Supplément Week-End, le magazine des cultures geeks Notes de direct pour l'émission « Supplément Week-End » du Samedi 22 Mai 2010.

Tout comme Nicolas Sarkozy, croqué déjà deux fois dans quasiment le même format chez Vent d'Ouest, le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad a connu une ascension très rapide à la tête de son pays, motivé par une soif de pouvoir assez flagrante. Mais à la différence de Nicolas Sarkozy, les fuites internes sont... nettement plus... rares.

Faut dire que le président Iranien tient d'une main de fer son pays. Il est de la branche ultra-dure des religieux conservateurs. C'est même un « Fou de Dieu » revendiqué, persuadé qu'il est al-Mahdî, le 12ème Imam Chiite descendant de Mahomet qui convertira l'ensemble de l'Humanité.
Ou plutôt ce qu'il en restera : il est particulièrement motivé par la construction de l'arme atomique et fait tuer ou torturer systématiquement tous ses adversaires politiques ou ceux qu'ils considère impurs (les sunnites, homosexuels, les femmes qui ne sont pas voilées, les artistes, ceux qui demandent plus de démocratie,....). Et il a autant de raison d'atomiser Israël que les royaumes Sunnites.

Le portrait est donc à charge, mais il serait objectivement très difficile de faire autrement.

Sifaoui et Bercovici comment leur histoire en 1956. Les errances du Shah d'Iran, qui a réussi à faire prospérer son pays grâce au pétrole, a européanisé la société civile, et modernisé la vie civile, est en butte contre le clergé chiite. Il lui manquait en plus un dauphin, ce qui l'a amené à divorcer plutôt que prendre une seconde épouse comme la tradition lui a permis. En fait de divorce, le Shah a répudié sa femme.

D'un autre côté, pressé par ses amis Américains, le Roi fini par accepter l'idée d'une police secrète, ce qui lui permettrait de mieux surveiller les opposants trop remuants. C'est dans ce contexte que deux destins vont émerger, celui de Ruhollah Khomeiny, qui va devenir Ayatollah un peu par hasard, et Mahmoud Sabourjian, qui changera son nom car il sonne trop juif pour son destin.

Ce qui va définitivement mettre le feu aux poudres, c'est la redistribution par le Shah des terres aux modestes paysans qui appartenait aux très gros propriétaires, dont le clergé chiite.

Pas mal d'éléments sont romancés. Par exemple, le père du président Ahmadinejad est imaginé comme un pleutre vantard et superstitieux.
D'autres sont totalement réels. Comme l'étrange marchandage proposé par l'État Français à propos de Kohmeiny (loin d'être un moment de gloire pour notre république), ou encore comment les Iranien ont motivés leurs soldats dans la sanglante guerre Iran-Irak, à savoir en faisant fabriquer par millions à Taïwan des clés censées ouvrir les portes du Paradis.

L'ascension politique d'Ahmadinejad est relativement tardive dans le bouquin : il est devenu maire de Téhéran en 2003 en bousculant un peu la démocratie Iranienne grâce à un coup de main des miliciens Bassidjis, et ravi la place de la Présidence face au rénovateur Rafsandjani en montrant sa foi au guide suprême Khamanei.
C'était archi-simple : rappeler une promesse faite sur le lit de mort de Khomeyni : donner à l'Iran l'arme nucléaire pour éclairer le monde des mécréants.

Pour nous qui sommes de décadents Occidentaux, ignorants de la politique intérieure Iranienne, ce livre est très intéressant car elle raconte justement pourquoi l'Iran, qui était une nation plutôt ouverte à la modernité dans les années 1960s est devenue aujourd'hui dans la ban-list officielle “ état terroriste ” du Facebook de la Maison Blanche. On découvre justement pourquoi la révolution intégriste a eu lieue, l'animosité forte du peuple Iranien contre les États-Unis. Et toute la difficulté qu'ont eu les multiples premiers ministres du Shah pour faire taire les opposants sans les transformer en martyrs...

En fait, le président Iranien Mahmoud Ahmadinejad, c'est un peu notre Frédéric Lefebvre national : il parle tout doucement, sort d'incroyables énormités, est suivi par des gens très puissants qui croient pouvoir le manipuler, et voit la lumière divine dans le moindre projecteur pointé sur lui.

C'est juste qu'il y en a un qui a vraiment mené une guerre. Et qui compte bien écraser toute volonté de changement de son peuple.