Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 6 Décembre 2008.

Je suis fan de la première heure de « Détective Conan ». Une série qui reprend la recette du whodunit (“qui a fait le coup”) popularisée par Agatha Christie. Un mort, des suspects, et un lecteur qui a tous les éléments visibles comme un nez au milieu de la figure, à lui de découvrir le coupable avant que le détective ne s'exclame en se frappant le front « Bon sang ! Mais c'est bien sûr ! ». Ajoutez l'humour de la situation, où un lycéen se retrouve dans le corps d'un enfant de 6 ans, et c'était partie pour être la série la plus populaire au Japon.

Oui, mais dix ans se sont passés, et la série s'est un peu essoufflée.
Dans ce tome, toujours à courir après Gin et Vodka de l'organisation des Hommes en Noir, ceux qui avaient empoisonnés Conan, ils ont réussi à capturer une des sbires, en la personne de Rena. Celle-ci est hospitalisée, dans un coma simulé, et va sûrement être évadée par l'organisation. Une organisation tellement criminelle que le FBI est là pour la surveiller, et que la CIA EH OH STOP !

C'est trop.
C'est tout simplement trop.
Cet intermède d'espionnage est capilotracté. Cela ne donne aucune cohérence de la série, même si des personnages qui sont présent depuis les tous-débuts, et d'autre qui sont savamment entre-aperçus depuis une dizaine de tomes. On sent bien que l'auteur, Gosho Aoyama, veut encore faire continuer le succès, et qu'il a dévoilé sa carte maîtresse en s'axant sur l'intrigue principale. Mais cela en fait vraiment trop.

Où sont passés l'inspecteur Mouri l'Endormi, le commissaire Maigret ? Où est passé l'esprit de l'enquête à résoudre ? Où est même l'humour qui parsème de clin d'œils et de jeux de mots audacieusement traduits ? Quant à la débauche de moyens de l'Organisation des Hommes en Noir, elle n'est décidément plus du tout crédible car ils auraient pu très facilement retrouver Conan depuis les tous-débuts.

« Conan » est une série qui se meurt car elle ne sait pas s'arrêter après plusieurs milliers de pages publiées, une série animée (de plus de 12 saison), une dizaine de films, une dizaine de téléfilms. Même faire une pause pour mieux revenir (comme le fait par exemple Tsukasa Hojo en faisant vieillir son personnage culte de « City Hunter ») ne semble pas envisageable pour l'auteur. Et cette machinerie est devenue tellement grosse qu'en en a rendu grotesque la série. Triste.