Allez la France ! Merci Gotlib ! Merci Zizou !

J'en ai marre. J'en ai marre d'être dans un pays dépressif, miné par le chômage, par ses lourdeurs, par ses grippages, par sa mixité mal assumée. J'en ai marre de ce pays où l'on aime pas le succès, où l'on veut pas donner envie de vaincre les défis et de réussir sa vie. J'en ai marre de ce pays plombé par les profiteurs du système qui préfèrent couler le pays plutôt que remettre en cause leurs privilèges. J'en ai marre de cette ambiance de fin de règne, où les prétendants au trône ont des dents longues et des idées dangereuses, où l'opposition ne sait que promettre des délires irréalisables, et où les politiques préfèrent céder à des entreprises pseudo-culturelles tuant nos libertés. Mais pire que tout, j'en ai marre de ce pays où le simple fait d'en revendiquer la couleur vous fait passer pour un disciple de la Bête.

La Bête est moche, elle est laide de corps et d'esprit. Quand elle parle, elle a une haleine qui pue autant que ses idées. Elle a un humour qui ne fait rire que ses monstres et heureusement pas les tribunaux. Car si la Justice est aveugle, la Haine est borgne : elle a un œil qui dit merde à l'autre, une fortune que certains soupçonnent douteuse et veut ré-éditer les heures noires de l'Histoire. Son parti a confisqué le nom de ceux qui ont défendu ce qu'elle combat. Elle dresse ses disciples à bafouer les valeurs de notre pays et de son régime démocratique. Mais pire que tout, la Bête nous confisque notre bonheur, notre honneur et notre fierté d'être Français.

Qui d'autre qu'Elle qui nous a privé de SuperDupont, s'y croyant reconnue dedans, une perspective qui fit tellement mal à Marcel Gotlib qu'il préférait saborder son personnage plutôt que laisser une telle abomination la confisquer ?

SuperDupont est notre sauveur, mais il faut bien que onze jeunes hommes se démènent pour l'aider dans sa tâche. Car l'Antifrance, oui, elle existe, mais elle n'est pas là où certains croient. Elle existe dans des publications haineuses, qui détruisent l'esprit même de notre Nation : sa République et son Histoire. Oui, je vous le dit, citoyens du Monde et (peut-être) de la France, le cœur de l'Antifrance bat autant à Saint-Clou que dans certaines caves de barres HLM.

Être Français, c'est être fier et bagarreur comme Astérix, mais en même temps ouvert sur le monde, ne pas avoir peur d'aller à la rencontre des autres peuples pour en partager leur culture et leur sagesse. Car si on a soupçonné un moment Uderzo de connivences avec la droite, c'est bien son personnage qui a spontanément foutu un coup de pied magistral dans la marmite “Maréchal nous voilà”.

Eh oui, il existe une BD patriotique, cocardière, franco-corico mais qui en même temps rejette le nationalisme puant des années Le Téméraire. Oui, nous devons l'exprimer haut et fort en France et à l'Étranger que nous sommes envers et contre tout heureux de vivre dans notre pays. Et pourvu que ça se lise dans les bulles !

C'est toujours mieux mieux que Footix, même récupéré par Scotch Arleston et Serge Carrère pour un Léo Loden opportuniste mais quand même honnête, ce coq de pacotille et de mousse a pris l'eau. Mais la victoire du pays hôte lors de cette même compétition nous a fait découvrir les possibilités politiques bénéfiques du football commercial.

Pourquoi les Marocains, les États-Uniens, les Chinois, les Espagnols, les Anglais, les Allemands, les Russes, les Canadiens, les Norvégiens, les Italiens, les Suisses, les Portugais sont-ils si fiers de leur pays qu'ils en affichent les couleurs spontanément chez eux alors que chez nous, pour nous, le faire est vu comme étant la Marque de la Bête ?

Quand l'équipe de France de football a gagné en 1998, on a récupéré notre droit et notre honneur à parader avec nos couleurs nationales, sans craindre de passer pour un fasciste. Et pour cause : L'équipe qui nous a donné cette fierté était tout sauf uniformément blonde aux yeux bleus, d'une race trop pure pour ne pas être tarée. La richesse de la France, c'était cette équipe black-blanc-beur...

Je n'aime pas le foot, je déteste le fanatisme et la violence déchaînée par certains de ses supporters et le lavage de cerveau imposée par un système financier, dont le montant record des salaires et des contrats qui s'y négocient est totalement indécent. Mais j'ai aimé quand la France a gagné en 1998. Quel symbole ! Gagner la Coupe du Monde organisée dans son propre pays à deux jours de la Fête Nationale. Avoir redonner une fierté à ceux qui se sentent en marge de ce pays, exclus et relégués dans des banlieues de deuxième division, qui d'un coup ont été fier d'être sur Ce sol Là, sur leur pays, sur notre pays, et laisser tomber les préjugés pour faire éclater sa joie. Celle d'être citoyen de la République Française. Celle de célébrer collectivement un esprit de Liberté d'opinion, d'Égalité des citoyens et de Fraternité collective.

Je suis désolé pour les Italiens, mais je serais très heureux de boire leur chianti de la victoire s'ils gagnent. Après tout, la France n'a jamais été fichu de gagner une guerre en Allemagne, ou alors pas toute seule. Mais au cas où...

c'est pour ça que Dimanche soir, je serais à la Médiathèque Associative, pour suivre mes amis de Sportaz en direct et en public. Pour le prendre avec dérision. Et pour parader dans la rue si on gagne. Pour avoir le droit d'afficher les couleurs de mon pays, sans amalgame avec Le Pen et son “Front National”.

Allez la France !