Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 7 Novembre 2009.

Voilà.

Ça c'est un livre qui tombe pile poil pour l'actualité, et dont les derniers évènements tombaient un poil court pour en faire venir l'auteur. C'est dommage...
Halim Mahmoudi est un dessinateur de presse, qui vit à Toulouse et, on imagine à son nom et au quartier qu'il décrit, qu'il n'a pas eu une vie facile tous les jours. Illustrateur, caricaturiste, collaborateur à Intramuros, à la Gazette de l'Utopia, il a ensuite emménagé au Québec où il travaille pour la presse régionale et a été bien conseillé par Régis Loisel.

Et il vient de sortir cette histoire. Celle d'un jeune collégien dont le surnom porte le poids de ses origines. Où il croise quotidiennement une police prompte à contrôler n'importe qui mais pas sur n'importe quel hasard. Où son père est en prison, sa mère a fort à faire et son frère, diplômé BAC+5, doit être le seul de sa promo à ne pas trouver d'emploi.
Alors imaginez l'angoisse de ce gosse de 13 ans, né sur le territoire Français, de nationalité Française, le jour où il perd son carnet de correspondance, mais surtout sa carte d'identité qui était dedans. Alors qu'on parle de reconduites express à la frontière, et de mener au poste de Police les enfants de 13 ans au-delà de certaines heures...
Évidemment, qui peut comprendre son angoisse ?

Alors vous imaginez qu'avec les dernières déclarations de cet immigré auvergnat qu'est Brice Hortefeux ou de ce socialiste d'origine qu'est Éric Besson, le débat sur l'Identité Française soit disant ouvert à tous, ne pouvait tomber en pire collision avec cet album.
Car plutôt que de poser la question « Qu'est-ce qui fait que vous vous sentez Français ?  », il aurait été plus juste de poser une question sous un autre angle : «  Pourquoi, alors que vous en avez le statut, ne vous sentez-vous pas citoyen Français ? ».

Je sais pas si vous vous souvenez de ce papier d'opinion dans le journal Le Monde. Le premier écrit par un de leurs journalistes non éditorialiste : « Moi, Mustapha Kessous, journaliste au Monde et victime de racisme ». On aura beau avoir des diplômes, travailler au mérite dans une entreprise reconnue, rien n'efface un nom, une couleur, des traits de visage, une origine contrôlée. Pourquoi avoir honte de ses racines, de la langue de ses parents et de sa culture ?

Chacun des titres de ce triptyque reprend une des devises de la République Française, ce n'est pas un hasard.

Donc, si l'identité nationale doit être un débat, ce sont ceux qui souffrent de ces mots qui doivent avoir en priorité la parole.
Et cette BD sort à un moment idéal pour en parler.