Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 6 Janvier 2007.

Le détenu 042 est un condamné à mort, coupable de 7 meurtres particulièrement ignobles. Il a été choisi pour une expérience pilote, censé mener vers la fin de la peine capitale au Japon : lui greffer dans le crâne une bombe qui explosera à la moindre pensée meurtrière ou violente. Suivi par une équipe de scientifiques du Ministère de la Justice, il officie comme jardinier et homme à tout faire dans un lycée.
Au fur et à mesure que le temps passe, les expérimentateurs perdent le contrôle des évènements, la vision simple et manichéenne des officiels se fissure et le désir de vengeance des familles perd de sa fureur.

Le détenu 042 n'est pas le meurtrier froid qu'on a décrit, et tout le monde est touché de son humanité, au point de l'appeler par son vrai nom, Tajima Ryôhei. La lycéenne aveugle Yume est heureuse de converser avec cet homme qui ne la rejette pas à cause de son handicap. La professeur de braille, Ayano, n'est pas indifférent à son charme. Et même le chef des expérimentations, le professeur Shiina semble avoir le béguin pour lui.
Quand débarque le grand-père d'une des victimes, celui-ci menace Tajima. Mais en fait, ce proche endeuillé veut pardonner à sa manière en lui faisant les reproches qu'il souhaitait faire à son petit-fils défunt. Un drôle de deuil et de pardon.

Le détenu 042 est devenu handicapé sociétal, ayant officiellement perdu son nom et donc son identité citoyenne, et un handicapé relationnel, incapable d'exprimer des sentiments un peu forts qui pourraient faire exploser la bombe dans sa tête. Mais c'est la justice japonaise qui se retrouve piégée dans l'affaire : la peine de mort est elle-même une bombe qui peut exploser. Par son barbarisme, sa radicalité, et l'inefficacité de son supposé rôle préventif.
Quand j'ai parlé du premier tome de cette série étonnante, on était en plein dans les 25 ans de l'abolition de la peine de mort en France. Et là, la chronique du deuxième tome se fait encore une fois bousculer par l'actualité.

Figurez-vous que Jeudi dernier, suite au fiasco de la pendaison de Saddam Hussein, le président George Walker Bush a demandé aux autorités irakiennes que les co-accusés du dictateur déchu soient « exécutés de manière humaine et dans des conditions dignes ». J'ai fait tombé ma télécommande en entendant ça en VO.
Il est vrai que dans la constitution des États-Unis, il est strictement interdit d'infliger des traitement cruels et inhumains. Pourtant ce pays applique allègrement la peine capitale, sauf que pour exécuter de manière humaine, ils ont par exemple créé l'injection létale. Pas plus tard que le mois dernier, mon cher George, en Floride, état gouverné par ton frère Joeb, a été exécuté Angel Nieves Diaz. Au lieu qu'il expire sans douleur et de manière “humaine”, l'injection s'est mal passée et il a expiré au bout d'une demi-heure d'horribles souffrances qui ont même révolté la famille de sa victime. Excusez-moi, cher George Walker Bush, mais je ne vois pas en quoi la peine capitale est respectueuse de la dignité humaine.

Ah oui, j'oubliais, un témoignage clé pourrait innocenter feu-Diaz du meurtre qui lui a valu le sien. La peine de mort est terrible car elle est irrémédiable. Elle a en plus l'inconvénient d'assassiner des innocents.