Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 28 Mars 2009.
Les auteurs continuent leur destruction systématique des États-Unis en pleine guerre civile (relire l'interview de Riccardo Burchielli et les chroniques des tomes 1 et 3). Matty Roth est toujours le seul journaliste à vivre au sein de la DMZ, dans Manhattan, dans New-York ruinée et déchirée à envoyer au monde entier des témoignages sur les soit-disant francs-tireurs qui ne sont que des civils pris au piège de cette guerre. Et Roth envoie toujours ces témoignages soit à Liberty News, la chaîne officielle des États-Unis, soit à IWN qui ne prend pas part au conflit. Les FSA n'étant pas structurés n'ont toujours pas de média, ni de propagande.
C'est le procès du jour 204 que doit couvrir Roth. Celui d'un massacre qui a définitivement décrédibilisé l'Armée Américaine auprès de sa propre opinion. Ce que l'on appelle pudiquement des “tirs amis” dans les commandements, ce que les soldats appellent “un foirage complet”, ce que les familles appèlent un “massacre d'innocents”.
Ce jour 204, une patrouille des USA dans le downtown de New-York est à bout de nerfs. Ils reviennent d'Irak ou d'Afghanistan et découvrent que leur propre pays est déchiré. Les opposants du FSA n'ont pas d'uniforme, ressemblent à n'importe quel civil et donc peuvent leur tomber dessus à n'importe quelle occasion.
Une foule qui passe devant la patrouille, un mouvement mal compris. Et c'est un tir nourri sur plus de deux cents civils, qui pourtant manifestaient pacifiquement pour l'arrêt des hostilités.
Des “tirs amis”, c'est ça : peut importe l'origine des balles, ce sont quand même des morts et des blessés. Mais les dégâts sont milles fois pires pour le moral des civils et des militaires de terrains. Ceux-ci découvre qu'ils ne sont pas forcément les “gentils”, et la population qu'ils doivent se méfier d'autant plus de l'armée censé les protéger.
Roth donc couvre le procès de ce foirage. Un tribunal militaire, ce qui veut dire des droits réduits pour la défense, une couverture médiatique minimale pour ne pas trop impliquer le commandement. Mais quand même un journaliste, celui qui, à défaut d'être impartial, est devenu le témoin de la réalité de cette guerre de Sécession.
Et il commence à se poser la question si le Caporal Stevens n'est pas le bouc-émissaire. Non seulement d'un système, mais aussi de ses propres camarades. Le petit jeune du Dakota qui est entrée dans l'armée pour payer ses études a-t-il été suffisamment préparé pour répondre à ce genre de situation ? Alors que s'est-il passé ? Il y avait-il vraiment des combattants armés cachés au milieu de cette manifestation ?
Encore une fois, Brian Wood et Riccardo Burchielli analysent les horreurs de la guerre sur les civils, les effets de la propagande, et les réalités vécues par les humains, aussi bien soldats que civils. La tension permanente qui fait que tout peut déraper. Quand le point de rupture du plus insignifiant élément fait s'effondrer tout un édifice.
Une œuvre majeure, l'héritage de l'ère Bush, qu'il est urgent de lire.