Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 1er Avril 2006.
Un comics où un nounours en peluche qui se transforme en un ours polaire super-héros... ça vous fait peut être penser à « Calvin & Hobbes », pourtant cela n'a rien à voir. Mike Kunkel est au contraire plus proche de la bd Franco-Belge plutôt que du strip de quotidien. Un album, ça donne le temps de poser les personnages, de transporter des émotions en longueur, de réellement amener une narration. Et dans ce cas, c'est l'histoire de Tyler qu'il prend le temps d'installer. Un gamin de 10 ans fier, rêveur... et qui vient d'avoir une grande peine : Son grand-père vient de mourir. Première intense émotion lors de son enterrement. L'aïeul tant regretté lui laisse en héritage une montre à gousset cassée et un ours en peluche. Charmante attention, mais pas vraiment de son âge.
Avec sa famille, il déménage dans l'espèce de manoir où habitait son grand-père. Ce qui veut dire, nouveaux voisins, nouvelle école, nouveaux camarades. Il arrivera à se mettre à dos la mauvaise graine de la classe, et à paraître totalement ridicule devant la fille qui lui fait tourner la tête. La vie normale d'un gamin en primaire, quoi. Si pour le tourmenter son infernale petite sœur ne lui avait pas amené la peluche de son grand-père. Dommage.
Pourtant, cette peluche a une secret : c'est un super-héros qui sommeille en lui, et qui ne demande qu'à aider le petit Tyler pour en faire un justicier. Là, on se dit, c'est encore du délire de gamin, comme pour le Hobbes en peluche que Calvin voyait comme un tigre mangeur d'homme... Ben non. Tyler a beau se pincer, c'est... vrai. Drôle d'héritage, merci grand-père. On le voit de suite par le dessin tout en mouvement, le look très particulier hérité de ses précédents employeurs, Mike Kunkel vient du monde de l'animation, et il en a parfaitement retenu les leçons. Quant à son histoire, elle veut faire replonger en enfance, rappeler aux adultes leurs rêves perdus, illuminer les yeux des enfants. Il y arrive incroyablement bien et cela lui a valu pour sa série deux Eisner Awards, en 2002 et en 2003. « Herobear and the kid » est une série riche et dense, qui mélange des genres trop cloisonnés, et le fait avec brio. Le livre à faire lire aux enfants.