« Les aventures extraordinaires
d'Adèle Blanc-Sec »
#1 : « Adèle et la bête »
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Éditions Casterman |
Aussi bien dessinateur de presse (Libération et Charlie Hebdo) qu'illustrateur de romans (les oeuvres de Céline pour Folio), Tardi s'illustre (ah!ah!) par les domaines qu'il attaque. Il débute en 1969 chez Pilote et sortira son premier one-shot « Rumeurs sur le Rouerge » en 1976 avec Pierre CHRISTIN. Il adapte souvent des écrivains comme Patrick MANCHETTE (« Griffu ») ou Didier DAENINCKX (« Le der des ders ») ou Léo MALET (« Nestor Burma »). Sa vision du genre humain est en général très noire.
Retour après plus de dix ans d'absence de ce mystérieux Paris début de siècle où les momies boivent leur whisky sec, les loups-garous vont au Moulin Rouge et où Adèle Blanc-Sec ne s'étonne plus de rien !
Créée en 1976, elle a tout (oui, tout!) connu: endormie durant la première guerre mondiale, elle sera réveillée par Brindavoine, celui qui s'est amputé à deux jours de l'Armistice. Elle a déjà eu droit à une floppé de savants fous, de sectes apocalyptiques, pour le côté polar déjanté. Et à des gargouilles, des démons pour le côté roman gothique.
Bref, en plein dans le Paris des années folles, Adèle Blanc-Sec nous joue des histoires dignes d'Howard Philip Lovecraft, mais l'humour en plus ! Entre les gargouilles de Notre Dame qui prennent vie, les momies qui réssussitent (et qui de plus s'intègrent totalement à la Belle Époque)... rien ne semble normal dans sa vie, mais pour elle, qui écrit des feuilletons, c'est son quotidien !
En 1922, le "Dentiste", criminel notoire sort de prison. Or, quelques heures plus tard, un de ses anciens complices meurt. Comme Adèle Blanc-Sec a déjà eu affaire à cet oiseau, pas mal de gens la soupçonne. Et comme si peu de monde lui tombait dessus, un limule sort du robinet de son lavabot. Oui, oui, une chti grosse de bestiole bizarre, invertébré de taille gigantesque ! Et pire que tout, Adèle souffre horriblement d'un dent... C'est bien le moment d'aller voir un dentise ! Alors qui peut bien jouer de la flûte traversière dans les égoûts ? D'où vient cette bête exotique ? Et quel charcutage prépare le Dentiste ?
Les histoires, bien que s'auto-référenciant pour certains faits, peuvent se lire indépendemment, comme one-shots. C'est peut-être la série la moins triste de Tardi. De « Tueur de cafards » au « Der des ders », inutile de dire que bien peu de ces b.d. soient franchement poilantes. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est avec la série qui est la moins proche de son oeuvre (sur l'atmosphère) que Tardi sera connu. Une oeuvre qui joue sur l'esthétique b.d. et une écriture proche de la littérature fantastique du début du siècle. Un régal ! Hélas, Tardi n'est pas connu pour s'attarder sur un personnage particulier. D'où le faible nombre d'albums dans cette série... Voilà pourquoi on attend avec impatience le prochain opus « le labyrinthe infernal ».
Une remarque intéressante : Durant les glorieuses heures du plan « Télévision Haute-Définition », un pilote d'une vingtaine de minutes a été tourné, mélant acteurs et images de synthèses signés Ex-Machina. Si par hasard vous avez des nouvelles de cet étrangeté digne d'Adèle Blanc-Sec, n'hésitez pas à me contacter !
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Xavier MOUTON-DUBOSC chronique: Loi des séries «IN`DIGEST» #136 20 X 1998 Web 21 X 1998 |