Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-end » du 20 mai 2006.

Un film d'Andrzej Bartkowiak, avec Karl Urban, Rosamund Pike, et The Rock.

En DVD chez Universal. D'après la série de jeux vidéo.

Un commando surentraîné est envoyé sur une base scientifique Martienne, pour enrayer des mystérieux meurtres en série commis par ce qui ressemble fort à des chercheurs zombifiés. Sauf que dans l'équipe des philosophes, il y a ceux qui sont pour buter les humains en quarantaine (sans doute pour faire péter leur high score), et ceux qui sont contre, pensant avant tout à garder un semblant de cohérence dans ce film aux personnages encore moins fouillés que le filon des adaptations de jeux vidéo décérébrés pré-« Silent Hill ».

Disons-le clairement : quand, dans un film d'action fantastique, on n'a ni peur, ni un plaisir jubilatoire à apprécier du shootage rondement mené, il y a gros problème. Les acteurs ne sont pas spécialement mauvais, Urban fait ce qu'il peut pour apporter un semblant de psychologie et de profondeur à son personnage, et The Rock répond aux attentes des amateurs : grimacer dans le viseur, s'extasier devant un gros "fucking gun", et hurler comme une star de catch une fois qu'il a été mordu.

La première moitié du film est tout bonnement à jeter, une seule chtite séquence empêchant le dévédéphage d'appuyer sur le bouton rouge de la zappette : une scientifique mystérieusement à poil se faisant défourailler la gueule par des marines la langue pendante, après avoir préféré leur sucer le cou plutôt que leurs gros engins. Le reste de la partie "bla bla" du film montrant les membres du commando s'épuisant à poser et reposer la même question à la scientifique soeur jumelle de l'un d'entre eux (!!) : "Bordel, mais sur quoi portent vos putains de recherches ?!??!" Je vous le donne en mille, sur un mystérieux chromosome rendant des cobayes plus résistants, plus forts, et plus rapides (eeeeh oui, faut justifier les bastons avec les câbles).

Le film démarre véritablement à partir du moment où les blacks du commando se font trucider les premiers, où The Rock demande à s'assurer que les docteurs morts vont bien le rester, et que la blondasse répète pour la huitième fois que vraiment, elle ne comprend pas, les recherches dans ce centre ne sont qu'archéologiques. A partir de là, tout s'enchaîne. Des horribles monstres ressemblant autant à des ossements déterrés par des fouilles qu'il y a de cheveux sur le crâne en pleine réflexion existentielle de Vin Diesel (période « XXX »), font leur apparition dans la salle d'autopsie. The Rock, traîné hors champ par les pieds, demande au réalisateur à Bartkowiak : "J'suis pas sensé mourir !!" Croyez-le ou non, la prise a été gardée telle quelle.

Le comble de la supercherie est atteint quand le réal, après avoir joué quelques heures au jeu vidéo d'origine, décide d'inclure une séquence de « First Person Shooter » dans le film ; c'est à dire reprendre le cadrage des jeux « Doom », où le joueur contrôle un avatar en vue subjective, l'arme choisie étant visible en bas de l'écran. Sauf qu'au lieu de restituer l'impression de danger permanent propre à la trilogie vidéoludique (les hordes de monstres surgis de derrière les murs, les boules de feu lancées de tous les côtés, les designs des créatures débarquées de l'enfer, les grands espaces bordés de pierres, ou les torrents de laves radio-actives), la séquence en question nous donne l'impression d'assister à une démo jouée par un programmeur du jeu, connaissant tous les recoins labyrinthiques. Un seul monstre présent à la fois, le recours au numérique désamorçant l'aspect horrifique des créatures, la caméra à l'épaule bougeant de façon trop propre, tout est raté.

Il ne suffit pas de réviser son James Cameron avant d'attaquer un tournage, Bartkowiak se serait épargné des références maladroites comme celle où un marine se mutile le bras au couteau (Michael Biehn dans « Abyss »), des éclairages bleus inapropriés lorgnant du côté de « Resident Evil » et du réal de « Terminator », ou ce plan gratuit dans lequel le commando soulève une plaque du plafond pour y chercher une menace (« Aliens »). Un film à oublier, même pas jouissif. De toute façon quand vous demandez à votre chérie :

_ "Tu veux regarder « Doom » ce soir ?

_ Bof. C'est bien ?

_ D'après les échos, non.

_ Ah..."

Et qu'ensuite, elle se barre à la moitié du film en disant "C'est pas passionnant", et que vous-même, vous vous demandez pourquoi vous restez, en général, l'affaire est mal barrée.