J'avais chargé la barque sur mon opérateur mobile actuel suite au lancement de Free Mobile, mais en fait, après quelques jours de réflexion, il se trouve que nous n'avions pas tout vu…

Les opérateurs déjà en place n'avait pas imaginé ce qui arrive. Moi, j'ai simplement regardé ce qui est déjà arrivé. Et pour mieux voir, il faut prendre du recul, dans le temps, quitte à passer pour un vieux dino,…

Free, une leçon d'histoire mais aussi de business

Le FAI Free s'était lancé à une époque où pour le particulier et la PME, le seul moyen d'accès par internet était le modem, une boîte qui crissait dans le téléphone fixe à un débit maximal de 56 kbd.

En 1997, l'accès à internet en France, c'était deux types d'opérateurs :

  • Ceux qui faisaient payer soit un abonnement, soit un forfait d'accès à internet (comme pour le Toulousain Cybernet). Les prix de ces opérateurs tenaient au delà du luxe, quasiment dans la dépense somptuaire quand on y ressonge. En général, ceux qui le pouvaient passaient aussi par le Numeris à 128 kbd
  • Ceux qui étaient gratuits, mais inséraient de la publicité dans le navigateur à chaque page chargée. Cela voulait dire que dans les petits écrans de l'époque (640×480), un bandeau d'environ 48 pixels était placé le plus près possible de la barre d'adresse, et ensuite venait la page web qu'on consultait.

La première révolution Free : vraiment free

Free est donc arrivé avec cette publicité :


aussi disponible ici

À l'époque, le business-plan de Free devait tenir dans les espaces pubs des portails. On était en plein pendant la première bulle spéculative des startups, et on imaginait pas encore qu'un jour il fallait bien arriver à une rentabilité pour que ces affaires tiennent.

Mais en 1999 était enfin arrivé en France une technologie, l'ADSL qui permettait à la fois le haut-débit, l'accès permanent à internet et de pouvoir libérer sa ligne téléphonique normale pour des conversations à la bouche. Qui plus est, la réglementation allait obliger France Télécom à s'ouvrir à la concurrence, et donc à louer le brin de cuivre entre l'abonné et son central téléphonique, le dégroupage du fameux last-mile.

Néanmoins, l'absence de législation pour faire réellement plier l'opérateur unique lui laissait des coudées plutôt franches. Les coûts de revente de France Télécom étaient très importants et donc les offres ADSL de l'époque (notamment Club Internet, Calvacom, Internetway) assez chères quand on voulait aller au-delà de 128 kbd en réception, et un volume supérieur à 1 G par mois.

La deuxième révolution Free : le forfait unique ADSL et la box triple-play

Quand Free s'est lancé dans l'ADSL, ils ont fait s'effondrer les coûts, ne proposant qu'un seul et unique forfait, où que l'on soit en France Métropolitaine. Fini les forfaits qui limitaient commercialement leur débit ou la consommation. Et le premier forfait dont le débit disponible augmentait avec le temps sans augmentation tarifaire, et tout simplement en suivant les évolutions technologiques. D'où cette pub :

Qui plus est, l'opérateur proposait (dans certaines zones) un modem ADSL particulier, de la taille d'un magnétoscope VHS, avec deux prises téléphoniques à l'arrière, et une prise péritel encore inutilisable. L'équipe de Xavier Niel avait imaginé un concept, le triple-play (Internet + téléphonie + télévision), et un engin, la box ADSL, qui allait transformer le marché et le dicter pour les 10 années suivantes.
L'internet haut débit devenait "utile" aux familles, et plus uniquement aux nerds boutonneux, par :

  • l'arrivée des coût de téléphonie fixe très réduits
  • la télévision de complément sans être engagé dans le cable ou un opérateur satellitaire
Ce fut une réelle révolution à l'échelle mondiale, puisque ce concept a été copié et adapté partout.
À ce jour, Free est toujours le premier opérateur au monde de télévision par ADSL.

Ce fut une autre baffe pour l'opérateur historique car à l'époque, passer un coup de fil de filaire entre Paris et la Province était facturé 1 FF/mn. Avec un système complexe de tarifs en fonction de l'heure (j'appréciais le “bleu nuit” à -65% après 23h30) .
Aujourd'hui, appeler Marseille, Paris, New-York ou Berlin vaut le même prix : 0 €.
Inimaginable en 2001.

Free allait aussi remettre en cause le business-plan des deux opérateurs de télévision par satellite (TPS et Canalsat) ainsi que des cablo-opérateurs en proposant un moyen simple de s'abonner à des chaînes à l'unité. L'offre des télévisions de complément est devenue fragmentable en packs plus petits. Et contre ça, à l'époque, les opérateurs visés sortaient déjà des arguments oiseux.

La troisième révolution Free : le mobile

Ça, c'est une révolution qui est bien plus Franco-Française, mais elle est d'importance pour notre pays, car elle va durablement changer le paysage de la téléphonie mobile qui s'était figée depuis 1999 et des derniers forfaits illimités.

Le fait que tous les opérateurs réduisent subitement leurs prix démontre qu'il y a eu entente illicite sur le dos des consommateurs. Le terme « pigeon » employé par Xavier Niel lors de sa conférence de lancement n'a pas été galvaudé.
D'où ces parodies qui fleurissent depuis une semaine :


(Merci à Marc Chouteau, estimé concurrent avec qui j'ai une entente licite)

Tarifs de Bouygues Télécom pour 1h de communication en Octobre 2000 La légende dorée veut que l'équipe de Free a créé le forfait à 2 € suite à leur colère des « forfaits RSA » voulus par Matignon, en faisant le calcul de rentabilité effective. Je pense que cela vient aussi d'autres calculs (merci à @MegaLuigi pour cette perle) et notamment l'évolution du prix de gros qui n'a jamais profité au consommateur final.
Ce nouveau forfait va aussi remettre en cause une économie qui veut que les plus pauvres paient systématiquement plus cher.

Le forfait à 2 € annonce aussi la mort des cartes prépayées. Scandaleusement chères et d'un usage très limité dans le temps (elle deviennent invalides après 3 mois d'inutilisation) , elles n'auront aucune justification économique, du moins pour ceux n'étant pas exclus bancairement.

Des torrents de data

À mon point de vue, sur sa brusque augmentation du fair-use des communication data, c'est pas sûr que les smartphones se vendent mieux, mais ils seront beaucoup plus utilisés avec à la fois le relèvement du fair-use, mais surtout avec une bascule transparente sur les réseaux WiFi (Le EAP, j'en parle plus bas), ce qui permettra à Free d'éviter de trop grandes saturation de son réseau dans les zones denses.

Une base de cellule GSM (image tirée de mobilecomms-technology.com) La ressource radio est limitée, donc le débit disponible l'est aussi, et il faut le partager en fréquence et en temps selon le nombre de clients qui en demandent dans un espace géographique donné. Les opérateurs déjà dans la place (Orange, SFR et Bouygues, sans compter les MVNO qui sont obligés de suivre la politique du réseau qu'ils louent) avaient une approche télécom : faisons comme si la ressource était plus coûteuse, pour vendre des paliers de données aux gens qui sont prêts à dépenser.
Le calcul économique de Free est relativement simple : Une base de réseau mobile, c'est un émetteur radio. Quand il émet, qu'il occupe 100% de sa bande passante ou zéro, c'est exactement le même prix en équipement et en entretien. Laissons faire les protocoles GSM (2G) et UMTS (3G) faire leur boulot de gestion des priorités, ils le font exceptionnellement bien (par comparaison, la norme concurrente Américaine CDMA-ED-VO est à la ramasse en zones denses). On peut donc vendre à un tarif ridicule si on a beaucoup d'abonnements vendus et aucun travail à faire pour discriminer la clientèle.
Si le réseau sature à un endroit donné, on installera des Freebox avec WiFi communautaire pour redonner de la fluidité au trafic, ce qui coûte encore moins cher (Une Freebox : 300 €, une ligne ADSL louée à FT, 14 €/mois et l'usage du WiFi ne demande pas de payer une licence à l'État).

Il appliquent à la téléphonie mobile le même calcul qu'ils ont fait pour l'ADSL.

D'un autre côté, si la télé sur mobile n'a jamais décollé en France, je fais le pari qu'avec le roaming vers leurs hot-spots WiFi, donc son réseau ADSL, Free va proposer les chaînes déjà disponibles en format bas-débit pour les téléphones mobiles. Sauf qu'il ne s'agira pas de chaînes retaillées pour les mobiles et aux rabais, mais des chaînes dans leur format original.
Cela serait une belle claque aussi pour ceux qui souhaitaient vendre des emplacements de diffusion, et donc ne proposer qu'un line-up restreint de programmes. Cela reste à voir si cella se passerait, mais si c'est le cas, il y aurait une importante remise en cause de la stratégie tv sur mobiles qui a été un fiasco.

Du vrai internet

Le corollaire d'un fair-use aussi important (3 Go de données, du jamais vu en France pour de la téléphonie mobile) implique aussi un usage décomplexé du surf sur iPhone/Android/BSoD7/etc, donc, pour nous, développeurs et designers de sites web, que nous n'auront plus aucune excuse pour mal faire des sites webs :
il faudra faire plus de sites compatibles pour les small-devices, et bannir les sites avec des versions « optimisées pour téléphones mobiles » (genre celui de la mairie de Toulouse).

Autre point important : lors de la conférence de la semaine dernière, Xavier Niel a bien précisé qu'aucun protocole ne sera filtré. Internet mobile sera du vrai internet, et pas une version réduite du web et des e-mails. Il a précisé que même le peer-to-peer sera permis. Or une application célèbre utilise lourdement le peer-to-peer en entreprise : Skype.
Skype utilise exactement le même protocole décentralisé, chiffré et auto-nettoyant du défunt KazaA, seul l'usage diffère (d'où la stupidité dans Hadopi d'interdire un protocole). Et Skype propose les communications gratuites. Avec le forfait eat-as-you-can, Free Mobile n'a plus aucun intérêt de filtrer Skype, puisque le business model de l'opérateur ne consiste plus à revendre au prix d'un concert de Johnny la minute de communication.
Ce qui veut dire que si votre client préfère vous contacter par une application VoIP ou de visioconférence, que cela soit Skype ou Jabber audio (Gtalk) ou les bulles de Google+, en tant qu'indépendant, je ne suis plus coupé de mon business à cause de calculs foireux des commerciaux de mon opérateur mobile.


Jen initiée au vrai internet, dans un épisode hilarant de The IT Crowd

Dernière conséquence de ces forfaits sans limite honteuse, c'est que l'opérateur ne perd plus du temps à faire du capping, à modifier le trafic internet, ou à faire du DPI. C'est donc plus de moyens mis en place sur la construction de l'infrastructure plutôt que pour maintenir des DRM absolument scandaleux. Eh oui, le fait qu'un opérateur télécom filtre internet peut être comparé à l'infection kafkaïenne de nos machines.
Lors de plusieurs démonstrations clients de mes produits, mon téléphone s'est mis à retourner des messages d'erreurs supposés venir de mes serveurs, sauf que ceux-ci n'avaient jamais rien reçu. Un filtrage indigne et mensonger, digne d'une dictature. Alors évidemment, le service client de mon opérateur m'a conseillé de prendre une clé 3G. Mais ce forfait supplémentaire m'aurait-il garanti que je n'eusse pas eu exactement les mêmes “bugs” provoqués par les proxy de mon opérateur ? Aucun.
Et surtout, pourquoi m'empêcher de faire des actions, que cela soit avec mon téléphone ou avec mon ordinateur, qui restaient dans le cadre de la limite de consommation internet ?

Free Mobile semble se poser comme véritable opérateur internet, et pas un opérateur télécom. Et ça change tout.

Des téléphones mobiles propres

1201-FreeMobile-orangeworld.png Le système de renouvellement de portables avec des points, avec une valeur impossible à estimer, va passer un salle quart d'heure. Il faut savoir que dans certains pays, comme la Belgique, la subvention de portables par l'opérateur mobile est interdite car elle est vue comme un frais caché pour le client.
Ça en sera aussi fini du branding de portable par les opérateurs qui, non seulement y mettent leur logo, mais en plus chargent l'OS avec leurs applicatifs, surcouches, addons spécifiques et rarement propres.
Un spécialiste design UI de Nokia me disait que ces environnements ajoutés par les opérateurs dans les téléphones comme Orange World, Vodaphone Live, etc... ruinaient systématiquement l'expérience utilisateur, car cassant le paradigme de l'interface, tout en pompant de précieuses ressources. Et ceux qui regardent un peu les arcanes de leurs smartphones savent combien ça pompe lourdement en ressources.

Je sais que ma sortie admirative envers Apple et son iPhone resté pur a surpris, mais elle était sincère : Le concepteur de Cupertino a su toujours résister à la pression des opérateurs d'y ajoûter leurs conneries “environnement”. Ne pas avoir dit “oui” une seule fois à un tripatouillage en étant vierge dans ce marché et en ayant besoin des opérateurs pour y être introduit, cela reste un exploit.

Beaucoup moins de boutiques

Quand un magasin fermait, il y a 8 ans, il était remplacé par une agence bancaire ou un distributeur de billets (ou un garage).

Depuis 7 ans, ce sont les magasins de téléphonie mobiles, soit en licence d'enseigne d'un opérateur, soit en franchise d'un distributeur (The Phone House,…) qui… pullulent, littéralement.
Seulement, ces magasins ne doivent leur existence économique que par les importantes commissions qui sont reversées à chaque ouverture/renouvellement de forfait.

Free compte ouvrir un réseau de magasin. Xavier Niel parlait d'une centaine, soit grosso-modo un par département. À mon avis, l'idée est plus d'en faire un point de présence et éventuellement une base de déploiement pour les techniciens d'intervention sur site.

Et à propos de banques, celles qui se vantent de proposer la vente de forfaits dans leurs agences et le renouvellement de cartes prépayées dans leurs DAB vont devoir prendre une décision cette année. À mon humble avis, la meilleure serait d'abandonner cette activité qui n'a aucun lien avec leur métier. Ça tombe bien : nous, consommateurs, demandaient justement aux banques de détail de revenir à leurs basiques.
Xavier Niel, ça serait bien que tu vises aussi les assurances, qu'on casse cette stupidité des bancassurances.

Le problème du débit

Internet, series of tubes

Si Free a eu sa fréquence 3G pour “seulement” 240 M €, c'est aussi parce qu'ils n'ont emporté qu'un tiers de fréquence par rapport à ce qui a déjà été attribué aux trois opérateurs déjà en activité. Or, s'il a été possible d'augmenter exponentiellement le débit d'une paire de cuivre torsadé, la même opération est quasi-impossible dans une gamme de fréquence fixée à l'avance. On est donc sûr qu'en gamme 3G, Free aura 3 fois moins de débit à proposer à sa clientèle que Orange, SFR et Bouygues.

Autre problème, ce sont les “radio-sensibles” (impossible de statuer sur le fait sans aucune étude et surtout certains “hyper-sensibles” capables de faire démonter des émetteurs… jamais allumés), sujet qui mobilise un certain nombre de militants dans des associations assez remuantes. Dans de nombreuses villes, des maires tentent donc de freiner le déploiement de nouveaux émetteurs, ce qui rend forcément l'implémentation de Free difficile face à ceux déjà en place.

Free a trois a quatre fois moins de fréquences que ses concurrents. donc un switch obligé au WiFi, au femtocell et à la 4G.

C'est pour ça que les SIM distribuées par Free proposent la norme EAP-SIM, qui permettent de commuter sur les réseaux Free-Wifi accrochés, donc sur les Freebox du voisinage. Avec la déconvenue des lois Hadopi, on peut ouvrir sans souci son partage WiFi, donc ça devrait aider à couvrir/fragmenter/densifier dans les zones denses.

Une deuxième solution pour augmenter les débits, est de tout simplement avoir très peu de clients qui se connectent à une cellule émettrice, donc d'avoir une zone de diffusion très réduite. Et là, il semble évident que Free va très vite proposer des femtocell, c'est-à-dire des cellules émettrices de réseaux 3G, mais au lieu de couvrir plusieurs km², leur portée est réduite à quelques appartements, requiert juste une prise électrique et d'être reliée à une Freebox, et surtout ne demande pas d'installer de grandes antennes ou des autorisations de construire.
SFR distribue déjà des boîtiers femtocell, mais l'usage de celles-ci est limité à un nombre de portable très réduits : 5, désignés à l'avance. Bref, d'une utilité illusoire si vous voulez couvrir une entreprise ou un restaurant dont une partie est mal couverte par votre opérateur. Pour une raison qui m'échappe… attendez, n'est-ce pas à cause du prix royal que SFR refacture à ses clients, tout en leur louant leurs femtocell ?

Une troisième solution serait de miser sur la 4G, aka LTE. Free a bien emporté les deux meilleurs blocs lors des enchères de Septembre dernier
… Mais la boîte de Xavier Niel a une sacré pépite dans son coffre : l'opérateur a racheté la concession totalement déficitaire de WiMax. Une technologie qui n'a jamais réussi à décoller commercialement car Intel n'a jamais tenu sa promesse de rendre tous ses chipsets compatibles avec cette norme. Mais le WiMax occupe justement une bande de fréquence utilisable par le LTE. Or, une directive européenne va autoriser les opérateurs ayant une concession de fréquence de ne plus être restreint à une technologie précise. Donc, Free a acquis la licence de Bolloré sur le WiMax a un prix modique, et pourra s'en servir pour y déployer du LTE.
Là encore, une très belle économie et une vision à long terme.

4 Milliards d'€ ? De manque à gagner pour l'État ? SRSLY ?

Il se murmure dans des milieux très bien informés (un opérateur mobile) que les forfaits Free pourraient coûter 4 milliards d'€ à l'État.

Malgré le nombre d'erreurs assez affolantes lues dans la revue Challenges, et sa propagande forcenée pour les Graaââandes Écoles à longueur de page…
…ça n'est pas forcément un troll.

Même si je pense que ce chiffre nombre est franchement exagéré, ça m'étonnerait pas qu'il dépasse le milliard d'euros d'ici deux ans. Ce qui veut dire qu'à Bercy, nos têtes pensantes du Ministère du Budget n'ont sûrement pas vu venir les conséquences de la disparition de l'entente illicite entre les 3 opérateurs mobiles. Après tout, chaque client chez FT contribue à 1,47 €/mois aux dividendes des actionnaires… Et qui est actionnaire historique de Orange/FT ?

Concernant Orange, il ne faut pas oublier qu'il leur reste le réseau ADSL qu'ils gèrent en totalité (via le last mile), les flottes de très grandes entreprises et des collectivités locales et surtout toutes ses filiales Françaises et Étrangères. Orange ne se beurre pas uniquement sur les mobiles.

Même si en général les Français on plus tendance à économiser sur le moindre gain plutôt qu'à dépenser (une gestion économique en bon père de famille), on peut espérer que tout ne parte pas dans les bas-de-laine, et que la consommation va quand même y gagner.

Ce qui est très ironique dans l'affaire, c'est que la concession sur la ressource publique qu'est le spectre électro-magnétique a été une rentrée d'argent exceptionnelle (240 M d'€ après trois rounds infructueux, versé en une seule fois) et bienvenue pour le Ministère des Finances, et qu'il risque de se retourner contre lui.
J'aimerais pas être à la place des économistes de Bercy, surtout que la France a perdu son triple A dans la même semaine.

¡ Hasta la revolución, pero…

1201-FreeMobile-ElChe.jpg
Source image : Menly

…il ne faut pas rêver : Xavier Niel est un patron, Free est une société capitaliste.

Ce qui a fait son succès jusqu'ici, ce sont quatre choses :

  1. des possibilités techniques, avec une réelle envie d'innover
  2. une sérieuse envie de gagner des parts de marchés par cet investissement plutôt que reverser aux actionnaires
  3. un pouvoir décisionnel tenu par des techniciens, pas par des commerciaux
  4. et un scandaleux immobilisme établi depuis plusieurs années
Bref, sa révolution est purement consumériste : sa société séduit le consommateur car elle cherche la meilleure solution disponible pour la proposer au prix le moins cher.

De mes prédictions, on verra celles qui se réaliseront, et celles où je me suis montré aussi ridicule qu'un Alain Minc donneur de leçons. Mais une chose est sûre :

Dans dix ans, la téléphonie mobile n'aura plus rien à voir avec maintenant ni ce qu'avaient prévu les opérateurs déjà en place.