Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 20 Mars 2010.
De la débâcle de l'Armée Napoléonienne dans sa campagne de Russie, on retient surtout le nom d'un fleuve : La Bérézina. On a du mal à s'imaginer comment l'armée la plus puissante et la plus moderne d'Europe a pu se faire autant laminer. Hitler subira la même “déconvenue” un siècle plus tard.
Mais le pire, ce n'est pas la défaite, c'est la fuite !
En racontant le destin de Jean-Baptiste Grassien et de ses 9 compagnons d'infortune, Éric Stalner nous en donne une petite idée. Éloignés de l'Armée Française, c'est seuls qu'ils essaient de rattraper des lignes plus amicales.
Oubliez les conventions de Genève, les Cosaques vous promettaient les pires douleurs avant de vous tuer. Oubliez les trop jeunes Droits de l'Homme : le servage, c'était l'esclavage des paysans et il était encore très vivace en Europe de l'Est, où l'on trouvait normal de vendre des prisonniers.
Après le premier tome, ils ne sont plus que 6 : 3 soldats, un médecin, un infirmier et une comtesse Russe blessée aux yeux. On est en hiver, il fait froid, et les deux armées ont appliqué le principe de la terre brûlée. La petite équipe voyage vers l'Ouest avec un chariot et trois chevaux. La moindre rencontre avec un village pourrait leur être fatale.
Éric Stalner adore rendre des paysages naturels. On l'avait déjà vu avec son adaptation de « Loup », le roman de Nicolas Vanier, et même s'il rend bien le Paris futuriste de « Voyageur », on ne peut qu'être soufflé par sa représentation de la forêt. Les grandes étendues sous la neige sont sublimes, et rendent les horreurs de la guerre encore plus choquantes.
Habitué des grandes sagas, Éric Stalner nous propose une BD techniquement excellente, et à l'histoire passionnante. « Ils étaient dix ». Le titre exprime bien la série : violent, brutal, ça retourne les tripes et c'est une sacrée leçon d'histoire humaine.