« Histoires du conteur électrique »
Éditions Dargaud
Scénariste/Dessinateur Fred
Grand poète de la b.d., il fut pilier du premier Hara-Kiri dont il fit la couverture la première année. Il créa pour Pilote le périple de « Philémon » sur les lettres de l'Océan Atlantique, mélant invention graphiques et narratives. Divers albums auto-édités (dont le « Magic Palace Hôtel »), son ouvrage sorti juste avant fut « l'histoire du corbac aux baskets », celle d'Armand qui n'était qu'un pauvre bougre. Fred est un conteur merveilleux qui parle à nos coeur, et qui passe des heures dans son bain (quand il ne plonge pas) à créer des nouvelles histoires.
La télévision vue de son côté impitoyable, loin de ses "Télé revue". L'histoire de Canal Moi, la chaîne la plus regardée, donc la plus mauvaise, et de son président, immondément colérique, égocentrique, irascible, toujours accompagné de son âme damnée Faucu.
Mais pourquoi l'audience de Canal Moi faiblit ? Et même celle des autres chaînes ? Pourtant elles aussi avaient mis des programmes aux aspirations du public (comprenez « mauvais »)...
C'est aussi l'histoire d'Hyppolite Mousse, ex-releveur de compteurs électrique, cloué au lit suite à un accident de travail: une grosse décharge qui l'a rendu infirme. Tous les soirs, il parle avec Madame la Lune, qui se fait un plaisir de raconter ses histoires ; elle en invente une par an, cela fait 4 milliards de belles nuits en perspective gratuitement et sans publicité que tout le monde peut capter à condition de couper l'électricité. Du moins, jusqu'à ce que le Président décide de mettre fin à ce scandale et ramener la niaiserie.
Poétique à fond, on y retrouve l'un des plus grands albums de Fred, et c'est un énorme plaisir que nous captons nous aussi. Une fable où personne n'est réellement méchant, car tous doivent avoir des circonstances atténuantes (comme le dit Fred). Une oeuvre qui ne veut pas dénoncer, mais juste s'amuser. Et ça, c'est énorme!
©
Xavier MOUTON-DUBOSC chroniqué: «IN`DIGEST» IX 1996 + Interview «Tu sais quoi» 29 X 1997 Web 10 III 1998 |