Parce qu'en Novembre, c'est les élections présidentielles aux USA (bon, pas que ça, mais bon). Et si le XXIème siècle semble déjà souillé des errements du vote électronique, le XXème siècle a été aux États-Unis celui de la publicité politique. Car, comme dans bien d'autres démocraties, elle y est autorisée, aussi bien dans les journaux, qu'à la radio et la télévision.

Et il y a de quoi choquer : le manque d'équilibre dans les temps d'expression, qui sont finalement dictés par le budget électoral. Est-ce ça, un réel débat politique dans des règles démocratiques ? On peut parler d'un président Français qui, selon ses adversaires de l'époque, aurait pu virer dictateur : Charles de Gaulle. Je n'en suis pas fan, mais je suis admiratif de son sens civique. En instaurant le Suffrage Universel pour la Présidence en 1965, son intelligence a été d'imposer une équité de traitement à l'ORTF. Car à l'époque, la radio et la télévision étaient monopole public. Il n'y avait pas un Porte-Parole, mais un Ministre de l'Information.

Bref, une toute jeune Vème République qui aurait pu vite virer IIIème Empire. Mais quand on l'a sorti de Colombey-les-Deux-Églises en 1958 pour rédiger sa Constitution, le vieux sort cette phrase lors d'une conférence de presse : « Comment voulez-vous qu'à 74 ans je commence une carrière de dictateur ? ». 7 piges après, ce Général ancien félon putchiste retire au Sénat sa prérogative de l'élection du Président pour en faire une démocratie, et pas dans le sens "démocratie populaire" de l'époque ! Et en plus, il impose une campagne audiovisuelle équitable pour ses adversaires autant que pour lui... tout en interdisant la publicité sur les supports d'information ! Des règles qui sont sacro-saintes en France. À mon avis, heureusement !

Revenons à nos sinistres jours : la plus importante puissance militaire de notre (unique) planète va élire son Chef Suprême. Sur un jugement démocratique basé principalement sur la foi de publicité télévisées. Ces dernières usant d'arguments destructeurs envers l'adversaire. Sans parler de l'abandon du vote papier pour un vote électronique douteux, faisant planer un soupçon de tricherie digne d'une république bananière. Comme si les problèmes de 2000 avaient été déjà oubliés... Quel sale arrière-goût de déjà-vu sordide !

Tout ça pour en arriver à ce dont je voulais causer : l'American Museum of the Moving Image (principalement consacré à la télévision) en profite pour ouvrir une exposition virtuelle spécialement consacrée aux publicités électorales. C'est classé par élections depuis 1952. Si encore ce n'étaient que de bêtes side-by-side... Dès le premier, on fait peur. F34R !

Car, au lieu de défendre son programme, cela fait belle lurette que les politiques ne font passer en moins de 30 secondes que des messages négatifs envers leurs adversaires. Vicissitude d'un bipartisme ? Manque de programme ? Bellicisme acharné ? ou ... limites du support ? Peut-être trop jouer sur les envies bassement raccoleuses du public. Quelle honte... On résume les discours pour la course à la législature suprême à de vulgaires slogans publicitaires. Qui peut encore arrêter les spin-doctors ?

Quitte à avoir peur, consultez le top 100 des livres les plus bannis des bibliothèques publiques... Vous avez dit "Démocratie ?". Oui c'en est une... à l'absurde. Et pour en rire : Louez-vous « Des hommes d'influences » (« Wag the dog », les deux versions expriment bien l'idée) et « Primary colors », sans compter la série « Spin City » ou le maire de New-York est un crétin complet sauvé par un Dir-Com sans scrupules. Pour ce qui me fait le plus peur et dont je n'ai pas parlé, Arte diffuse le glaçant « Docteur Folamour » dans son cycle USA.