Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-end » du Samedi 25 février 2006.

Un film de Prachya Pinkaew, avec Tony Jaa, Petchtai Wongkamlao, Bongkuch Kongmalai.

Kham a grandi avec son père, et 2 éléphants. Un jour, des chasseurs cupides capturent les 2 éléphants, et s'enfuient à Sydney. Kham n'est pas content, et il va leur péter la gueule.

Voilà, assez perdu de temps avec le scénario, ce n'est pas l'atout principal du film, loin de là. Ce n'est d'ailleurs pas pour cela qu'on se déplace pour ce genre de métrage. Les 6 €, ils sont plutôt dans les personnages.

Euh... non plus.

Bon. Il y a de la romance, généralement un quotat féminin, qui laisse la place à ce qui fait avancer l'homme, l'empêchant de se transformer en bête, qui lui interdirait d'entrer dans un établissement et s'exclamer : "Bwoooooaaaah, j'veux mes éléphaaaaaants, bande d'enfoirééééés !!"

...Non plus, justement. Ici, la femme, ben, c'est juste une femme, comme ça, qui passe dans le champs, pour laisser le temps aux spectateurs de comprendre : "ah ouais, c'est vrai qu'il ne peut y avoir 1h30 de baston". Ouf, il n'y en aura que 45 minutes...

Eeeh oui, le Genre, c'est le film d'arts martiaux. Le monde des méchants patibulaires sans foi ni loi.

Qui bafouent tous les codes d'honneur possibles et imaginables. Qui, selon le ton des films, violent la petite amie du héros, paralysent un membre de sa famille à coups de genoux sur la colonne vertébrale, ou bousillent la maison du jeune homme, aidés par leurs hommes munis de fusils à pompe (à noter que lorsque le héros se décide à se venger, ces voyous l'affrontent tous à main nue !!).

Ce Genre, c'est l'amitié virile, la relation maître-apprenti, les rivalités entre écoles d'arts martiaux, les comptes à régler qui s'énoncent la mâchoire vers le bas, les yeux levés, et la poigne ferme.

C'est la fille-boulet-cruche extérieure aux traditions ancestrales, mais qui aura son heure de gloire sur la fin en se bastonnant avec l'élément féminin de l'autre camps.

C'est le meilleur ami du héros-gars comique-vétéran du Viêt-Nam, qui après avoir été torturé, règlera son compte à l'affreux bras droit via un tesson de bouteille.

Ce sont les gants plongés dans le verre pilé, les palmiers brisés au tibia, les géants affreux empalés.

Ici, ...comment dire, il n'est pas question de tout ça. C'est juste un Thaïlandais qui veut récupérer ses éléphants.

Point.

Pour cela, tous les moyens sont bons. Fracasser des portes closes en y balançant des affreux, démolir tout ce que les décors comportent de fenêtres, balcons, barreaux à coups de genoux dans les pifs...

Pour ceux qui ont vu « Ong Bak », quoi de neuf ? Le premier film résultait d'une démarche visant à montrer la boxe thaï sous un jour nouveau (autrement que par les méchants hollywoodiens), montrer des coups comme on ne les avait jamais vus au cinéma. Ca, c'est fait. On peut désormais passer à la prochaine étape, mettre en valeur cet art martial en soignant la mise en scène. Exit l'aspect foutraque d'« Ong Bak », place aux images filtrées (pas toujours du meilleur goût, d'ailleurs) et aux scènes qui s'éternisent. A ce titre, le magistral plan-séquence de 4 minutes dans le restaurant s'impose d'ores et déjà comme un des grands moments du cinéma de combat de la décennie.

LE VERDICT ? Tout simplement le franchissement d'un nouveau palier dans la mise en scène de la baston. Le trio Pinkaew-Jaa-Rithikrai se pose désormais comme une équipe sur laquelle il faudra compter. Il ne leur manque plus qu'un scénario digne de ce nom et un fil conducteur moins attendu.