Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 3 Janvier 2009.
On a moult fois parlé ici de cette série (chronique de la série originelle puis des #6, #7, #8, #9 de la série fille) mais depuis deux ans… prrrrt… plus rien.
Reprenons. Après une vie de faits d'armes hallucinants dans un monde sans aucune pitié, Galli, la charmante cyborg de combat a voulu sauver son amie Lou. Ou plutôt la puce qui émule son cerveau. Dans la couveuse, l'endroit le plus secret et le mieux gardé de Jéru, la ville en orbite au-dessus de la Terre. Et pour cela, elle s'est éclipsée pendant le plus terrible des tournois d'art martiaux pour infiltrer l'ordinateur Merlin.
Surprise surprise, les deux derniers tomes racontaient en flashback l'histoire de la dernière période glaciaire suite à un hiver nucléaire, comment fut conçu Merlin et sur quels crimes et quels espoirs furent construits Zalem, Jéru et l'Échelle de Jacobs.
Mais pendant son infiltration, le terrible savant fou Desty Nova arriva à se faire cloner par ses nano-machines, prend le pouvoir sur Zalem et décrète le flan plat national. Complètement givré, quel génocide prépare ce clone, alors que l'original est censé aider Galli ? Pourquoi laisser ces monstres de puissance, qui sont devenus immortels par la technologie, se démembrer à grands coups de marteau-pilon ? Et surtout, pourquoi remplacer tous les cerveaux de l'espèce Humaine par des puces électroniques ?
Yukito Kishiro avait lancé la série originelle « Gunnm », sorte de Mad-Max cyberpunk sur une Terre désolée, une suite de combats dantesques où des cyborgs rivalisent de grosbillismes pour finalement se faire éclater par ce petit brin féminin, ultime combattante maitrisant le Zeist, un art martial développé sur Mars, justement.
La série « Gunnm Last Order » s'intercale dans le dernier tome de l'histoire, et fait remonter Gally vers l'espace où elle affronte le système solaire en entier.
Yukito Kishiro mène seul sa barque. Aussi bien sur le scénario que sur le dessin. Il fait parti des rares mangaka commerciaux à ne pas avoir d'assistants. Il a une imagination débordante, et de multiples inspirations graphiques (Georf Darrow, Masamune Shirow, Simon Bisley,…). Mais reconnait-il lui-même qu'il va un peu trop loin ? Ainsi, cet étrange ligne de dialogue, page 56 : « L'immortalité, c'est comme un mangaka qui n'a pas de limite. Comme ce dessinateur dont le travail ne peut s'achever faute de limite, des mauvaises choses qu'il laisse de côté finissent fatalement par le rattraper un jour ». Aveu d'impuissance à ses fans impatients, ou mea culpa envers son éditeur ?
Voilà un message bien sibyllin pour une série qui est désormais publiée depuis près de 15 ans. « Gunnm » reste un univers trippant, pleine d'imagination et de talent, mais on se demande si la brave Gally n'est pas en train de s'embourber à force de sortir les Deus Ex Machina tout au long de ce dixième tome tout comme les lapins d'un chapeau.