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Mais passe aux Guignols ! Ah ben oui, tiens ! Studio de la Plaine Saint Denis, 18h. Je fais le tour du bâtiment 104, demandant timidement à un technicien devant l'entrée publique. « Oh mais le voilà ! c'est le petit Xavier ! ». L'accueil de Sandrine est déjà chaleureusement ironique, salutations de Daniel. On me propose d'assister à la première lecture sur les bancs du public.

Chirac et Borloo se font la réplique dans le retour. Enregistrement en cours d'une partie des répliques, puisque Cantaloup a une “obligation” chez Drucker... Ca râle un peu dans le décor, avant qu'ils comprennent qu'il s'agit d'un pré-rec. Le logo "Le Gaymard Déchaîné" n'est pas encore finalisé, mais il rend déjà bien. Générique. « Vous regardez trop la télévision, bonsoir ! ». Vue du plateau vide... “ Ouééééééééééé... ” simule Daniel dans le retour.

« Ah ! Les sales mioches, z'ont même déguisé Maman ... »... en Michael Jackson, marionnette par intérim le temps de refaire la choucroute permanentée de la Première Dame de France. Lecoq s'en étouffe de rire en cabine, escamotant la Fée Carabosse à la fin de sa réplique. Visiblement, les voix déconnent pas mal pendant les lectures, les répétitions sont détendues, et les marionnettistes ne sont pas en reste comme vous lirez plus loin.

Pause café, départ de Cantaloup. Pendant ce temps, à côté de la cabine son, les marionnettistes repassent la VHS. D'autres sont dans la fenêtre en train de répéter leurs mouvements sans leurs marionnettes. C'est marrant et surréaliste, on dirait un ballet. Retour en régie. "Lapin" (nk nk) joue à cache-cache dans les moniteurs de contrôle, coordonnant les marionnettistes. Un ptit coup de talc sur le béret noir de l'Abbé Pierre pour qu'il ressorte mieux à l'image. Afin que les marionnettistes habillés de noir ne se voient pas à l'écran, vu que la fenêtre en fond noir est généreusement illuminé, les caméras sont réglées en "sombre", le diaphragme très peu ouvert. Alors le noir sur noir...

La troisième répétition dans la cabine son des Guignols de l'Info. Daniel, Yves et Sandrine... Je suis donc avec les trois voix pour qui j'écris, dans leur antre, il y a encore un an, j'y aurais jamais crû. Grosse crise de fou-rire des trois, et moi qui me mords au sang le doigt : en réplique finale, la tête de l'Abbé Pierre fait un gros hoquet au moment où Lecoq sort un « C'est pas possib' » impromptu. Dommage, le mouvement ne sera pas gardé, mais visiblement, les manipulateurs aiment eux aussi mettre leurs petits délires en répétition. Sandrine fait un pouce approbateur, Yves glousse dans ses phrases, je serrres des dents.

Sandrine Alexi est actuellement en représentation, juste en face de l'Olympia. J'ai même eu l'honneur d'être invité (radin !) pour son spectacle lors de sa captation. Comme elle n'a que deux répliques pour le sketch 8 ça suffit !, elle demande à bénéficier du même traitement de faveur que Cantaloup. Accordé. Bises...

Retour cabine son. Je m'incruste pour voir la régie vidéo, quand on demande à ceux qui ne sont pas indispensable d'aller sur le plateau. Arg  ? Démasqué ? Viré ? Temporairement : le temps de jouer les rires enregistrés pour un prochain sketch genre sitcom. C'est les vacances, aussi quand le chauffeur de salle demande à tous les moins de 15 ans de lever la main, doit avoir tout le public, sauf les technos et les guests qui sont au premier rang. Comme il s'agit d'un sketch avec Michael Jackson, la prod préfère éviter de faire écouter à l'audience actrice les répliques. “ Allo la Terre ? Ici le Kosovo Libre. ” fait le chauffeur via l'intercom. Toute la pâte des bonnes productions : le plaisir de l'ensemble de l'équipe. ça, c'est une réalité que j'ai toujours cherché à retrouver dans mes émissions, car l'auditeur le sent immédiatement, surtout quand on est censé être dans le registre de l'humour. Leur secret de longévité ?

Entre tous les enregistrements, y'a eu du retard aux “lectures”-répétitions. Ca fait tiquer Yves Lecoq, qui veut suivre le "Grand Journal" pour sortir en impro une réplique via PPD à Denisot. Dans son contrat, l'option Madeleine de Proust des nostalgiques de NPA, le dialogue entre PPD et le présentateur. Le manque actuel des Guignols, ce sont les grandes phrases (“ le monsieur te demande ”, “ oh putain ! j'vais me faire engueuler ”, “ putain deux ans ”, la World Company, etc...). Mais avec un premier ministre qui nous cite du Lorie, c'est du pain bénit !

“ Vous commencez à 19h58 et 2 secondes. Dans cinq minutes ! ” lance l'intercom. Les ordres de la régie finale de Canal Plus sont peut être ce qui s'entend de plus fort en régie. “ Essaie de mieux faire rentrer la fille dans le cadre ”. Tiens... même ceux qui font les andouilles en fin de Guignols sont castés. Je remarque sur un des écrans de contrôle que l'angle de bas de décor est effectivement une incrustation.

« Vous regardez trop la télévision, bonsoir ! ». Une des scriptes annonce chaque fin de phrase qui doit accompagner un changement de caméra. D'un coup, je m'aperçois que la courte durée du programme impose un rythme de montage très speed. La moitié des scènes sont pré-enregistrées, tout le monde est parfaitement raccord. Petit erreur raccord sur un « C'est pas possib' » ajouté aux répliques de l'Abbé Pierre par Lecoq, moitié bouffé par le jingle. Plus tard, le directeur marionnettiste peste sur un léger défaut d'expressivité, l'air censé être surpris de PPD à la fin de son dialogue avec Sarkozy. Juste une tape sur la jambe, mais ça va chier mon Colonel. « À tchao bonsoir ! » Final public, carton géné, c'est en boîte.