Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 5 Mars 2006.

Je parlais tout à l'heure de « Gundam » ou « Macross » (« Robotech » dans la version internationale américanisée). Il s'agit de deux immenses sagas japonaises animées, créées toutes les deux au début des années 1980s. Comme la plupart des séries TV, elles ont été sponsorisées. Toutes les deux par des fabriquants de maquettes, très grands concurrents du jouet. Et le succès respectif de ces deux séries est due à la fois à la passion des fans, mais aussi à la créativité renouvelée à la fois des industriels “mécènes” (qui ont largement récupéré leur mise) et des studios d'animation. À tel point que de bête série guerrière, les deux eurent de nombreuses séries dérivées, parfois étonnamment sentimentales, voire d'un propos mûr. Il faut dire qu'on a fait toute une génération de collégiens de vrais fans, et qu'ils ont mûris. Je veux dire que 40 ans passés, pas mal en sont encore des mordus, dilapidant leur salaire là-dedans, connaissant sur le bout des doigts le moindre élément de la série (genre, j'identifie une arme uniquement à son ombre ou à son bruit, je peux te donner la généalogie de chaque protagoniste...). Au Japon, cela s'appelle un otaku. Terme qui est extrêmement péjoratif, contrairement à ce que l'on pu croire de nombreux Français, indiquant une vie sociale très à l'écart. Ben oui, prenons quelqu'un qui a été fan du film « Star Trek » en 1979, a revu la série originelle, s'est enfilé depuis toutes les déclinaisons, a dépensé 130 000 £ pour transformer sa maison du Hampshire en intérieur USS Enterprise,... Bref qui en a fait 25 années de sa vie comme fan hard-core... Hem !

Revenons au bouquin. « Gundam École du ciel » (chronique du tome 2) est une bd qui s'intercale entre deux séries clés de la saga « Mobile Suit Gundam ». En fait, j'avais lu les deux premiers tomes de « Gundam École du ciel ». J'ai trouvé amusant l'idée d'Asuna, gamine timide et maladroite, qui se retrouve ans une caserne pour apprendre à manipuler d'immenses robots de combats. Et je me suis dit « Bon, pour le 5, je fais un effort et je fais un joli sujet... ». Oui mais voilà, je suis devenu grave accro. Alors que je connais que vaguement l'ordre de succession des séries et très brumeusement l'intrigue générale.

Puisque en m'enquillant les tomes 3 à 5, j'ai appris qu'Asuna, cette fille qui est tout sauf habilité à utiliser une immense machine à tuer anthropomorphique, est en fait le fruit d'une manipulation génétique qui possède du gène d'extraterrestre ennemi. Qu'elle a un “jumeau”, Akira, de la même expérience, devenu pirate de l'espace. Qu'elle l'a rejoint en désertant de l'armée... Rien que là, on bouleverse complètement le destin habituel des personnages principaux des séries « Mobile Suit Gundam ». Ça consiste soit à sauver la Terre et les Humains, soit à prendre du galon dans l'armée.

Ensuite il y a le graphisme du studio mené par Haruhiko Mikimoto. Étonnamment, le graphisme est très doux, les personnages ont une réelle personnalités, voire touchants. Mais d'un autre côté, le respect parfait du moindre mecca, juste dans les modifications faites par certains personnages. Car dites-vous bien qu'en plus du lectorat lycéen, il y a une horde de fans trentenaires prêt à inonder d'insultes les auteurs et l'éditeur au moindre écart de conduite, sur les uniforme, la mécanique, etc...
Car si ça reste complètement virtuel, uniquement de la fiction, certains en ont fait leur vie. Et du coup, pour ne pas leur déplaire, ben le sponsor industriel, l'éditeur et les auteurs sont obligés de garder la cohérence très forte de l'univers, mais aussi de renouveler continuellement l'esprit de la série. Surtout que les dessinateurs font partie des fans très acharnés.

Résultat ? La série « École du Ciel », faussement naïve, est très riche, et elle reste accessible aux néophytes comme aux fans. Très joli tour de force.