Film d'animation en noir et blanc, de Christian Volckman.
Dans un Paris futuriste, Karas, flic spécialisé dans les kidnappings, est chargé de retrouver Ilona Tatsuiev, brillante scientifique disparue. Celle-ci travaillait sur un projet top secret au sein d'« Avalon », grosse entreprise fabricant des produits de beauté miracles. Attiré physiquement par Bislane, la soeur de la disparue, Karas va également découvrir les motivations des ravisseurs et sera confronté à un choix crucial. (Gare au spoiler, je m'arrête !)
Voici une brillante tentative, réussissant à conjuguer démonstration technologique et oeuvre de SF. En effet, on peut raisonnablement se laisser happer uniquement par cette histoire, car le film aurait été, de toute façon, intéressant avec un visuel classique. Pourquoi ? Parce que les personnages ont été soignés. Si les scénaristes n'apportent rien de nouveau, ils ont le mérite d'accrocher les spectateurs par des protagonistes naviguant aux frontières du bien et du mal, chacun ayant sa part d'ombre, chacun faisant des choix contestables d'un point de vue moral ou éthique.
De plus, les personnages en 3D, dont les regards sont d'habitude si vides, ont cette fois bénéficié au mieux du jeu des comédiens qui se sont prêtés à la « Motion capture ». En effet, les paupières bardées de capteurs, ils ont offert aux avatars 3D toute une palette de jeu de regards qui rend plus humaines leurs réactions, et intensifient l'identification des spectateurs.
Sur le plan graphique, rien à redire. Ces noirs et ces blancs purs impriment une identité très forte et maîtrisée (à la « Sin City », dirais-je), et l'amateur se plaira à admirer le travail sur les lumières, les masses très claires se faisant presque plus oppressantes que les zones d'ombre. Pour les autres, ceux qui aiment les belles nuances de dégradés, ils ressentiront au pire une certaine lassitude au fil du métrage, mais reconnaîtront l'extrême pertinence de la mise en scène graphique, allant jusqu'à intégrer ce fort contraste sombre/clair dans la narration.
Cependant, si le film est loin de supporter les tares des précédentes tentatives dans le genre (« Final fantasy, les créatures de l'esprit », « Immortel »), il n'en est pas moins exempt de défauts. Handicapé par des images d'Epinal (le mec qui va être papa... ben, c'est celui qui à qui il va arriver une couille) à la limite du ridicule, « Renaissance » souffre aussi d'une réalisation d'ensemble assez molle. Nous sommes en effet dans un « thriller », et qui dit « thriller » dit « poursuites », « scènes d'action » et « montées d'adrénaline ». Mais au lieu de profiter de ces moments pour clouer le spectateur sur son siège, Volckman les conclut alors qu'ils étaient juste sur le point de démarrer. La séquence de poursuite en voiture n'est pas mauvaise en elle-même, mais au vu de ce qu'ont fait, par exemple, les Wachovsky sur « Matrix reloaded », c'est mou du genou.
Au final, une oeuvre tout de même convaincante qui laisse augurer d'un avenir radieux pour les oeuvres de SF en 3D. Il ne leur manque plus qu'un propos aussi révolutionnaire que leur contenu graphique (la patte de Mamoru Oshii depuis une décennie), et les oeuvres cultes déferleront.