Les éditos d'
Émission nº145, diffusée le Mardi 5 Janvier 1999.Sujet : Hommage à Jean-Claude FOREST.
© Xavier MOUTON-DUBOSC / <FMR> France - Janvier 1999.
« Chaque début d'année en b.d. se commence tristement. Il y eu Hugo PRATT (« Corto Maltese »), Burne HOGARTH (« Tarzan »), André FRANQUIN (« Gaston »), voilà que le 30 Décembre dernier, c'est le créateur de « Barbarella », Jean-Claude FOREST, qui nous a quittés.
Barbarella fut la première héroïne érotique de la b.d. française. Cette "Flash Gordon" au féminin apparu en 1962 avec sa S.F. délicieusement fantasy, où Serge GAINSBOURG l'aurait laissée à regrets. Sa mission: porter le message d'amour universel. Roh oui ! Elle fut publiée aux États-Unis dans la revue intello "Evergreen", là où écrivaient Kerouack et Becket ! En 1968, Elle fut incarnée à l'écran par Jane FONDA dans un film délicieusement psychédé-kitch tout vinyle de Dino DE LAURENTIS (qui massacra quinze ans plus tard « Dune »). B.D. réellement adulte par le message, l'humour et aussi par les allusions (sexuelles), sa publication dans un magazine de très bas prix "V Magazine" suscita mille fois moins de remous que la sortie de son onéreux album pour le film. La censure a ses raisons qu'elle préfère censurer d'elle-même! À l'origine création "coup de tête", il semblerait que l'auteur fut surpris du succès de sa b.d., au point de ne donner suite qu'épisodiquement dix ans plus tard. Une suite chaotique à cause de la censure, mais qui fut publié dans "Linus" en Italie (célèbre revue de b.d. d'auteur) et dans "l'Écho des savanes".
Outre sa sulfureuse héroïne, il a collaboré à plusieurs publications pour enfants: "Vaillant", "Frimousse", "Pif", "Pilote", "Okapi". Il fut aussi l'un des créateurs du Club des Bandes-Dessinées dans les années 1960. Il réalise pour l'ORTF une série d'animation, « Marie Mathématique », avec Serge GAINSBOURG.
Récompensé du Grand Prix de la Ville d'Angoulème en 1984 pour l'ensemble de son oeuvre, il fut aussi scénariste pour Jacques TARDI (« Ici même » dans le premier numéro d'"(À suivre)"), Max CABANES (« Roman de Renart » dans le même numéro), Paul GILLON (« Les naufragés du temps ») et pour Alain BIGNON (« Il faut y croire pour le voir », sa dernière oeuvre en 1996).
De la science-fiction sensuelle à la poésie fantastique, il aura montré un certain éclectisme et la recherche d'un bande-dessinée en dehors des sentiers battues, parfois racoleuse mais toujours surprenante.
Né en 1930, Jean-Claude FOREST s'est éteint la semaine dernière.
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