Avant de lire ce qui suit
J'ai commencé à rédiger ce billet ce matin. Entretemps, je suis retourné voir mes ex-collègues. Un équipe dynamique, jeune, compétente... mais démotivée. Certains le disent même ouvertement, chose culturellement inimaginable pour eux il y a encore peu. J'ai mal au cœur pour eux. C'est fou comme on ne se souvient que des bons moments.
Ce que je vais raconter n'était pas spécialement un souvenir agréable, mais l'humour faisait passer la pilule. Je suis désolé de ce que j'ai pu leur faire subir.

Le service NET SEND, aka Windows™ Messenger est un particularisme de Microsoft Windows en réseau. À ne pas conforme avec MSN Live Messenger, Windows Messenger se contente de faire apparaître un popup en plein milieu de l'écran avec le texte de son choix, un bouton ok et puis point barre. Comme ceci :

Lorsque un fenêtre de ce service surgit sur un poste utilisateur, toute activité clavier/souris est bloqué jusqu'à ce que la souris clique “ok”. Extrêmement désagréable quand 4 NET SEND sont balancés d'un coup.

C'est l'exemple typique de service qui démontre que Microsoft Windows n'est absolument pas un environnement de travail.

En général dans le cadre d'une entreprise, NET SEND sert à informer les utilisateurs du domaine Windows d'information de toute première nécessité comme « Attention, coupure des services d'intégrations web jusqu'à 18h », « Exercice d'alerte incendie. Veuillez vous rendre immédiatement sur le point de rendez-vous d'évacuation » ou encore « Votre CE vous propose de forfaits remonte-pente sur les pistes de ski du domaine d'Aix-La-Chapelle à des tarifs préférentiels » (non, là, j'exagère).
Ceux qui connaissaient les arcanes s'en servaient à des fins plus personnelles :
net send michel "café?"
en général suivi d'un
net send service-graphistes "vous avez du sucre ?"

Il fut une époque où je commençais à avoir du mal à obtenir le paiement dans les temps (c'est à dire moins d'un mois) de mon chèque de droits, qui représentait une part non-négligeable de mon salaire. Comme mes mails partaient automatiquement dans la bannette virtuelle “peut patienter” et que les coups de fils, c'est sympa, mais ça prend autant de temps qu'y aller soit-même, j'avais concocté l'arme de rétorsion ultime.

À ce moment-là, je préparais un service d'alerte SMS+ qui finalement n'a pas vu le jour, rejeté par ma direction : le résumé d'épisode de séries tv qui va être ou a été diffusé. Comme je préparais bien mon travail, j'avais écrit traduit adapté les textes pour les saisons non encore diffusées en France de 24, Desesperate Housewives, Lost, Nip Tuck et Plus Belle la Vie. Spoilers inclus.

J'avais prévenu : « Soit vous débloquez enfin ce qui m'est dû, soit c'est la révolte dans ton service. ». Un petit script amusant me permettant de bombarder un service spécifique (genre service-compta) par exemple toutes les demi-heures. Oui, ils ont été assez naïfs pour croire qu'un service purement Microsoft même parfaitement inutile ne serait jamais émulé par Linux. Parfait exemple de terrorisme social appliqué aux incohérences de Microsoft dans un environnement professionnel et à la popularité des fictions télévisuelles. Imaginez la horde de fans hurlant sur leur directeur pour qu'il signe enfin un misérable papier.

Alors bien évidemment, ce dernier demande la suppression de ce système, ce à quoi le service helpdesk lui répondit : « Pas possible, c'est utile. Et puis sinon, comment ferait le CE pour vous informer qu'ils ont des forfaits de remontées meca...
- Mais il y a le mail pour ça
- Oui, mais vous les lisez pas.
 »

Quelques mois plus tard, Microsoft a fini par expliquer comment supprimer ce service quand les spammeurs l'ont trouvé super pratique pour vendre du viagra, proposer 10 000 000 $ (TEN MILLIONS AMERICAN DOLLARS) ou des séjours ski dans les Pyrénées.

C'est aussi à ce moment-là que dans notre entreprise, la création de règle de mail concernant les informations du CE est devenu impossible.