Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 17 Avril 2010.

Naoki Urasawa était passé quasi-inaperçu en France avec sa série « Pineapple Army » réduite à un one-shot par Glénat y'a une dizaine d'année. Il nous avait bluffé avec « 20th Century Boy », et enfin littéralement scotché avec son magnifique thriller « Monster ».

Dans « Pluto », il nous propulse dans un futur idyllique après une période obscure. Où les grandes puissances politiques règnent d'une manière sûre : la prospérité est là grâce à la robotique, et il y a nettement moins de risques de guerres depuis la pacification forcée du royaume de Perse.

L'inspecteur Gesitch, de l'Europol, est chargé de l'enquête sur le meurtre du robot Mont-Blanc. Un robot très populaire et apprécié pour son travail d'éducation sur la protection de la nature. La peine est immense, les enfants du monde entier versent de chaudes larmes, et on cherche qui peut être le sans-cœur capable d'un tel massacre.

Gesitch a un esprit calculateur, il ne montre jamais d'émotion et pour cause : Gesitch n'est pas un humain mais un robot ressemblant à un humain à s'y méprendre. En fait, il fait partie d'une dizaine de robots construit par les meilleurs scientifiques qui pourraient être classés comme armes de destructions massives. Mais depuis que les robots ont acquis les mêmes droits que les humains, théoriquement, il n'y a aucune raison de conflit entre les deux espèces pensantes.
Avant d'être un robot, Gesitch est un inspecteur renommé de l'Europol. Et le fait qu'il connaissait Mont-Blanc ne va pas altérer son jugement.

Mais après l'assassinat de Mont-Blanc, d'autres personnes meurent brutalement : avocat célèbres, robots très connus. Il semble bien qu'un tueur en série éliminent des robots et des humains militant pour leur cause. Ce qui veut dire soit qu'un homme est gravement désaxé, soit qu'un robot est devenu fou. Les 3 loi d'Asimov gravés dans leurs processeurs, aucun robot ne peut tuer. Il n'y a eu qu'un seul précédent.
Ce mystérieux tueur a décider de tuer les 10 robots les plus puissants et les plus emblématiques. Gesitch en fait partie, et comme les autres membres de cette élite robotique, il a fait la guerre en Perse dont il lui reste des souvenirs très pénibles.

Encore une fois, Urasawa nous met face aux doutes, face aux limites de l'humain et face au mal absolu.

Sauf que si je vous dit que « Pluto » est une adaptation, non pas d'un “Disney” de Carl Burns mais d'un manga mondialement connu par l'auteur classique du genre... Plus exactement ce n'est pas l'adaptation de la série dans son entier, mais d'une seule histoire. Comme le personnage principal ne se dévoile qu'à la toute dernière image du premier tome, vous comprendrez que dans cette chronique, je me refuse de dévoiler justement cette surprise.

Reprendre qu'une histoire qui ne devait faire pas plus de 200 pages dans la série originelle, et nous promettre une série époustouflante, donne une idée du travail qui a été accompli et de la confiance faite par les héritiers.
En fait, on apprend dans les notes de production que Naoki Urasawa voulait utiliser le même character-design que l'histoire originelle. C'est le fils de l'auteur d'origine qui lui a dit qu'il en était hors de question, qu'il fallait qu'il soit lui-même pour se mesurer au maître. Pari intimidant...
Mais pari réussi, et résultat bluffant.