Il y a cinq ans, pour les 25 ans de Radio <FMR>, je vous avais ressorti mon petit guide du studio. Bien sûr, une très grande partie est désormais obsolète, mais des petits boûts peuvent toujours servir.
Aujourd'hui, pour la Fête de la Musique, je vous présente un instrument silencieux.
C'est mon petit carnet de direct.
On m'a accusé de me prendre pour un chef d'orchestre pour ma manière de mener mon émission à la baguette. Certains m'ont donné un sobriquet tiré du nom d'un dignitaire du IIIème Reich, assez peu flatteur… Désolé, mais après Dieu, je suis seul maître à bord de la régie ! En guise de baguette, je tiens la partition autrement lors des représentations en extérieur…
Il arrive qu'on aie à parler avec les intervenants du plateau de l'émission, mais ceux-ci ne soient pas suffisamment familiarisés avec la radio, ou ne connaissent pas suffisamment vos petits gestes pour converser. Par contre, ils savent sûrement lire. À cet effet, j'ai pris un petit carnet spiralé (7,5 cm × 12 cm, 100 pages, donc 50 feuilles), trois gros feutres (vert, noir et rouge) et sur chaque page griffonné au plus 3 mots en majuscules. La petite taille me permet de le glisser dans mes valoches de productions, sans risquer de le tordre. Il semble qu'avoir un répertoire alphabétique est peut-être le mieux.
Il se trouve aussi que mon PC est installé chez moi dans une vraie régie son. Ou que mon Skype sous Linux soit très capricieux (cela arrive très souvent depuis leur rachat pharaonique par Microsoft ; est-ce un hasard ?). Et donc qu'en cas d'image muette, je peux néanmoins donner une explication à mon correspondant, en général hilare (hein, Xylpho ?).
Ce petit carnet s'est aussi montré précieux en conférence, quand on doit discrètement donner quelques indications sans forcément distraire l'assistance.
Pour les 30 ans de la Fête de la Musique, je vous ouvre ma partition : Le texte de chacune des pages de mon carnet. Avec les couleurs (si vous êtes sur la page de mon blog) et dont l'ordre peut permettre d'envoyer une succession de phrases.
Les tous derniers sont pour se moquer des “Applause panels” des productions tv trop bien huilées.
- On air
- On se calme
- Moins de bruit
- Pas de téléphone
- Sortez, merci
- OK
- Non
- Yatta !
- Installez-vous
- Merci
- Parlez dans le micro !
- Pause
- Maintenant ?
- On annule
- Sujet suivant
- Stop
- Maintenant
- Moins vite
- Plus vite
- Problème régie
- Problème micro
- Problème casque
- Problème diffusion
- Problème enregistrement
- On reprend
- On recommence
- Désolé
- Pas de problème
- C'est très bien
- Continue
- Plus tard
- Applaudissez
- Rires
- Huez
- Soyez stupéfaits
À vous de faire des propositions en commentaires, pour une éventuelle v2.
8 réactions
1 De Jaded - 22/06/2011, 05:19
Nightmares on Wax (Mind Elevation) + The Herbaliser (Very Mercenary) ! :)
2 De Da Scritch - 22/06/2011, 08:50
C'est juste pour voir l'échelle...
3 De Jaded - 22/06/2011, 11:01
J'ai l'impression que c'est le même matos que lorsque j'ai commencé (et putain, ça nous rajeunit pas) ... :)
4 De snufkin - 22/06/2011, 14:28
Vraiment sa tombe a pic, je suis en plain création d'une web émission, pour notre coin le tardis213 et j'ai besoin de savoir beaucoup de chose surtout la partie mon petit guide du studio, bon ces textes hors vision radiophonique sa donne une idée de l'ambiance au moment de l’enregistrement, surtout le "Sortez, merci" vos l'avez déjà utilisé ? XD ...
5 De Mère Teresa - 23/06/2011, 10:14
Vraiment intéressant. En conférence, on avait un carnet "Lapin Blanc" pour la fin des conférences avec marqué "10 minutes", "5 minutes", "4 min", "3 min", "2 min" et "1 min" à l'adresse du conférencier. On le fait aussi parfois avec les doigts pour les 5 dernières minutes.
Il pourrait y avoir aussi un langage comme les plongeurs, non ?
6 De Da Scritch - 23/06/2011, 14:58
Je me rends compte que certains points n'y sont pas, comme un "c'est bon?" ou "vous entendez ?" parce que en général, on pointe le casque pour le signaler. Il est vrai que nous avons une gestuelle très élaborée entre nous.
Snufkin< : cela a failli arriver.
En général, c'est en studio, donc je peux remonter le fond sonore, couper les micros, et faire comprendre. C'est aussi pour ça qu'il y a toujours un fond sonore durant le Supplément Week-End. Et quand je dis que le Podcast d'Ecrans.fr a vraiment été chic de nous accepter pour un enregistrement, c'est qu'accepter des spectateurs, c'est prendre beaucoup de risques.
Quand nous recevons un auteur, il est pas rare qu'il soit accompagné du libraire invitant, et d'un/e compagnon/concubin/partenaire sexuel (etc, revoyez Doctor Who épisode 2), ou de l'attaché de presse de l'éditeur. Des personnes qui ne sont pas tentées par l'esclandre et qu'il serait difficile d'exclure du studio, sachant qu'il y a trois chaises libres.
Quand se sont des amis, cela dépend du degré de confiance que tu peux avoir en eux.
Il y a quelque temps, nous étions invités pour faire notre programme en direct dans une manifestation, qui plus est dans un espace réservé (backstage). Par courtoisie, j'avais commis l'erreur d'y accepter deux personnes totalement étrangères à la manifestation et à notre émission. Ces deux-là n'en eurent rien à foutre sinon profiter de notre buffet et parader. J'ai attendu une pause musicale pour remettre en place, ce qui n'a pas suffit. À la fin de la transmission, j'ai clairement fait savoir à ces personnes qu'elles n'étaient plus jamais les bienvenues, même chez nous. Copain ou pas copain, rien à foutre : l'organisateur nous faisait confiance et nous investissons énormément de notre côté, on va pas laisser les sans-gènes ruiner tout ça. Dont acte.
Nous ne pouvons nous autoriser d'amener des spectateurs ailleurs qu'en studio normal : cela demande un fort encadrement (cas des directs à Angoulême, avec les moyens très impressionnants apporté par le Conseil Général de la Charente) ou d'avoir à les mettre de l'autre côté de la barrière (mine de rien, très important en extérieurs d'avoir tables, barrières et espace de repli).
S'ils ont un rôle établi et utile, leur présence se justifierait : En général pour les extérieurs, il vaut mieux prévoir un chargé de production qui va à la fois chercher les invités pour les amener au plateau en fonction du planning, mais aussi pour éloigner certains indésirables. Comme le direct y est encore plus périlleux, nous avons alors une ou deux personnes de plus, réellement de confiance.
Quand j'étais chargé de la gestion de la radio, il m'arrivait de débarquer dans les émissions qui confondaient le studio radio avec un local pour faire la fête. Je coupais illico la transmission par le système de “bande de nuit” (un flux musical), et engueulait tout le monde. Il m'est arrivé après d'organiser un “tribunal” pour rappeler lesdites émissions la fragilité d'un média associatif. La plupart du temps, on les virait, et leurs noms étaient mis sur une black-list commune aux radios associatives de la ville. La plupart s'en foutaient, c'est dire ce qu'ils apportaient à notre radio.
Mère Teresa< : perso, étant donné que nous faisons une émission sur une radio associative sans réelle obligation de durée, c'est à l'animateur/modérateur à le gérer. Quand nous sommes micros coupés, en général, j'“annonce” la durée restante avant le retour au direct. De facto je gueule quand Dusport est allé faire un café et que Thomas lit Tiercé Magazine.
Aux USA, il existe un système utilisant les feux tricolores (vert, jaune, rouge) pour les débats politiques et aussi certains débats judiciaires pour indiquer le temps restant. Impossible de retrouver une ressource dessus. Wikipedia indique des durées http://en.wikipedia.org/wiki/United... de respectivement 30", 15" et 5" , mais je l'ai vu parfois utilisé pour des réponses chronométrées en 40" ou 20", donc les durées sont relatives.
En radio, nous utilisons généralement une horloge mécanique à aiguilles (les plus riches peuvent se payer une Gorgy http://www.batiweb.com/produits_btp... , les bricolos s'en faire une http://www.poempelfox.de/ntpdcfledc... ). Sur le conducteur du programme, nous avons un cercle pour indiquer des durées, système qu'en fait on a dynamité dès la première année, surtout que l'horloge de la radio est toujours en rade. J'en ai de rechanges, mais trop bruyantes pour un studio radio (eh oui). Lors de l'enregistrement d'Écrans, ils ont une très grande horloge mécanique qu'ils règlent arbitrairement pour estimer la durée de l'émission.
Je te conseillerais plutôt de prendre un pc ultra portable (mon Asus EEE 701 serait parfait dans ce rôle) et mettre une horloge plein écran. Cela permettra à l'orateur de mieux estimer la durée à tout moment.
7 De Ultimatom - 23/06/2011, 15:52
Je rebondis sur la gestion du temps pour nos amis auditeurs qui ignorent tout de notre cuisine interne, en m'attardant particulièrement sur l'écriture de nos chroniques : chaque animateur du "Supplément week-end" a sa façon de travailler et son type de conducteur : Da Scritch nous imprime en plusieurs exemplaires son texte (avec fautes de frappes, noms détournés, et phrases sans verbe qui ont forgé sa légende) pour que nous puissions suivre ses discours fleuves dignes de tribuns d'Europe de l'Est.
Dusport opte pour sa part pour des papiers manuscrits (avec les noms des réalisateurs et leurs bios) au dos de... son courrier, mais heureusement numérotés (ce qui facilite mon boulot quand je retranscris ensuite ses chroniques pour les comptes-rendus des émissions sur ce blog). Une indiscrétion : Dusport termine TOUJOURS ses chroniques à l'antenne pendant qu'il boit son café.
Quant à moi, si j'ai le temps, j'écris à l'ordi une chronique entière structurée pour être lue par un internaute sur mon blog. Ce qui implique que j'intervienne ensuite sur le texte au stylo pour dégager des idées directrices et faciliter ma chronique orale. Sinon, quand je n'ai pas le temps, je structure mon intervention par mots clés. Note : il m'arrive souvent, dans le speed de la préparation, d'oublier au dernier moment ma chronique imprimée chez moi (et là, il faut reconstituer le texte en plein direct dans les locaux de la radio, pendant la chronique de Da Scritch (il adore ça, oui...).
Bref, je me suis aperçu qu'écrire son texte au dernier moment n'était pas automatiquement synonyme de travail bâclé, mais permettait au contraire une plus grande spontanéité. A l'inverse, reprendre une chronique écrite quelques jours auparavant nécessite de s'en ré-imprégner avant la chronique, mais permet plus de recul sur l'oeuvre chroniquée, ce qui est pratique pour certains films dont on perçoit les degrés de lecture après seulement quelques jours.
8 De Da Scritch - 27/04/2013, 10:58
Rajoutés :
- annoncer station (légalement, nous devons annoncer la radio tous les quart d'heure)
- annoncer émission
- annoncer la suite
- coupure musicale
- coupure pub
- coupure news
les deux dernières sont des gags