants qui pourraient saboter le nettoyage de son passé.
Même si sa femme et sa fille sont supposées être à l'abri loin de Paris, il doit tout faire pour assurer que le changement de pouvoir ne les mette pas en danger. C'est donc sans vergogne qu'il dénonce des résistants au Allemands, qu'il prépare des preuves pour faire chanter ses anciens amis lors de la Libération, qu'il supprime quelques uns de ses collaborateurs les plus proches tout en faisant fructifier ses affaires.
Le vent tourne pour Joanovici. Mais une fois de plus, il a su sentir le changement, il a su trouver comment s'en sortir, et il n'aura aucune pitié pour sauver sa peau.
L'individu est glaçant, son destin qu'il a façonné dans le sang est passionnant.
Fabien Nury a travaillé sur un western de fantasy (« W.E.S.T. »), puis le scénario du film et du prologue BD des « Brigades du Tigre » et à côté de plusieurs séries fantastiques ou de S.F., il participe à l'écriture de « l'Or et le Sang ». Le banditisme de la première moitié du XXème siècle semble donc être un thème dans lequel il est très à l'aise, pas étonnant qu'il se soit intéressé à l'une des personnes réelles les plus marquantes de la France du Crime Organisé.
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