Ecouter aussi l'émission « Supplément Week-end » du samedi 25 novembre 2006.

Un film de Dario Argento, avec Steven Weber, Carrie Flemming.

Durant son service, Franck, policier, surprend un déséquilibré tentant de décapiter une superbe femme. Avant de mourir, l'homme mystérieux a juste le temps de prononcer le prénom « Jenifer ». Fasciné par cette femme, Franck va l'accueillir chez lui, au grand désespoir de sa femme.

Parmi les quatre moyens métrages « Masters of horror » que j'ai vus, ce segment de Dario Argento est, avec celui de Carpenter, le plus réussi. Le réalisateur Italien trouve dans le personnage de Jenifer l'essence même de son cinéma : la dimension sexuelle de tout Giallo qui se respecte, ainsi que la monstruosité typique des tueurs fous ayant peuplé sa filmographie. Eros et Thanatos se bousculant chez Jenifer, c'est une fille au corps de rêve, fantasme ultime pour un héros n'ayant pas fait l'amour avec sa femme depuis des mois, mais aussi représentante d'un vampirisme réactualisé faisant d'elle la cousine ricaine du personnage de Béatrice Dalle dans « Trouble every day » de Claire Denis.

Argento joue aussi, à l'occasion d'une scène réjouissante, avec les codes du film de teenagers US. Parfois les décors sont tout droit échappés de films comme « Suspiria » (la forêt nocturne), mais cette fois-ci, pas d'héroïne innocente. Les hommes qui en veulent à la vie de Jenifer sont les gentils, le mal a changé de camp. Mais même si les scènes de violence sont savoureuses (Jenifer a un gros appétit), ce sont les séquences à teneur érotique qui constituent l'attrait du segment : comme dans un film de Cronenberg, la jeune femme sert de prétexte à radiographier le couple de Franck, épris très consciemment d'un monstre (une des meilleures séquences voit toute la famille de Franck découvrir Jenifer (en chemisier) au petit matin, chacun ayant une réaction différente).

Au final, Dario Argento livre un moyen métrage réjouissant qui, à l'instar de « La fin absolue du monde » de John Carpenter, s'autoréférence dans la bonne humeur gore et sanguinolente.

(tous les articles ciné et dvd de Thomas Berthelon sont disponibles sur son site).