Un peu après 11 heures, hier, une grêle de graviers plu contre ma vitre. Comme le chantier en face à l'habitude de laisser tomber des caillasses quand ils déchargent, je me suis dit que c'était le bus en passant qui a dû le faire voler. Les ouvriers faisaient une drôle de tête en traversant vers ma fenêtre, mais comme j'étais au téléphone, j'ai pas insisté.

Trois quart d'heures après, je m'entretenais avec un graphiste quand ça tambourinait sans ménagement sur la porte. Enflammée m'hurle « Il se passe quelle chose ! » et Poussière se fait courte sur pattes pour se réfugier vers mon bureau.

Je tourne la tête vers mon écran en coupant la communication, quand d'une main virile, un pompier me tire par le col en hurlant : « Fuite de gaz ! Sortez immédiatement ! »

Chantal s'est retrouvée dans la rue dans son peignoir (mais habillée), et moi, j'ai eu le réflexe de prendre mobile, portefeuille, chaussures et manteau. Tandis que d'autres pompiers tambourinaient aux portes des autres paliers, celui qui m'avait sorti de mon monde clos y tagguait « VU PS » à la craie.

En sortant, l'impressionnant bruit de la pression qui s'échappe du tube éventré est plus spectaculaire, plus que le déploiement de policiers et de pompiers. Mais au niveau du sol, pas d'odeur caractéristique [NB].

Ce qui s'est passé, la locale le raconte mieux qu'un bloggueur : un ouvrier était passé devant le chantier de rénovation et a ouvert la chaussée au bobcat, quand il a accroché la conduite de gaz du quartier. Un tube d'au moins 50 centimètres de section qui débite ses décalitres de gaz à la seconde sous pression.

À la moindre étincelle, j'avais une vue imprenable sur une superbe boule de feu.

En y songeant à froid, je me souviens encore de ces images impressionnantes en Décembre dernier de torchère meurtrière, en Région Parisienne.
Ce qui m'étonne, c'est comment cet ouvrier a pu creuser la route sans être au courant des canalisations, donc sans avoir de plan, et sans remarquer le filet jaune qui est censé couvrir les conduites de gaz... “Censé”...

Moralité :
Que prendriez-vous quand vous avez moins de 15 secondes pour évacuer ?

Et sans réfléchir ?


[NB] : oui, je sais, le gaz de ville, tout comme le butane est inodore. C'est un agent odorant (l'éthanetiol, matricule C2H5SH ou le tétrahydrothiophène matricule (CH2)5S dit “THT le Puant” dans le Milieu) qui « sent le gaz », justement pour signaler le danger de manière reconnaissable.