Chroniqué dans le « Supplément week-end » du 30 octobre 2005.
Ce film est la suite du jeu vidéo « Final Fantasy VII » (Playstaion, 1997).
Pour les profanes, le jeu, ça raconte quoi ?
Dans un monde parallèle, l'énergie vitale de la planète est exploitée par les usines Shinra. Le joueur incarne plusieurs personnages d'un groupe de résistants visant à faire sauter les réacteurs de la Shinra pour sauvegarder le patrimoine de la Terre hérité des Anciens.
Au cours du jeu, Cloud, le héros principal, va devoir se mesurer à celui que considèrent des hordes de joueurs comme l'un des plus grands méchants de l'histoire des jeux vidéos, Sephiroth, un guerrier dont le destin directement relié au pouvoir immense des Anciens fera dangereusement gonfler les chevilles.
La sortie de ce jeu constitua une date à plus d'un titre. Produit par Squaresoft, firme spécialisée dans les jeux d'aventure (« Secret fo Mana », « Mystic Quest »), ce jeu fut le premier de la série « Final Fantasy » à sortir en France, sur Playstation. Le scénario brillant fut une composante importante de son succès. Très complexe, n'hésitant pas à relancer l'intrigue en plein milieu de l'histoire par un procédé qui laisse encore pantois aujourd'hui les joueurs de l'époque. Le visuel, largement à la hauteur, mélangeait les codes de l'heroic fantasy (le bestiaire, les invocations, les potions) et un univers technologique peuplé d'ordinateurs, véhicules de tous bords, et décors high tech.
Squaresoft au cinéma (hum hum) :
La première incursion de la firme sur grand écran avait vraiment divisé : « Final fantasy : les créatures de l'esprit », fut vécu comme une trahison par les fans (scénario remanié par l'auteur d'« Appolo 13 », abandon des éléments de magie, personnages inconsistants et stéréotypés, ressaucées de « Aliens »...), tandis que les profanes tombaient en admiration devant l'hyper-réalisme du rendu 3D.
Une faute de goût heureusement corrigée pour ce deuxième tir. L'action se passe deux ans après celle du jeu. Après avoir vaincu Sephiroth et ses caprices destructeurs, Cloud s'occupe de gamins de la rue. Mais l'arrivée inopinée de trois étrangers habillés vachement cool (aaah, ces costumes en cuir...) va changer la donne, car ils veulent entrer en possession de ce qu'il reste de leur mère Jenova.
Cette fois, le fan de la première heure n'est pas oublié. Les nombreuses références au jeu ( la musique retentissant après chaque combat victorieux dans le jeu, devenue dans le film... la sonnerie de portable du méchant), les personnages relookés et habillés en grande partie avec du cuir (leur look androgyne à la « King of Fighters » fait qu'on pourrait très bien les croiser dans la faune tokyoïte), mais surtout des combats dantesques rameutent le public.
Concernant la baston, on n'avait jamais vu ça. Le film enterre « Matrix ». Le niveau de mobilité de la caméra filmant une bonne partie des combats en plan-séquences est impressionnant. La mise en scène, ample, jamais hachée, ré-utilise celles des combats d'arts martiaux Hong-Kongais (dynamisme des coups portés, mobilité permanente des personnages, plans longs) et surtout celles des combats... de jeux-vidéo en 3D. En effet, le film parvient à rameuter les fans de jeux de baston, sevrés de cinématiques au ralenti, où les coups fatals sont décryptés sous tous les angles, le plus souvent paramètrés par le joueur lui-même.
Et les profanes dans tout ça ?
Largués.
Ben, ils seront, au mieux, époustouflés par l'ivresse des combats (une grande partie du film), mais complètement extérieurs à l'intrigue, dont les personnages secondaires ne sont quasiment pas présentés. Une oeuvre, donc, à recommander aux connaisseurs du jeu, aux fans de combats dantesques, aux amateurs de tueries japonaises, et aux inconditionnels de défilés de mode.