dascritch Drame de la politique anti-Internet: Quand l'Élysée-Montmartre brûle, “Montmartre” est un trend topic, pas “Élysée”. Le web est anti-Sarkozy

Preuve enregistrée mardi en fin de soirée, les dix termes les plus cités sur Twitter en France aka Trend Topics) :

Alors, je vais vous expliquer...
#WithMaroon5 est un mot-clé acheté pour des raisons de publicité pour un groupe de pop Anglais, comme l'indique l'étiquette.
#fx4 est le tag utilisé pour lancement hier de la 4ème version majeure de Firefox, et avec plus de 6 millions de téléchargements en 24h, on peut parler de raz-de-marée.
Jetons un voile pudique sur la télé-réalité donc il était plus question pour s'en moquer que comme d'un art de vivre...
#100factsaboutme est un meme viral,
Maître Capello venait de nous quitter,
Rebecca Black est une fille de 13 ans qui a eu le malheur de se faire escroquer par l'industrie musicale...
euh, Ribery, je crois que c'est une marque de chaussures pour footballeurs,
et Crysis un jeu vidéo sur console.
Donc “Montmartre” est bien cité, mais “Élysée” est absent. Étrange, mais bien intentionnel.

Pour tous ceux qui sont profondément choqués devant un tel parti-pris, je vais juste rappeler les lois et décrets passés depuis 2007, ainsi que leurs effets :

  • HADOPI (loi qui a été la plus poussée par l'exécutif dans toute l'histoire de la Vème République)
  • Sur-“responsabilisation” des particuliers connectés au haut-débit
  • Pouvoir de police délégué à une entreprise privé sans réel contrôles ni contestations possibles
  • Notion de preuve irréfutable et incontestable sur un élément trop facilement falsifiable
  • HADOPI 2 (la mise à jour pour subventionner la catastrophique Carte Jeunes Musique, notez le singulier)
  • HADOPI 3 (l'évolution pour prendre en compte les sites d'offres “légales” officiellement labélisées)
  • LOPPSI (loi fourre tout de la “sécurité intérieure” qui permet de suspendre des sites webs sur des soupçons, sans juge)
  • Réduction des champs d'intervention de la CNIL
  • Tentative de prise de contrôle sur L'ARCEP, dénoncée par l'Europe
  • Réduction des champs d'interventions de l'ANFR
  • Brimages flagrants envers les opérateurs alternatifs comme Free, FDN et OVH
  • Tentative de destruction de la neutralité du net
  • Tentatives d'influence sur les résultats de moteurs de recherche (HADOPI, ARJEL, LOPPSI)
  • Censure automatique sans intervention d'un juge sous prétexte de pédo-pornographie ou de site de jeu en ligne
  • Augmentation générale des taxes SACEM (appareils, supports vierges, abonnements réseaux), même sur les professionnels
  • Augmentation de la TVA des abonnements internet (alors qu'il n'y avait aucune obligation par l'Europe contrairement à ce qu'annonçait le gouvernement)
  • Piège du statut des auto-entrepreneurs
  • Suppression du crédit d'impôt-recherche destiné aux entreprises
  • Tentative de taxation de la publicité sur Internet
  • Projet de taxation contre-concurrentielle des sites d'e-commerce basés en France
  • Responsabilité accrue non-seulement pour les éditeurs mais aussi pour les opérateurs et hébergeurs de sites web
  • Décret d'application contre-productif sur la “sécurité” compromise des crédences utilisateurs
  • HADOPI 4 (projet)
Et j'en oublie...
Nicolas Sarkozy parlait de « civiliser internet », difficile de ne pas y voir une déclaration de guerre contre un média qu'il n'a jamais aimé. Car Internet n'est pas un mass-media (comme les grandes chaînes télés généraliste ou les quotidiens nationaux) lié à un grand groupe industriel, mais un ensemble de médias de niches (Rue 89, Bakchich, PC Inpact, Numérama, ou encore les blogs, les réseaux sociaux) nettement moins influençables...

Mais voilà, à vouloir absolument malmener un espace un peu trop libre, on montre le manque total de respect pour les valeurs républicaines. Et les trop fortes amitiés avec certains industriels n'ont pas vraiment aidé.

La réalité, c'est pas la poussée des extrêmes, c'est l'extrême débandande

Vous pensiez que le Front National a fait plus de votes que lors des précédentes élections cantonales ? J'ai pris le temps d'analyser correctement les chiffres données par la grande presse (je suis loin d'être le seul), et la réponse est... Pas du tout : Si le pourcentage semble plus important, il à peu près identique en nombre absolus de suffrages exprimés...
Ce qui signifie que le problème est plus qu'une démobilisation des militants de l'UMP, un dégoût réel de leur électorat, car eux aussi utilisent internet. Après tout, n'importe quel clodo le sait bien, c'est pas en insultant des gens qu'on remplit plus vite sa sébile. Ben en Démocratie, ça me semblait évident que ça marchait pareil.

Pourtant l'UMP est un parti moderne, qui a prouvé, comme les autres, qu'il savait utiliser Internet pour mobiliser ses militants. Le lancement de leur propre réseau social montrait cette maîtrise par une certaine équipe. Son abandon total, qu'elle était mal épaulée par sa hiérarchie.

Alors, je comprends que les stratèges, les conseillers, la garde rapprochée de l'Hyper-Président se sont dit que le sujet de la liberté sur Internet était trop “geek”, et que personne s'en apercevrait. Avec plus de 20 millions de foyers Français abonnés à l'ADSL, et suffisamment de personnes capables de déplanter autant de PC sous Windows ;) il était évident que le sujet devenait très grand public, même si les mass-media n'en parlaient pas. En termes techniques, cela s'appelle un fail. Mais ce n'est pas le seul :

Un beau fail en plein printemps

En Février dernier, lors du G20, Sarkozy et son entourage auraient discuté avec leurs homologues sur le bon avancement de leur version “civilisée” d'internet dans un pays pourtant démocratique, que le filtrage pour des raisons non-publiques était en bonne voie, ainsi que la possibilité d'écoute d'échanges privés voir l'interruption du réseau si les circonstances le “demandaient”. L'idée serait de faire un ensemble législatif en France montrant l'applicabilité des accords ACTA. Certains diplomates se gaussaient de la mine déconfite de l'exécutif Français quand il apprit qu'au même moment, Barack Obama venait de mettre en demeure le gouvernement Égyptien de rétablir internet sans aucune censure. La position défendue par l'Élysée, ce qui devait être le programme principal de la double présidence G7/G20, était littéralement déconnecté de l'air du temps ! J'imagine leur terrible malaise devant les écrans de télés, et la crainte que les reportages préparés ad-hoc sur la « pacification du web » ne ressortent.
Le programme Français était comparable à la Chine, la Corée du Nord, l'Iran et à Cuba. L'image ne collait pas avec la vague démocratique.

2012, la fin d'un monde ?

Un militant UMP ironisait sur son propre parti, me disant que suite à la baisse de vente des voitures neuves, étant donné que le coupable était Internet, l'Élysée préparait déjà une loi qui allait interdire le téléchargement de voitures par Internet, et taxer les abonnements ADSL.
Comme il est loin d'être le seul de m'avoir dit cette blague cette semaine, cela donne une idée de la... démotivation de la base politique. Les manipulations peu finaudes envers l'audiovisuel public ont juste servi à rendre plus populaire les média online.

À mon avis, vu qu'Internet et bien plus qu'un secteur pour l'économie Française, et vu qu'Internet commence à avoir plus de poids dans l'opinion publique que la télévision, l'élection de Mai 2012 est bien mal barrée pour la droite.

Et c'est un entrepreneur d'une sensibilité de droite qui l'écrit.

Ou alors... je le croyais ?