Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 8 Novembre 2008.
Rendez-vous dans quarante ans. Quand la crise et le chômage auront disparu, que les misères des banlieues seront gommées et que les énergies renouvelables nous permettrons de continuer à vivre l'insouciance du pétrole pas cher.
La France, douce France n'est plus une démocratie, mais une république qui vire vers une dictature raciale. Le parti Fasciste détient déjà quelques postes clés du pouvoir, la milice a déjà presque autant de pouvoirs que la police. Il ne manque plus qu'à manipuler un illuminé pour faire cramer l'Assemblée Nationale.
Mais ils se serait bien passés d'avoir le fils gâté pourri d'un de leur principaux bailleurs de fonds qui décide de devenir tueur en série, et d'assassiner les barons de l'industrie.
Pendant ce temps, le pétrole n'est qu'un lointain souvenir, la guerre gronde dans les pays qui ont encore des ressources et on sent aux frontières la pression des réfugiés de cent pays, de milles guerres, d'un milliard de misères.
Théo d'Argentier, héritier de la célèbre famille qui possède le conglomérat Europetroleum, a décidé de faire le ménage parmi ces pourris à la cuillère d'argent.
Or le personnage de cette histoire va croiser deux vies. Une superbe musicienne black Réunionnaise, Rose et un journaliste d'investigation spécialisé dans la politique, Simon. Deux individus qui ont tout ce qu'il faut pour s'attirer la violence politique de ces temps troubles.
Ajoutez que Rose par sa couleur se fait de plus en plus souvent menacer par la Milice et que Simon se sait malade, très malade… Théo va se lier d'une étrange amitié avec eux, qui le mènera à un pacte concernant deux vies.
Le trait pastel texturé est inattendu, vu le propos, vu l'époque.
Le problème, c'est cette ambiance très claire.
Du coup, l'histoire désespérée présente comme un voile, un voile de nostalgie et de douceur.
Malheureusement, cela désamorce complètement la crainte que devrait suggérer les fasci. Béhé et Toff avait parfaitement rendu cette impression dans « Péché mortel ». « Deux vies » est plus dans une sorte de romantisme, de tueur idéaliste. Une histoire belle et tragique, mais finalement un peu déconnectée de son propre univers.
Graphiquement c'est très très beau, l'histoire est prenante et l'union des deux surprend.
Mais on ne peut que féliciter le nouvel éditeur Daniel Maghen, galeriste spécialisé BD du même nom, qui propose à un prix raisonnable ce superbe ouvrage. La reproduction est propre, le papier généreux et l'on apprécie d'autant mieux les illustrations dans la dernière partie du livre mettant en valeur le dessin d'Eberoni.
À croire que cet album est un catalogue de planche originales, et que le luxe est d'en raconter une belle histoire.